Chapitre 4

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Cinq jours après toutes nos spéculations, nous décidons de mettre en action notre plan. Enfin c'est surtout Nora qui décide, avec l'aide de Ciara et Lilia bien sûr. Dans l'histoire je ne suis qu'un pion et elles tirent les ficelles. Camélia, elle, s'amuse à être spectatrice de cette folie.

Selon Nora, bien que Mejdi a beau être un bourreau des cœurs, il accorde une importance capitale à son éducation. C'est pour cette raison qu'il squatte très souvent la bibliothèque, notamment tous les mercredis après-midi.

J'ai donc du, sous les ordres de Nora, me rendre à la bibliothèque directement après mes cours. Nous y voilà. Je n'arrive pas à croire que je suis vraiment en train de le faire.

Je balaie l'immense pièce du regard, sans remarque la présence de Mejdi. Je prend mon courage à deux mains et vais m'installer sur une table, j'y dépose mes affaires, j'ouvre mon ordinateur et m'installe confortablement, avant d'inspecter à nouveau la pièce.

Je n'en crois pas mes yeux lorsque je l'aperçois installé près de deux filles, en train de potasser. Bon. Mia ne t'inquiètes pas, ça va le faire. Profites en pour prendre une trentaine de minutes pendant lesquelles tu travailles un peu ton oral de la semaine.

Je travaille alors sur mes devoirs pendant une quinzaine de minutes, lorsque Nora m'envoie un message.

Nora : Alors il est présent ? C'est sûr. Courage, je compte sur toi. Tu te lèves quand il est debout et tu fais en sorte de lui rentrer dedans «sans faire exprès ». Je crois en toi championne.

Je prend une grande inspiration. Il se trouve justement dans une allée où sont rangés des livres spécialisés sur l'aviation. Je me lève alors et fais mine d'aller chercher un livre dans une autre allée, celle des livres mathématiques. Au moment même où il s'apprête à sortir de l'allée, sûrement pour rejoindre sa place, je fais mine d'arriver rapidement et je lui rentre dedans.

Mon livre tombe de mes mains, sans que je le fasse exprès. Je me baisse pour le ramasser et quand je me relève, mes yeux plongent dans les siens.

Wow. Nora disait vrai, il a un regard perçant et tellement banal à la fois.

— Excuse-moi, tu n'as rien j'espère, me demande-t-il en déposant une main sur un de mes bras.

— Chut, silence, s'exclame la bibliothécaire depuis son bureau.

— Non c'est moi, désolée, murmurais-je en repartant directement sur mon siège.

Je ne l'ai même pas laissé finir, il a du me trouver impolie. Mais en étant là, devant lui, je me suis rendue compte à quel point ce plan est ridicule.

Je retourne à mes révisions, sans lui prêter davantage d'attention. J'expliquerai à Nora que je ne veux plus jouer à ce jeu, c'est juste dégueulasse  comme comportement.

Après avoir passé quelques heures à la bibliothèque, je rentre enfin chez moi. J'envoie un sms à Nora pour lui expliquer que je ne souhaitais pas continuer dans cette direction.

Elle m'appelle immédiatement et tente de me dissuader. Mais au départ, je reste de marbre.
— Nora tu ne comprends pas, j'étais devant lui et j'ai eu tellement honte. C'est mort, je ne peux pas continuer.

— Mais Mélina ne recommences pas il te plaît !

Évidemment, elle finit par réussir à me convaincre de retourner à cette même bibliothèque le mercredi d'après.

J'y suis donc retournée la semaine d'après, un mercredi après-midi à nouveau.

Nora m'a formellement interdit de tenter à nouveau de lui rentrer dedans, au risque de passer pour une lourd-dingue.

Il faut toujours voir le bon côté des choses, je suis dans une bibliothèque, donc c'est l'occasion d'étudier dans un environnement propice.

Je met un peu de musique dans mes écouteurs, pendant que je révise.

Mejdi entre dans la bibliothèque environ une heure après mon arrivée. Je ne l'ai pas vu tout de suite, mais lorsque je lève la tête,  il s'installe à une table où ses affaires étaient déjà posées. Une fille et deux garçons sont déjà présents à cette table.

Je bloque un peu sur un exercice et mordille donc mon crayon.

— Excuse-moi, m'interpelle-t-il.

Je lève la tête et mon cœur palpite immédiatement dans ma poitrine. La panique m'envahit, mais je garde mon calme, comme Nora me l'a appris.

— Oui ?

Il sourit avec beaucoup de charme avant de me dire :
— Tu as emprunté le livre dont j'ai besoin.

Il ment certainement, d'après ce que Nora m'a dit il étudie l'aéronautique, alors que mon livre traite de la microéconomie.

— Ah. Tu veux le prendre ?

Il se gratte la nuque, toujours en souriant subtilement.
— J'imagine que tu dois en avoir besoin aussi. Peut-être que ce serait plus pratique que je vienne à cette table et qu'on partage le manuel.

Je retiens un sourire avant de lui répondre.
— Non, non, si tu en as vraiment besoin, il est tout à toi, je m'en allais justement.

Son petit sourire s'estompe un peu, laissant place à un air plus sérieux. Au lieu de prendre le livre et s'en aller, il me regarde ranger mes affaires.

Avant de quitter les lieux, je dis:
— Bonne révisions.

Il reste debout, près de cette table et me regarde partir. Je crois que Nora avait raison, il aime courir après les femmes.

J'envoie un message à mes amies pour qu'elles me rejoignent au parc. Je dois leur raconter, même s'il ne s'agit pas de grand chose.

— C'est dans la poche, dit Camélia, ça commence toujours comme ça avec ce genre d'hommes.

Nora renchérit.
— Oui, il ne faut pas que tu cèdes, il faut que tu paraisses inaccessible. Mia tu ne dois faire aucun faux pas. A partir de maintenant, tout doit être calculé. Le plan continue comme prévu.

En dehors du plan complètement tordu de Nora, ma vie continue. Notamment sur le plan scolaire, cette histoire ne doit en aucun cas mettre en péril mes études.

— Quelle école tu vises l'année prochaine ? me demande ma camarade Eva.

— J'aimerais faire les Mines mais encore faudrait-il réussir les concours. Et toi ?

— Je rêve d'aller à Centrale, je vais m'en donner tous les moyens.

Eva est très intelligente, je suis sûre qu'elle aura l'école de ses rêves.

— J'ai l'impression de ne plus avoir de vie à cause de la prépa sérieux, j'ai hâte d'en finir.

— C'est clair, mais c'est nos meilleures années. Ça va passer vite.

Mon téléphone vibre dans mon sac, je le consulte.

Maman: Rentres vite, tes grands parents sont à la maison.

J'annonce à Eva que je dois rentrer et je rassemble mes affaires dans mon sac. Je me dirige donc vers la sortie du lycée. Alors que j'avais l'intention de me rendre directement dans le parking, je reconnaîs quelqu'un adossé contre une voiture, en face de l'entrée du lycée.

En me voyant il plisse d'abord les yeux et esquisse un petit sourire.

Qu'est-ce qu'il peut bien faire là ?

Vengeance: mode d'emploi Où les histoires vivent. Découvrez maintenant