Vous qui parlez bien

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Laissez-moi, vous qui parlez bien,qui écrivez bien, qui pensez bien. Vous qui à chaque phrase caser une figure de style ou une leçon de morale à deux balles. Vous qui même dans le noir semblez rayonner. Vous que les fantômes laissent en paix quand il s'agit de chercher quelqu'un à hanter.

Foutez-moi la paix, vous, les blafards, les pâlichons, les contre-façons. Vous à qui le monde àsi peu donné et qui lui en voulez. Vous qui vous plaignez, geignez,criez, pleurez et mordez. Vous que je hais tant, non pas pour votre manque de qualités, mais pour votre acharnement à ne pas les remarquer.

Allez-vous en, détraqueurs de bonheur, basiliques enflammés, hommes et femmes pleins d'une ardeur à faire rougir les volcans. Vous qui êtes là, toujours là, malgré tout ce qui vous blesse.

Parlez-moi, s'il vous plaît, encore une fois, de cette histoire dont vous êtes témoins, auteur ou simple spectateur. Parlez-moi du monde, du temps qui passe, du temps qu'il fait, du temps que ça prend d'être heureux. Parlez-moi de vous, mais surtout parlez-moi de moi, vous qui maniez les mots avec la dextérité d'un chirurgien et usez des lettres comme de vos propres mains.

Je vous déteste.

Peut-être que ça se voit.

Je vous déteste de vous aimer, de vous envier, de vous épier à travers vos textes si bien construits et bien écrits, à travers le reflet de vos âmes qui se reflètent dans les larmes que je verse à chaque fois que je vous lis.

   Mais surtout aidez-moi, comme moi je ne peux le faire. « On n'est jamais mieux servi que par soi-même », quelle phrase cruelle, quand la seule personne que j'abîme est moi-même.

M.

A travers la pluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant