Chapitre 20 (partie mise à jour)

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 Quand Rose ouvrit les yeux, elle s'aperçut que la flamme s'était éteinte, laissant une mèche fumante. Il lui fallut quelques secondes de réadaptation pour comprendre où elle était et réaliser l'inconscience de Rhydian. Elle bondit alors pour palper son pouls et souffla de soulagement ; il n'était qu'assommé. Rapidement, elle dessina une rune de guérison sur son front avant de s'excuser en posant un baiser sur son front et enfin, ouvrir les cercles et s'échapper en courant. Elle n'avait pas le temps de se préoccuper davantage de son état et elle se sentait minable pour ça.

Quand Rose franchit la porte du magasin, elle remarqua que la nuit était déjà en train de tomber. Une pluie fine tombait silencieusement et ne tarda pas à percer le sweat qu'elle avait emprunté à Rhydian la veille. Elle partit alors en courant, sachant éperdument que son instinct la guiderait. Lorsqu'elle était en plein doute, elle suivait le vent, persuadée qu'il la suivrait et la guiderait dans tous ses combats.

Rose courut vers le sud-ouest pendant près d'une heure sans ressentir le moindre signe de fatigue et avait fait disparaître derrière elle une vingtaine de kilomètre. Certes, elle avait connu un entrainement spécial pour devenir agent mais c'était différent, presque inhumain ; A'ris lui donnait des ailes. Chaque foulée était plus longue et plus légère, elle était rapide. Très rapide. Elle semblait davantage glisser sur l'asphalte que courir.

Quand elle arriva à l'orée d'un bois, la nuit était tombée. Ses cheveux et ses vêtements étaient collés contre son corps alors que celui-ci était transi par le froid. La forêt semblait interminable, vieille et profonde. Elle ne voyait pas au-delà de quelques mètres tant les arbres étaient touffus.

Avant d'y pénétrer, elle ferma les yeux et respira profondément. Elle savait que c'était un piège et qu'elle se jetait dans la gueule du loup mais son père ne connaissait pas ses compétences d'espionnage et de combat. Elle avait été formée pour survivre même lors des situations impossibles. Cependant, pour chacune de ses missions, elle avait étudié le terrain et l'ennemi. Ici, elle devait y aller à l'instinct, ce qui l'effrayait particulièrement.

Elle s'arrêta après de longues minutes de marche pensant être arrivée à destination. Elle ne savait pas pourquoi, après tout cet endroit n'était pas plus différent de ce qu'elle avait vu quelques mètres plus tôt ; un tapis de feuille, de jeunes pousses vertes et du terreau ainsi que des arbres, petits, moyens et immensément grands. Le noir de la nuit étaient encore obscurcit par ces centaines d'arbres qui l'entouraient et empêchaient aux rayons de la lune, à la pluie ainsi qu'au moindre souffle de vent de s'infiltrer. L'encre surnaturelle de la nuit qui l'enveloppait convainquit Rose d'être arrivée à bon port. La jeune femme avait rapidement remarqué l'absence d'A'ris. Pour la première fois, elle comprit qu'il avait toujours été auprès d'elle tant elle éprouvait une solitude et une faiblesse inhabituelle. Elle était seule pour la toute première fois de sa vie et ça la terrorisait.

Installée sur une vieille souche pourrissante, elle attendait que son rendez-vous daigne se montrer. Elle profita alors de ce moment de répit pour observer autour d'elle, d'analyser le terrain sur lequel elle se trouvait. Elle relevait chaque détail et apprenait par cœur son environnement afin qu'il devienne un allié dans son combat.

À force d'observer, elle finit par remarquer qu'elle connaissait déjà ces bois. Là, à sa droite, il y avait une branche brisée. Celle qui s'était cassée sous la chute d'un homme. Là, sur le tronc, l'écorce était devenue noire par le sang utilisé pour y grimer des runes. Au fur et à mesure que les souvenirs de son enquête lui revinrent en mémoire, le froid et l'horreur lui glaçait le sang. Elle sauta sur ses pieds afin de s'éloigner de la souche qui lui servait de siège. Les images lui revenaient en tête en même temps que la nausée. Le corps mutilé du chasseur avait été déposé dans un angle étrange exactement à cet endroit. Les images prenaient aujourd'hui sens ; cette racine avait été utilisée comme l'autel d'une cérémonie, les arbres qui n'avaient pas été coupés formait un cercle assez grand pour accueillirent un Covens de plus de vingt personnes. Son père n'était pas son adversaire, c'était un Covens entier. Un Covens sanguinaire, qui ne craignait pas les règles les plus simples de la Wicca.

Aeris - Dans le sens du Vent - tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant