L'âme sur ta peau

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   Tu recules d'un bond, tu repousses le sol avec tes mains, tes pieds, ton cœur. Tu veux que ça disparaisse. Qu'est-ce que c'est? Tu as peur. Ton corps brûlant est parcouru de frissons. Tu retiens un cri au fond de ta gorge par un nœud qui s'y est glissé. Des larmes caressent ton visage tremblotant et se faufilent dans  ta nuque découverte. Il fait chaud et tu te jettes sous la couverture en écrasant tes paupières contre tes iris miroitants. Tu respires fort. Tu respires mal. Tu respires peu.

   Lèvres roses et craquelées, tu les mords avec agitation en fixant les stries blanches sur ta peau.

   "Tu as mal?"

   Tu n'oses relever la tête vers lui alors tu baisses la tienne et tes pupilles s'écartent avec la brusquerie d'un monde qui s'effondre.

   "Oui."

   Il s'approche de toi, tu hurles, il ne recule pas. Il est tout près de toi et tu sens son odeur familière et désagréable à la fois. Il est tout près de toi et tu voudrais le rejeter, le faire valser loin, très loin de toi. Il est tout près et il est prêt.

   "Je vais t'aider."

   Tu ne veux pas. Tu lui seras redevable, dépendante, tu le sais et tu n'en  veux pas de son aide empoisonnée. Tes lèvres maquillées brillent à la lueur de son air flamboyant. Ton mascara a coulé et les rivières noires sur ton visage ne lui font pas peur. Au contraire, il vient plus près encore et se blottit contre toi. Tu l'attires dans tes bras et ton souffle s'apaise.

   "Ça ira mieux, ne t'en fais pas...

   - Bien sûr. Comme à chaque fois.

   - C'est ça. Comme à chaque fois;

   - Mais à chaque fois, ça recommence.

   - Et bien je serais là."

   Alors tu découvres une parcelle de ton corps et le laisse y accéder. Il se pose d'abord tout doucement contre ton être vulnérable, caresse tes bras nus avec une infinie tendresse. Et tu respires mal. Tu respires fort. Tu respires peu. Ses attouchements se font de plus en plus insistants au fil des grains de sable qui tombent au fond du sablier. Il effleure ta peau et les arabesques bleus qui sillonnent ton épiderme.  Puis sans un mot, il pénètre ta peau.

   Le sang coule.

   Tu ne respires plus.




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Ne le faites pas. Ça vous poursuivra. Evidemment qu'il sera là, à chaque fois ; il vous rejoindra de plus en plus rapidement mais un jour vous ne serez plus là.

A travers la pluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant