Chapitre 18 : Le fin limier

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- Alors Erwin, tu en penses quoi de ce médecin ? Questionne Erd en arpentant les couloirs du servive.
- Hum... Il était plutôt naturel dans ses réponses. Je n'ai perçu aucune micro-expression qui indiquerait un quelconque mensonge. Le détail qui me chagrine c'est sa présence auprès de mademoiselle Ral le soir de sa disparition.
- Tu sais bien que l'on ne peut pas se baser sur des faits du hasard.
- Je sais Erd. On va dire que son passage au fast food lui sauve la mise. A mon avis, en venant enquêter ici nous perdons notre temps. Nous devrions nous concentrer dans les allentours de son domicile et songer à organiser une battue en compagnie des chiens. Il est peut être déjà trop tard pour elle... Je vais rendre visite à un ami. Attends moi dans la voiture je ne serai pas long.

De son coté, Livaï serre la mâchoire. Dans le fond de son fauteuil, le paysage de la plage ne le calme guère. Son stress grandit en lui à une vitesse folle et il ne peut s'empêcher de penser à Eren. Malgré les quelques cachets que le Médecin lui a fourni pour soulager ses angoisses, Livaï a développé des troubles obsessionnels compulsifs depuis peu. Il ne peut s'empêcher de nettoyer la salle de bain de fond en comble. C'est devenu une véritable obsession. Les produits lui bouffent davantage sa pauvre peau qui craque méchamment entre les doigts. L'ancien caporal se fait tirer de ses pensées lorsque quelqu'un frappe à la porte.

- Oui ?
- Salut mon frère. Je peux entrer ?

Son petit sourire amical invite le blond à s'installer à ses côtés. Si Erwin n'avait pas été missionné pour enquêter sur la disparition de Petra, il aurait été véritablement heureux de le revoir. Les deux complices de toujours ne s'étaient pas revus depuis son réveil à l'hôpital, quelques jours après sa tentative de suicide.

- Je suis content de te voir Livaï.
- Moi aussi.
- Tu sembles fatigué.
- Je le suis.
- Tu vas mieux?
- Un peu.

Voyant son ami froid et peu réactif à sa présence, Erwin tente tout de même d'alimenter le dialogue.

- Tu n'es pas bavard... Tu es encore fâché parce que j'ai appelé les secours ?
- J'ai appris à vivre avec mes vieux démons. Mon psy m'aide à les dompter. Je dors bien, je ne veux plus mourir et j'ai envie de réaliser des projets pour une nouvelle vie. Le chemin à été long, je ne suis pas totalement guéri, mais je suis bien entouré.
- Je suis fière de toi. Hanji va être folle de joie ! Dit-il en lui offrant un sourire sincère.
- J'ai aussi appris à pardonner. Alors je te prie de bien vouloir m'excuser Erwin... je sais que je n'ai pas été tendre avec vous deux la dernière foi.

Le blondinet s'approche pour prendre la main de son ami, soulagé d'entendre des mots qui le soulagent.

- Tes mains son atrocement caleuses ! S'écrie t-il en les lui touchant.
- J'ai fait un peu de ménage. Dit-il en tentant de les dissimuler.
- Du ménage ? A l'hôpital ? Il n'y a pas du personnel missionné pour ce genre de choses normalement ?
- Ils font le ménage comme des trous du cul, alors je fais à mon idée.
- Toi et ton goût pour la propreté... ricane t-il. Et puis aère cette chambre, ça pue tellement l'eau de javel que ça en est écoeurant ! dit-il en se levant pour ouvrir la fenêtre.

En disant ces quelques mots, Erwin fronce les sourcils.

- C'est étrange que l'on laisse libre accès à de tels produits à un suicidaire ...

Le grand blond toise son ami du regard. Livaï semble nerveux, son front se perle de sueur, il ne parvient pas à se détendre. Cela n'échappe pas à l'oeil expert de l'inspecteur.

- Est-ce que tout va bien Livaï ?
- Je suis content que tu sois là.
- Tu as une focette qui se creuse sur le front lorsque tu ments.
- Je suis fatigué Erwin, ne mélange pas tout.
- 20 années à te côtoyer. Je te connais par coeur. Tu es visiblement nerveux.
- Tch ! Les cachets me mettent sur les nerfs. Comment veux-tu que je reste calme alors que je suis enfermé dans ce trou à rat !
- Pour quelle raison agit tu de la sorte ? Enchéri t-il de plus belle.

Pris de court, Livaï avale bruyamment sa salive. Erwin se lève tout en se baladant dans la chambre.

- On dirait que l'odeur est plus concentrée par ici. Il s'agit de la salle de bain ? demande t-il en pointant la porte du doigt.
- C'est ça, lui répond-il sèchement.
- Ça tombe bien, j'ai besoin d'utiliser les toilettes. Tu permets ?

Erwin ne laisse pas le temps à son ami de répondre et s'enferme dans la salle de bain. L'odeur d'eau de javel agresse des narines et se loge dans sa gorge. Cette sensation est écoeurante. La pièce est d'une propreté excessive et les joints des carrelages sont visiblement devenus poreux. En voulant se soulager dans la cuvette, Erwin arque un sourcil.

- Tu as recommencé à fumer Livaï ? Dit-il à travers la porte.
- Pas du tout. Tu sais très bien que je ne fume que le tabac que l'on avait à l'armée. D'ailleurs j'me taperai bien une petite roulée, le goût était sacrément bon.

Erwin passe le doigt sur la céramique immaculée du toilette, parsemée à quelques endroits cachés d'une fine poussière grise semblable à de la cendre de cigarette. Il écrase la matière entre ses doigts, et s'étonne que la cendre ne se dissous pas comme le ferait une cendre végétale. Les petits grins diformes de la substance roulent entre ses doigts sans jamais s'écraser. Ils paraissent durs et solides. En portant ses doigts à son nez, l'inspecteur trouve l'odeur de cette poussière très particulière. Il a déjà senti cette odeur quelque part, sans pour autant parvenir à se souvenir de sa provenance. Néanmoins, son instinct ne se trompe jamais. Une poussière aussi étrange au milieu de cette pièce exagérément propre, cela n'est pas normal. En sortant des toilettes, Erwin revient s’assoir aux côtés de Livaï.

- Tu te plaît ici ?
- Je veux rentrer chez moi. Mais je suis ici pour guérir. Je m'y habitue.
- Tu ne t'ennuies pas ?
- Si, beaucoup. Les autres patients sont tous tarés, alors j'ai de la discussion avec le personnel du service uniquement.
- Ton psy a l'air gentil et plutôt compétent. J'ai eu l'occasion de lui parler tout à l'heure.
- C'est le cas. Il m'aide beaucoup à remonter la pente.
- Ta focette sur le front a disparu. Je vois que l'on peut avoir une discussion sans que tu me mentes. Tu as quelque chose à me dire à ce propos ? Je m'inquiète pour toi.

L'infirmière Sasha entre dans la chambre.

- Pardonnez-moi monsieur l'inspecteur, les heures de visites arrivent à leur terme. Je vous invite à vous diriger vers la sortie.

Erwin se lève, fait volte face à son ex-frère d'arme et se dirige vers la sortie.

- Je repasserai te rendre visite très vite. Porte toi bien mon frère. J'étais content de te voir.

Il quitte la chambre en adressant un dernier sourire à son ami. Livaï baisse la tête, démuni par ce sentiment si pesant qui le ronge jusqu'à la moelle : la culpabilité. Il sent les larmes lui monter aux yeux et les joues lui piquer. Ces quelques minutes en compagnie de son meilleur ami lui ont parru être des heures. Pour lui, c'était un calvaire de devoir lui mentir. Il sait qu'Erwin se pose des questions quant à l'usage excessif d'eau de javel dans la salle de bain, mais semble finalement ne pas faire de liens avec l'enquête en cours. Une bonne chose pour le brun. Livaï songe sérieusement à calmer urgemment son obsession pour la propreté. Finalement, la salle de bain qu'il a mainte foi recurée ne doit plus contenir de traces qui pourraient l'accuser d'un drame irréparable. Il doit à tout prix se faire discret, son ami inspecteur est redoutable. 

Le grand blond presse le pas dans le long couloir du service afin de rattraper l'infirmière Sasha.

- Mademoiselle ! Excusez-moi ! J'ai quelques questions à vous poser.
- Encore ? Je vous écoute inspecteur, dit-elle en croquant discrètement un morceau de nougat.
- Auriez-vous observé une disparition suspecte d'eau de javel ces temps ci ?
- Oui monsieur. Plusieurs litres ont disparu en quelques jours sans que l'on sache qui les a pris.
- Les patients ont droit à l'usage de ces produits?
- Non en aucun cas ! Certains pourraient les utiliser pour tenter de mettre fin à leurs jours.
- Cela va de soit. Qui a accès à ces produits ?
- L'ensemble du personnel du service. Cela se trouve dans un petit local dans notre salle de pause.
- Est-ce verrouillé ?
- Tout à fait.
- Je vous remercie !

Il s'engouffre avec hâte dans l'ascenseur, le téléphone portable à l'oreille.

- Allô Hanji ? Je termine mon boulot à l'instant. Je suis passé rendre une petite visite à Livaï. Il va bien oui, enfin... il va mieux plutôt. Je peux passer chez toi ?

Une Bouteille À La Mer /Riren/ *terminée*Où les histoires vivent. Découvrez maintenant