Une Bouteille À La Mer /Riren/ *terminée*

Chapitre 10 : Virée secrète

Il est 15h10. Eren n'est toujours pas arrivé. Et s'il ne venait pas ? Et s'il l'avait oublié ? A force de se poser mille fois toutes ces questions, la porte de la chambre s'ouvre enfin, soulagé de pouvoir poser ses yeux sur son visage d'ange.

- Prends une veste, on sort, dit Eren en souriant.
- Hein ?
- Je t'explique dans la voiture, viens.

Tout deux descendent par le biais de l'ascenseur. Livaï, curieux de savoir ce qu'il se trame, tente de chercher un indice dans le regard d'Eren, mais ce dernier reste totalement secret. Arrivés à l'accueil, le jeune médecin signe un registre de départ puis entraîne son patient dans une voiture de service située dans le parking souterrain.

- Tu m'explique ton manège? Demande Livaï tout en attachant sa ceinture.
- J'ai dit au personnel du service que je t'emmène visiter un centre de repos qui te proposerai une thérapie adaptée à ton syndrome. Mais je leur ai menti.
- Alors où va t-on ?
- Quelque part. Mais je te promets de ne jamais t'envoyer dans ce centre. Je veux te soigner moi-même.

Il démarre le véhicule, puis se met en route. Durant le court trajet, tout deux restent silencieux mais apprécient secrètement la compagnie de l'un et de l'autre. En réalité, ils n'ont pas besoin de se parler pour se sentir bien ensemble. Quelques minutes plus tard, ils arrivent à bon port.

- On est arrivés, dit-il en se garant.

Tout en observant le paysage de ses yeux devenus gros comme des billes, Livaï sort de la voiture. Les rayons du soleil se posent sur ses bras nus et son visage qui semblent avoir été privés de lumière depuis bien trop longtemps. Une petite brise fraîche et agréable fait danser ses cheveux ébène. Au loin, la mer verdâtre crée quelques brins d'écume qui se déposent sur le sable, formant des petits nuages de mousse qui disparaissent au rythme des vagues. Quelques rochers couverts d'algues commencent à être visibles grâce à la marée descendante. Le passionné de course à pied se retourne vers le psychiatre, les yeux brillants.

- Tu sais, je venais courir tous les jours ici... cette magnifique plage m'avait manqué.
- Oui, je le sais. C'est le seul endroit accessible à pieds, alors je n'ai pas eu de difficultés à trouver ton petit coin de paradis dont tu m'a tant parlé.
- On peut aller y marcher un instant ?
- Mieux que ça. Attends.

Eren ouvre le coffre de la voiture et tend une boîte en carton à son patient. Livaï l'ouvre et y découvre une paire de baskets neuves.
Il relève la tête pour le questionner du regard.

- Le vendeur m'a assuré que ce modèle est idéal pour courrir sur le sable. Elles te plaisent?
- Mais ? Comment tu as su que c'était la bonne pointure ?
- C'est tout ce qui t'intéresse ?
- Heu...Non... Enfin, c'est juste que je ne m'y attendais pas.
- Elles sont pour toi. Je te les offres. Comme ça tu peux rayer une ligne de ta liste que tu avais faite la dernière foi.

Comblé et baskets aux pieds, Livaï entame quelques petites foulées sur le sable mouillé. Enfin, il peut de nouveau courrir ! Il profite de remplir ses poumons d'un air pur et salin. Ses cuisses et ses mollets se chauffent instantanément au gré de sa course, créant un bien-être fou dans tout son corps. La chance lui sourit aujourd'hui, les côtes anglaises sont visibles, et le soleil reflète des nuances orangées sur les falaises de craie.
Après un rapide allez-retour sur le sable, il rejoint Eren qui patiente, assis sur un rocher. Le sportif reprend son souffle, tout en scrutant le paysage.

- Tu vois les quelques rochers là-bas ? C'est ici que j'ai trouvé ta bouteille.
- Je suis content que tu l'aies trouvée, le destin fait bien les choses. L'équipe m'attend pour une réunion dans 20 minutes. Nous devrions rentrer.
- Je peux te demander un service avant de partir ?
- Oui ?
- Ma maison est au bout du chemin, dit-il en pointant une maisonnette du bout du doigt. Est-ce-que je peux aller récupérer quelques affaires de rechange ? Je n'en ai plus beaucoup...
- Faisons vite alors, nous ne sommes pas en avance.