Chapitre 8

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Après les cours, je passe chez mon père pour en discuter avec lui. Il me rassure et m'encourage à rester en France pour intégrer une école prestigieuse. Il me conseille aussi de faire passer mes intérêts avant tout. Il m'a dit une phrase, qui ne cesse de ruminer en moi : "Pour être bon pour les autres, il faut d'abord être bon pour soi". Je pense que je vais définitivement mettre un terme à cette mascarade avec Mejdi.

En sortant de chez mon père, je croise Ali. Tiens, cela faisait longtemps. Je m'approche de lui, il fait de même. Il est en uniforme et dieu sait comme je trouve cela attirant.

— Salut. je dis doucement.

Il fronce les sourcils et approche son visage tout près du mien. Je baisse les yeux. Il me demande alors:
— Tu as les yeux rouges, ça ne va pas ?

— Journée difficile. C'est marrant comme on se croise souvent.

Il pose ses mains sur sa ceinture.
— C'est vrai, c'est une petite ville. Tu veux m'en parler ?

J'hésite un instant, ça peut paraître ridicule mais je me dis que d'en parler à quelqu'un d'extérieur à ma vie ça pourrait me faire du bien.

— J'aurais pu être tentée mais tu es de service.

Il regarde sa montre.
— Je termine dans... Ah, j'ai terminé depuis trente-quatre minutes exactement. Mais je dois passer à la brigade d'abord.

— Non laisses, oublies. Je dois y aller.

Je me retourne pour partir mais il me rattrape par le bras.

— Mélina. La brigade est à quatre minutes d'ici en voiture. Attends-moi dix minutes, pas une de plus. On ira prendre une glace et tu pourra m'en parler.

Je ne sais pas si c'est mon état, sa main sur mon bras, son regard perçant ou son uniforme, mais j'acquiesce en hochant la tête.

— Attends-moi directement au McDo à cinq minutes d'ici. C'est en tout bien tout honneur, j'ai aucune arrière pensée derrière la tête. il me dit en déposant un main sur mon épaule.

Je me rend donc au McDo le plus proche et commande deux glaces. Il me rejoint vingts minutes après, sa glace a déjà un peu fondu. Il retire sa fine veste et s'installe en face de moi.

— Tu vas mieux ? Ali me demande.

— Pas trop mal.

— Parles-en moi, je ne risque pas de le répéter à quelqu'un.

— Tu vas prendre une déposition, je demande en laissant un rire s'échapper.

Il sourit en prenant un bouchée de sa glace. Il me remercie par la même occasion. Il me regarde sans rien dire, je comprend que je dois juste parler. Et puis merde, on n'a aucune connaissance en commun. Je commence alors à tout lui raconter, je parle de tous ce qui me tracasse, mais je ne m'épanche pas au sujet de Mejdi, par peur qu'il me prenne pour une folle. Je lui dis juste qu'on s'est chamaillées à cause d'un histoire de garçon.

— Les histoires de lycéennes, dit-il en riant.

— Non ! Premièrement je ne suis pas lycéenne, je suis en 2e année de prépa et deuxièmement, c'est beaucoup plus compliqué que ça...

— Racontes-moi dans ce cas-là.

— Laisse tomber. Et toi, tu veux vider ton sac ?

— Non, moi tout va bien dans ma vie, Dieu merci.

— T'es chanceux alors. T'as même pas une histoire croustillante au sujet d'une fille, comme la mienne ?

Il rit et pose sa cuillère, avant de se frotter les mains.
— T'es trop jeune pour que je te dise le fond de ma pensée.

Vengeance: mode d'emploi Où les histoires vivent. Découvrez maintenant