Une pensée. Un cri. Un sentiment.

L'enfant d'un amour passionnel et éphémère

               J'ai peur. J'ai mal. Pourquoi ai-je fait cela? Pourquoi il ne m'aide pas? Pourquoi ils me regardent tous avec ce regard? Ce regard froid, glacial, plein de reproches, de jugements. Ils me suivent du regard, me détaillent, scrutent chacun de mes faits et gestes. J'ai peur. Peur pour moi mais aussi et surtout pour la petite chose qui se développe progressivement en moi. 

               J'avais seize ans quand je l'ai rencontré. Sur les bancs du lycée. Il était là, rieur, plaisantant gaiment avec ses potes, racontant une énième connerie. Sur le coup, je n'avais pas trop fait attention à lui, il avait deux ans de plus que moi, et en première. C'est plus tard, lors d'une soirée chez une amie qu'on a fait connaissance. Je me rappellerais toujours de son grain de beauté sous l'oeil droit, de son regard aux doux reflets chocolats, pétillants de malice, d'intelligence et de gentillesse, le grain de sa peau, douce comme une peau de bébé. Et son sourire! Son doux sourire, un peu embarrassé parfois, le plus souvent joyeux. Il passait souvent une main dans ses cheveux blonds en bataille. Qu'est ce que je les aimais ses cheveux! Je l'aimais. J'étais persuadée qu'il m'aimait, qu'il ne partirait jamais. Il a suffit d'une seule fois pour que je sois enceinte de lui. Il ne me croyait pas, malgré toutes les preuves avancées. Le lendemain, je le vis le bras autour de ma meilleure amie, celle qui savait tout de moi, en qui j'avais confiance. 

               J'ai gardé l'enfant et j'avance maintenant dans la vie comme je peux, en gardant le souvenir d'une erreur, celle d'avoir été amoureuse d'un splendide connard mais chaque jour je le remercie un peu plus pour cet enfant qu'il m'a donné, le fruit de notre passion éphémère qui grâce en partie à lui, grâce en partie à moi, perdure en toi, petit bout de chou. 

"L'enfant ne choisit pas ses parents mais il vaut mieux qu'il soit le fruit d'un amour passionné que platonique et monotone."