5: l'aveu

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Malaika
Sur le chemin il ne parlait pas, ambiance était très pesante, il avait le regard fixé droit devant lui, j'étais très gênée, je ne savais à quoi il pensait, je ne savais pas à quoi m'attendre, je me sentais comme un condamné allant au couloir de la mort, mais quitte à me retrouver sur le banc des accusés, autant lui dire la vérité. J'en ai marre de cette vie de mensonges, je n'arrête pas de me dire que c'est sûrement le karma qui est la cause de mes malheurs. C'est impossible d'avoir autant de mésaventures en une seule journée. J'ai toujours du mal à croire que ce Ndibi s'en est allé avec mon argent. Quand je pense à tout ce que j'ai fait pour l'avoir, qu'est-ce que me disais, de toute façon, tout était trop beau pour durer. Je redoute surtout la réaction de papa et maman, ils seront les plus déçus, eux qui étaient si enthousiaste à l'idée d'avoir un terrain à leur nom. Je me sens si mal mon Dieu, le ciel me tombe dessus suis-je donc une si mauvaise personne au point de mériter un pareil sort !?
Après une demi-heure de route nous sommes arrivés chez Jim. Nous sommes allés dans le salon, il semble si détendu, comment il fait pour être si calme dans un moment pareil ? Il voulait me servir à boire j'ai refusé. Je n'ai envie de rien en ce moment.
– Alors chérie tu me racontes ?
– ......
– Malaïka tu as promis de tout me raconter, alors je t'écoute s'il te plait.
– Okay.
– Je suis toute ouïe.
– Je t'ai menti sur toute la ligne Jim. Je ne suis pas celle que tu crois.
– Ah bon ? Tu n'appelles pas Koyoli ? (Rire)
– Laisses moi parler s'il te plait.
– ...
– Je n'ai pas menti sur mon nom. Je ne fais pas d'études en sciences politiques comme tu le sais, j'aurais aimé mais je ne peux pas. Parce que je n'ai ni argent ni diplôme, mes études se résument à un brevet. Je suis la fille aînée d'une famille de neuf enfants. J'ai huit petits frères et sœurs qui ont à peine de quoi être scolarisé. Je vis avec mes parents, ma mère vend des condiments et légumes sur la place du marché pour s'occuper de nous. Mon père souffre d'un cancer du foie. Mais ça va de mieux en mieux depuis que je me bats pour qu'il ne manque pas de médicaments. Quant à moi vu, que j'ai arrêté l'école très tôt j'ai dû aussi vivre d'un commerce pour ne pas être une charge pour mes parents à 25ans, du coup, officiellement je vends des beignets dans mon quartier pour m'en sortir. J'ai toujours eu honte de cette vie, j'ai toujours envié les autres. Je n'aime pas cette vie et je demande tous les jours au Seigneur pourquoi. Ma vie jusqu'ici n'a été que souffrance. Et je voulais en sortir, je voulais gagner ma vie, sortir de la misère a tout jamais et j'ai pris conscience de mes atouts en tant que femme, donc tout naturellement j'ai commencé à fréquenter des hommes aisés et profiter de leur argent.
– Hum je vois.
– Mais toi tu es différent Jim, je me sentais réellement bien avec toi tu sais.
– Ça ne t'a pas empêché de me plumer
– fallait que je vive
– Mais dis, depuis le temps je ne compte pas ce que je t'ai déjà donné mais je suis sûr que si je fais une profonde évaluation ça fera une sacré somme d'argent qu'as-tu fait de tout cela ?
– ...
– Pourquoi n'as-tu pas continué les études ? Il te servait à quoi cet argent ?
– ...
– Le donnais tu as quelqu'un ?
– (Surprise) Non non pourquoi ça ? Je ne le donnais à personne. Euh. En fais-je...
– Tu ?
– Je le mettais de côté pour... (Je me suis mise à pleurer)
– Pour quoi faire Malaïka ? Pourquoi tu pleures comme ça qu'est ce qui ne va pas ? Parle-moi s'il te plait.
– (Snif) je le mettais de côté pour le terrain que je voulais acheter à mes parents.
– Et qu'en est-il ?
– J'ai payé la moitié à un monsieur et il s'est enfui avec mon argent et en plus le terrain n'est pas à lui. Je me suis fait arnaquer, c'est la raison pour laquelle je pleurais au bord de la route.
– Et de combien parle-t-on exactement ?
– Plus de deux millions Jim.
– Hum. Tu avais une telle somme toi ? Et tu me demandais toujours beaucoup à chaque fois.
– ...écoutes j'ai dit que j'étais désole okay et t'étais bien content de me donner ton argent ?
– Okay. Je te remercie de m'avoir dit la vérité Malaïka. Mais je sais que ce n'est pas tout. Vas y parle
– Qu'est-ce que tu insinues ?
– Tu vois quelqu'un d'autre Malaïka ou plusieurs autres personnes et je veux savoir la nature de vos relations ?
– Je ne vois plus personne.
– Ah ouais ?
– Ouais.
– Okay et « Boo » ?
– Pardon ?
– Boo c'est un numéro de ton répertoire téléphonique.
– Euh... un ami.
– S'il te plait arrêtes de me mentir là c'est bon.
– C'est un homme avec qui je suis sorti mais c'est fini entre nous il ne fait plus partie de ma vie.
– Ok
– Ok.
– Tu veux de moi dans ta vie ?
– Non Jim je veux rentrer chez moi.
– Je te veux et je te pardonne.
– Merci mais je ne peux pas.
– Si tu peux on reprends au début s'il te plait. Okay ?
– ...
– Je t'aime Malaïka et je veux faire partie de ta vie. Tout va aller pour le mieux on trouvera une solution pour tes études et pour la situation de tes parents. Ouvre-toi a moi, aies confiance et plus de mensonges et on fera notre petit bout de chemin ensemble. On peut s'en sortir dans cette vie mais honnêtement.
– Jym tu ne comprends donc pas ? La fille que tu aimes n'existe pas.
– Si, elle est la
– ...
Il m'a prise dans ses bras, Malaika la petite vendeuse de beignet peut être aimée, je me sentais si bien. J'avais envisagé mil et un scénarios mais je n'aurais jamais cru que cela se passerait comme ça. Comme quoi tout est bien qui avait mal commencé (rire). Enfin du bon dans cette journée, je lui ai fait à manger, il voulait me raccompagner mais j'ai tenu à passer la nuit. J'ai préalablement appelé maman pour qu'elle ne s'inquiète pas. Si Jim veut m'aider je crois qu'il est grand temps pour moi d'enlever les barrières, je peux apprendre à le connaitre, à l'aimer, il est si doux, peut-être Dieu a-t'il entendu mes prières. Je ne pouvais pas lui parler de Djanko et de nos magouilles, faut pas non plus mettre de l'huile sur le feu.
Plus loin, Djanko aussi se remettait de ses émotions et peut-être de ses désillusions :
Je risque exploser de colère, j'ai mon sang qui bouillonne. Si je la vois oh non elle va crever, cette pute de Malaïka. Elle peut se permettre tout ce qu'elle veut, me manquer de respect okay, critiquer ma maison okay, mais non je n'accepte pas le fait qu'elle me manque de respect devant Séraphine ça jamais!! Mince, il en va de ma crédibilité ? Si je la vois, je vais la démolir. Qu'est-ce qu'elle faisait déjà dans ce quartier elle avait l'air mal, et puis je m'en fous. J'essaye de joindre Séraphine depuis hier mais en vain. J'étais si près du but. Je me voyais déjà dans mon appartement, gérer ma propre entreprise, donner des instructions à ma cuisinière. Quelles désillusions! J'ai le regard injecté de sang. Si je perds tout ça à cause de Malaïka et de sa folie, sur la tête de mes parents qu'elle va le regretter amèrement. Je vais à la bijouterie vider mes économies pour faire un cadeau a séraphine.
Plus loin dans les hauteurs des quartiers les plus huppés de la ville, Mme Séraphine DINA et son mari Leroy sortaient de la salle de sport et allaient comme les gens de ces quartiers-là, chercher quelques viennoiseries pour le petit déjeuner dominical. Elle aussi n'était pas entièrement remise des événements de la veille, elle s'était faite traitée de pute par une gamine des bas-fonds. Elle Mme Dîna née Razni, nom plutôt original pour des africains, Séraphine est une métisse, fruit de la romance d'une africaine et d'un indien. Mr Razni était un maniaque des affaires ; alimentation, immobilier, grande distribution, cosmétiques etc.... les Razni sont à la tête d'un véritable empire. Séraphine est l'aînée de 4filles, fort de son doctorat en gestion obtenu à Chicago, c'est tout naturellement qu'elle a pris les rênes des affaires familiales. Sa jeunesse a été comme celle de tous ces enfants issus de familles immensément riche, rythmée entre études dans les universités les plus prestigieuses et voyage autour du monde, c'est d'ailleurs lors d'un de ses voyages sur Paris qu'elle rencontre Leroy DINA lui-même étudiantes en médecine dans la capitale française. Leroy est issu d'une famille d'illustres experts en médecines : pédiatrie, chirurgie cardio-thoracique, neurologie... Choisissez n'importe quel domaine de la médecine les Dina auront sans doute un expert. Bien que Leroy fût étudiant à Paris et Séraphine de l'autre côté de l'atlantique, leurs fortunes réduisaient la distance a un facteur négligeable, nos deux tourtereaux étaient de grands amateurs de voyages et n'hésitaient pas dès que l'occasion se présentait à découvrir une nouvelle ville sur la carte, ils n'hésitèrent même pas à prendre toute une année à la fin de leurs études pour parcourir le monde. C'est justement lors de ce périple que LEROY fit sa demande sous les paysages féeriques de Venise, et cela fait 25ans que la romance perdure.
Bien que l'amour de Séraphine pour Leroy ne fasse aucun doute, elle s'est mise à fricoter avec Marc, d'aucun le mettrait sur le coup de l'ennuie car, après 25 ans de vie commune, il est difficile de garder intacte la flamme des premiers jours et certaines femmes comme Séraphine tombe dans l'ennuie et la lassitude. N'allez surtout pas croire que son mari elle ne l'aime pas, surtout pas après tout ce qu'ils ont traversé. L'histoire des Dina ne peut être contée que par Dame Séraphine :

MalaikaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant