Petit un : Diviser pour mieux régner

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Revenons légèrement en arrière, si vous le voulez bien (ou non, de toute façon, je ne demande que pour vous faire plaisir), précisément au moment où Jasmin, Joël et Abu, ayant sauté sur le toit d'en face, ont retrouvé Aladdin et se sont introduit dans la demeure.

-J'ai trouvé une pièce qui devrait faire l'affaire, murmura le voleur en les guidant à travers les couloirs.

Il poussa une porte – dont il avait crocheté la serrure un quart d'heure plus tôt – et fit entrer ses compagnons dans un bureau cossu, aux murs recouverts d'étagères supportant un nombre impressionnant de dossiers.

Aladdin désigna les deux systèmes d'alarme qu'il avait pris soin de désactiver et leur fit signe de ne pas faire de bruit. Puis il se dirigea vers le fond de la pièce et passa ses doigts sur la tranche des livres. Il s'arrêta sur une couverture fine, que rien ne distinguait de ses congénères, et la tira lentement à lui. Il y eut un déclic. La bibliothèque se détacha du mur pour coulisser sur le côté, sans le moindre grincement.

-Comment as-tu trouvé une chose pareille ? Souffla Jasmin, admiratif (mais, de toute façon, y avait-il un moment où Jasmin n'était pas admiratif devant Aladdin ?)

-Je suis un voleur, mon cher prince, souviens-toi : je sais où les nobles cachent leurs richesses... Enfin, c'est bien la première fois que je suis venu déposer au lieu de prendre !

-On en discutera plus tard, intervint Joël. Ce n'est pas le moment de prendre une tasse de thé et d'échanger sur nos états d'âmes.

Le voleur acquiesça et entra dans la pièce secrète, suivit de ses amis C'était, à l'évidence, le coffre fort de Lazaryo, qui contenait une étagère – certainement ses dossiers les plus sensibles – et trois énormes coffres cadenassés.

Aladdin détacha la lampe de sa ceinture.

-Prêt ? Souffla-t-il.

Les deux autres hochèrent résolument la tête.

Aladdin frotta la lampe.

Un nuage de fumée bleue en sortit. Il grandit, encore et encore, jusqu'à toucher le plafond. Un bras en sortit, puis un autre...

-Génie ! Pressa Jasmin, on a pas le temps ! Dépêche-toi !

-Voilà, voilà, rouspéta l'être magique en laissant tomber le décorum pour se matérialiser sous sa forme humanoïde habituelle.

Une expression de pur soulagement s'inscrit sur son visage lorsqu'il aperçut Aladdin, Jasmin, Abu et... Joël !?

-Qu'est-ce qui s'est passé ?! s'exclama-t-il, épouvanté, en avisant le visage du serviteur, qui ne portait pas son masque.

-Génie, intervint Jasmin, il faut que tu me fasses confiance et qu'on agisse vite, très très vite. Premièrement, soigne Joël. Deuxièmement, agrandis cette pièce et emplie là de richesses jusqu'au plafond.

-Dit donc petit prince...

-Pour l'amour des fées, génie, vite ! Jafar ne va pas tarder...

Sentant l'urgence, la créature fantastique claqua des doigts, et la pièce adopta les dimensions d'une caverne aux merveilles, emplie à raz-bord d'or et de joyaux. Puis il se pencha sur Joël, posa ses mains sur son visage, et ferma les yeux. Il pouvait soit guérir le jeune homme, ce qui prendrait du temps, soit simplement lui redonner l'apparence qu'il avait lors de leur dernière rencontre, ce qui n'était pas très difficile, puisqu'il avait une excellente mémoire.

Le serviteur poussa un immense soupir lorsque l'air cessa de heurter sa peau à vif. Il passa une main sur son visage, sa joue lisse, aussi couvertes de taches de rousseur qu'au premier jour, et la glissa ensuite dans ses cheveux, intact. Des larmes perlèrent à ses yeux.

Le Prince, le voleur, et la lampe merveilleuse (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant