Flashforward

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Adossé contre le réfrigérateur, les bras croisés, il me dévisage longuement. Il ne laisse pas transparaître ses émotions. Je sens mon coeur battre à tout rompre, il est si imprévisible.
Je tente de rester imperturbable. Je ne veux pas lui montrer que j'ai peur, car cela risquerait de l'énerver s'il ne l'était pas déjà.

Il se redresse et s'approche lentement. Il attrape la bretelle de ma nuisette et la fait glisser le long de mon bras. Il fait de même de l'autre côté, laissant mes épaules nues. Il dépose ses lèvres humides contre les miennes pour m'embrasser. Je me détend. J'ai fais fausse route, il n'est pas énervé contre moi. Il saisit ma gorge de sa main gauche, tout en caressant ma jugulaire avec son pouce et dépose des baisers sur mon cou, sur mon épaule. Je ferme les yeux et lève légèrement la tête vers le haut tellement cela me procure du bien.

Alors que je ressens un plaisir intense, il émet une pression inattendue sur ma gorge. Non en fait, il m'étrangle. Il m'étrangle de toutes ses forces. Je pose mon regard dans le sien, je lis une colère noire. J'essaie de me libérer de son emprise. Il serre de plus en plus fort, l'oxygène quitte mon organisme. Ma vue commence à se brouiller.

Je ressens une sensation de liberté intense, je me tord en deux et dépose mes mains sur mon cou. Il a cessé de m'étrangler. Je prend plusieurs intenses respirations.

Il se retourne en déposant ses mains sur le haut de sa tête. Je me redresse, toujours en gardant les mains sur mon cou, afin de soulager la sensation d'étranglement.

— Pourquoi, balbutiais-je.

Il se retourne et me lance un regard plein de haine. Il glisse sa main dans sa poche arrière et en sort mon téléphone. Il le jette sur le plan de travail.

— Lis ça, m'ordonne-t-il en ne me quittant pas des yeux.

J'hésite un instant avant de saisir le téléphone, les mains tremblantes. Je vois qu'il a ouvert un mail. Un mail provenant de... Oh non...

— Je te jure que je n'étais pas au courant...

— Lis, dit-il en m'interrompant d'un ton menaçant.

Je commence à lire, non sans avoir la voix tremblante.

« Objet : Une dernière chose

Mia,

Je sais que je ne dois pas t'envoyer ce message et j'espère qu'il ne tombera pas entre de mauvaises mains. Mais je me sentais obligé. Je deviens fou alors je n'ai pas pu m'en empêcher. J'ai essayé de t'oublier, je me suis forcé à te détester pour ce que tu m'as fais. Mais je n'y arrive pas. Et te revoir aujourd'hui... »

Je relève la tête vers mon mari, terrifiée à l'idée qu'il sache que j'ai pu le croiser.

— Je te jure que...

— Je t'ai dis de la fermer et de lire.

Je reprend.

« Ça m'a fait tellement de bien. Et aussi tellement de mal à la fois. Ton regard m'avait manqué, tes yeux noisettes, tes longs cils... Je pourrais te regarder des heures durant, sans me lasser. Aujourd'hui j'ai réalisé quelque-chose. J'ai réalisé que je t'aime Mélina. Et je sais que je suis qu'une grosse merde à te le dire pour la première fois dans un putain de mail, mais je t'aime et j'aurais aimé osé te le dire en face. J'en avais l'occasion et j'ai été fier. Putain de fierté de merde. J'avais l'occasion de t'empêcher de te marier, mais  j'ai été fier encore une fois. Et cette fierté ne fait que de me pourrir la vie.

Bon. Je sais que ce que je t'écris ne changera rien. Mais Mia si tu savais, t'as boulversé ma vie. Si tu savais à quel point tu m'as eu. Tu m'as eu, c'est ce que tu voulais non ?

Je t'aime. Et tu es mariée. Mais je peux t'assurer une chose : Jamais il ne t'aimera plus que moi, Mia.

Tu ne répondra sûrement pas à ce message, mais j'avais besoin de t'écrire, sinon je n'aurais pas pu dormir. »

Je n'ose même pas relever les yeux vers lui, je sens son regard me transpercer l'âme. Je n'imagine même pas dans quel état il se trouve. Il va me tuer. Je vais mourir.

Il gratte sa barbe. Il gratte sa tempe. Il émet un rire rageur, en secouant légèrement la tête de gauche à droite. Il s'approche lentement et dépose son index sur mon menton, il me regarde droit dans les yeux.

— C'est vrai que tes yeux sont magnifiques mon amour. Je crois que c'est pour ça que je suis tombé amoureux de toi.

Il rigole doucement et m'embrasse. Je ferme mes yeux. Je sais déjà. Il va me tuer. Je n'ai plus qu'à attendre.

— Espèce de sale pute, murmure-t-il avant de me tirer par les bras et me jeter contre le mur.

Il me jeta ensuite par terre. Et une valse de coups, par ci par là, s'abattît sur moi. Si bien que, allongée sur le carrelage froid de ma cuisine, j'avais la sensation d'être loin. Ailleurs.

Jamais il ne t'aimera plus que moi Mia.

Vengeance: mode d'emploi Où les histoires vivent. Découvrez maintenant