La mort règne. Elle est là, tapie dans l'ombre de nos sourires forcés. Elle est là, recroquevillée dans les coins de nos paupières à demi closes. Elle est là, dans nos discussions silencieuses. Elle est tout autour de nous, grappillant des mots par-ci, par-là dans chacune de nos conversations. Elle se nourrit de nos moments d'absence et de nos étreintes réconfortantes. Elle se glisse dans les rayons du soleil frappant un coin d'herbe fraîchement plantée. Quelques graminées pour cacher l'horreur d'un corps éteint face à nos âmes déchirées. Tortueux sentier avant la fin, et pourtant, nous y sommes. La route à travers bois s'étend face à nous.
Encore une fois, j'entends leurs paroles forcées. J'entends tout. Le doux sanglot des grillons, le bruissement des feuilles de châtaigniers, les graviers qui crissent sous les chaussures, les pleurs étouffés. Je ressens chaque caillou plus épais sous mon pied, chaque caresse du vent, chaque rayon un peu trop chaud sur ma peau qui frissonne.
J'entends tout malgré leurs efforts, et je devine e reste. J'entends encore, yeux fermés sur cette dernière pensées, leurs regrets jusqu'alors inavoués : "Elle me manque..."