Aeris - Dans le sens du Vent - tome 1

Chapitre 24

Ce fut dès le lendemain soir à Deadwood que tout se mit en place, au point de rassemblement fixé par Ava. Il semblait que leurs opposants avaient choisi un terrain qu'ils connaissaient, sans doute pour se parer à une attaque de qualité.

À la lisière du bois, tous les membres du Covens avaient pris place en suivant les instructions d'Earl et ce, dans le silence le plus complet. L'adrénaline les rendaient plus performants qu'à leur habitude ; leurs yeux semblaient plus perçants, leur respiration plus profonde, le cœur plus vigoureux, l'ouïe plus fine. Ils étaient prêts à toute éventualité. Les groupes se formèrent et progressèrent à rythme régulier dans les bois. Pour ne pas annoncer leur présence, ils mirent en place des sorts de silence et avancèrent dans le noir le plus complet, le ciel étant couvert.

Rose, par contre, semblait ailleurs. Plus distraite et moins performante qu'à son habitude. Tout le monde mit cela sur le compte de l'absence de Rhydian. Alors qu'elle était à la dernière page de son existence actuelle, elle se posait la question sur ce qu'elle deviendrait par la suite. Aucune réponse ne se présentait, le vide semblait inhérent.

Devant elle, A'ris l'observait. Il avait abandonné l'idée de la raisonner, ressentant lui aussi ses doutes et son désespoir. Il savait qu'elle avait besoin de prendre une décision par elle-même, n'ayant pas des centaines d'année d'expérience comme lui pour apprendre à connaître la race humaine. Elle était encore trop jeune pour comprendre les variables de la justice, de la vie et de la mort et il ne pouvait le lui expliquer. Ce genre de choses ne s'expliquait pas mais se comprenait par la maturité et l'expérience. Il se contentait alors simplement de la suivre et de lui prêter main forte, peu importe ce qu'elle déciderait. Ils étaient liés au-delà de la simple humanité de l'enfant qu'elle était à ses yeux.

Au centre du cercle humain, Rose ressentait les vagues de puissance émaner du mur invisible. Elle ressentait également différentes empruntes magiques qui semblaient plus électriques qu'au dernier cercle auquel elle avait participé. Elle prit une grande inspiration et regarda droit devant elle, comme si le noir complet lui apporterait une réponse à ses interrogations.

Earl, quant à lui, contemplait la jeune femme. Il comprenait qu'elle avançait sur une voie glissante, une voie qu'elle contrôlait très mal et dans lequel elle pensait vouloir ou devoir aller. Il ne connaissait pas tous ses secrets et, dans un certain sens, préférait ne pas les connaître pour ne pas interférer dans ceux-ci. La Déesse avait envoyé cette jeune femme dans son chemin, peut-être pour le tester ou peut-être parce que c'était sa place. Cela voulait dire, pour lui, qu'elle devait être nulle part d'autre qu'en cet endroit.

Il poussa un long soupire et progressa.

Le silence était lourd, le stress que ressentait chaque personne était communicatif et plombait l'air. Chaque son semblait être décuplé par le silence de mort qui les accompagnait et arrêtait comme un seul homme la troupe pour vérifier que rien ne les menaçait. Le dernier qu'ils entendirent leur fit retenir leur souffle. Ils scrutèrent le noir, à la recherche de la source du bruit, et quand celle-ci se manifesta, tous sursautèrent.

Le cœur de Rose manqua un battement et elle sentit quelques regards se poser sur elle. Rhydian franchit la barrière invisible et entra dans le cœur du cercle. Il déposa son regard sur Rose et, avec précaution, serra la jeune femme dans ses bras. Il n'était pas sûr qu'elle accepte cette étreinte mais il en avait besoin. Il avait besoin de cela pour s'excuser mais aussi pour qu'elle sache qu'il n'était toujours pas d'accord. Il n'était pas d'accord de risquer autant de vies pour une personne qui était prête à en prendre une autre, cependant, il n'était pas d'accord non plus pour laisser ses amis se faire tuer sans apporter son aide. Il n'était pas d'accord pour laisser Ellen, une nouvelle fois, faire face à ces personnes sans être à ses côtés. Il n'était pas d'accord de paraître lâche alors que tout ce qu'il voulait, c'était les protéger.