Petit deux: Trouver les bons alliés

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Le lendemain soir toute la ville, du Palais aux dernières cahuttes avant le désert, avait appris la nouvelle. Jafar avait arrêté, puis torturé et tué Lazaryo, la plus puissante des sept Maîtres.

Les rues se dépeuplèrent lentement, les Agrabiens préférant rester chez eux que de s'aventurer dehors, car tous craignaient la réaction des Maîtres. Si un combat s'ensuivait, qui le remporterait ? Et, surtout, de qui souhaiter la victoire ? Entre la peste et le choléra, un tyran au pouvoir immense et une mafia qui esclavagisait les habitants depuis des décennies, le choix semblait inutile. Ah, si seulement leur prince n'avait pas disparu...

C'est ainsi que pour la deuxième fois en bien trop peu de temps, lorsque la nuit tomba sur Agrabah, le silence l'accompagna. Un silence chargé d'angoisse, alourdi d'une insupportable certitude : il n'y avait plus d'espoir. Rien que l'attente d'un nouveau malheur.

Un seul mouvement trahissait cette terrible attente. En effet, dans les rues vides avançait sans se presser un véhicule imposant monté sur deux roues d'un mètre de diamètre, visiblement blindé par plusieurs couches de métal trempé, et qui ne pouvait s'empêcher de rayer l'air en passant, la marquant d'un long trait de vapeur.

Il bifurqua plusieurs fois, guidé par un méca qui savait visiblement ce qu'il faisait, avant de s'arrêter. Un dernier soupir s'extirpa de la machine, tandis que sa chevelure de vapeur retournait au néant.

Le cocher sauta à terre, appuya sur un bouton, qui fit naitre trois petites marche, entre le sol et l'habitacle, puis ouvrit la porte.

Une femme en sortit. Elle fit la grimace lorsque sa chaussure au talon démesuré s'enfonça dans la fange qui recouvrait le sol. Pour calmer sa contrariété, elle porta à ses lèvres son porte-cigarette d'or, et fit naître deux longues volutes de fumées, qui s'étirèrent avant de disparaître.

Cette femme s'appelait Sangre et c'était un des sept Maîtres de la pègre, entièrement dédiée à la vente d'armes.

-Quel endroit sinistre, soupira-t-elle en dévisageant le bâtiment désafecté qui lui faisait face. La prochaine fois, je choisis l'hôtel.

Elle vérifia que sa mise était parfaite – ses cheveux coupés courts, d'un rouge agressif, qui ondoyaient jusqu'à son cou, sa veste de velours, fendue sur le devant, qui révélait une bonne partie de la courbe de ses seins, et son pantalon moulant, qui ne cachait rien du galbe de ses jambes.

Puis elle entra.

À cet instant arriva un autre véhicule, avec beaucoup moins de classe et de discrétion. L'engin à deux roues vrombit, rugit, puis s'arrêta en dérapant, laissant sa propriétaire sauter au sol, ses jambes mécaniquement améliorer la réceptionnant sans peine. Il s'agissait de Trastary, Maîtresse du quartier des usines. Au premier abord, on l'aurait prit pour une ouvrière, vêtu d'un haut moulant, tout aussi sale et rapiécé que son pantalon bouffant. Mais ignorer les trois mousquets qui frétillaient à sa ceinture, ainsi que l'éclat malaisant de son œil mécanique, eut été une erreur fatale.

Elle ne jeta pas un coup d'oeil à la chaise à porteur qui venait d'arriver, et entra.

De cette chaise s'extirpa un homme rond, un peu mou, luxurieusement habillé. Yallassim était le Maître de tous les trafics de drogues d'Agrabah. On aurait pu s'attendre à plus menaçant que ce gros nounours, à la barbe blanche, aux joues roses et aux petites lunettes rondes. Dommage que les traces de sang qu'il n'avait pas eut le temps d'essuyer, sur sa barbe, gâchaient l'effet.

Après lui vinrent Xénya et Xényo, les jumeaux les plus redoutés de toute la contrée, respectivement Maîtresse des réseaux de prostitutions et Maître des réseaux de mercenaires. Ils se ressemblaient comme deux gouttes d'eau, si l'on exceptait les cheveux longs de Xényo – là où Xénya les portaient courts – et la poitrine de Xénya, très... Mise en valeur. Et si je ne vous apprends pas ici leur moyen de locomotion, c'est que, figurez-vous, que je ne les ai pas vu arriver. Un instant, il n'y avait personne. L'instant d'après, deux silhouettes fines vêtus de cuir noir, moulant, la taille serrée d'une imposante ceinture bardée d'armes en tous genres, entraient dans le bâtiment.

Le Prince, le voleur, et la lampe merveilleuse (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant