9. Révélations

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Les lueurs du soleil me réveillèrent, je clignais plusieurs fois des yeux  et en émergent de mon sommeil je me rendis compte que je n'étais pas dans ma chambre. Je commençais à remuer et le seul bruit que j'entendis fut celui du frottement du drap contre le lit.

Une fois allongée sur le dos, j'observais cette pièce inconnue. Samuel me faisait face, adossé à son bureau, les bras croisés. On se regarda longuement en silence. La première chose à laquelle j'avais pensé ce matin en me réveillant était ma découverte d'hier. Je n'en revenais toujours pas. Les illuminés qui venaient à Thiercelieux n'était pas si fous que ça. La passion pour l'ésotérisme de la plupart de la population n'était pas seulement une lubie. Et mon grand-père... Et mon grand-père n'était pas si fou que ça.

Samuel brisa le silence.

- Tu t'es enfin réveillée.

Je soupirais de manière plus qu'impolie et me retournais allongée sur le ventre. J'attrapais l'oreiller et plongeais ma tête dedans. Je gromelais une réponse inaudible. Je n'avais aucune envie de vivre cette journée et d'affronter les conséquences de mes découvertes.

Je fus réveillée une nouvelle fois, peut être une heure plus tard. Samuel m'effleurais la joue en chuchotant mon nom.

- Rose... Rose faut se réveiller maintenant.

J'ouvrais les yeux. Nos visages étaient si près. Il me regardait d'un air ennuyé, ses doigts restaient fixés sur ma joue. J'observais ses yeux verts sans pouvoir me détourner. Mon cerveau était comme en pause.

- Il est quelle heure? Dis-je avec une voix rocailleuse.

- Presque 12h, mon père va bientôt rentrer de sa réunion et si tu veux ne pas le croiser tu ferais mieux d'y aller maintenant.

Je me levais énergiquement. Il était hors de question que Benss découvre que j'avais passé la nuit ici.

Je réajustais ma robe, comme pyjama elle n'avait pas été super agréable. Je commençais à avancer. Samuel s'était reculé et se tenait à droite de la porte. Quand j'arrivais à sa hauteur, il me stoppa en attrapant fermement mon épaule.

- Avant de partir... Il me regardais froidement... Bien entendu tu ne parle à personne de ce que tu as découvert hier c'est clair?

Je le regardais avec un air accusateur et je me degageais de son emprise avec force.

Je ne pris même pas la peine de lui répondre, je devalais les escaliers impatiente de quitter cette maison. Je me posais tellement de questions...

Combien de personnes sont elles au courant dans cette ville?

A quel point Félix était impliqué?

J'avançais à pas rapides dans l'entrée et j'attrapais à la volée un sweat qui semblait appartenir à Samuel. J'étais complètement sans gêne mais je ne voulais pas que les promeneurs me voient seulement vêtue de ma petite robe. En plus, il me devait bien ça.

Sur le chemin, je continuais à me prendre la tête. Et je connaissais une seule personne qui pouvait répondre à mes questions.

J'ouvrais la porte de chez moi.

- Mamaaan, c'est moi! 

Elle était à son bureau encore devant son ordinateur.

- Coucou ma chérie, tu as découché hier?

- Oui je suis allée dormir chez Félix, on est resté tard et comme je voulais pas te réveiller en ouvrant la porte j'ai dormi chez lui.

Mon excuse était bidon mais généralement ma mère croyait mes mensonges.

- Ok pas de soucis ma chérie.

- Est ce qu'on peut aller voir grand père cet après-midi?

Ma mère détourna la tête de son ordinateur et enleva ses lunettes. D'ordinaire, je detestais lui rendre visite dans sa maison de retraite. Je comprenais alors sa surprise. Ça me brisait le coeur et de toute façon il ne me reconnaissait pas. D'ailleurs, je n'y était allé qu'une seule fois depuis notre retour de Grèce.

- Bien sûr, on mange et on y va directement pour ne pas rentrer trop tard.

Le déjeuner fût rapide. Et dès lors, nous arrivâmes dans la maison de retraite située à quelques bornes de Thiercelieux.
Je sortais de la voiture, j'avais échangé ma robe rouge contre une tenue plus confortable mais j'avais gardé le sweat de Samuel, qui était lui aussi ma foi plutôt confortable.

On entra dans la chambre de mon grand-père et ma mère commença par des civilités banales. Puis elle s'eclipsa de la chambre le temps d'aller se chercher un café.
Je tentais alors une approche, pour une fois il n'avais pas encore parlé de faits irrationnels.

- Dis grand-père... Je me mordais la lèvre...Tu crois aux loups-garous?

Il me regarda d'un air fou.

- Mais bien sûr que j'y croît! Ils existent j'en ai la preuve!

- Mais quelle preuve?

Il me fit mine de s'approcher du lit où il était allongé. Une fois à son niveau, il commença à parler plus doucement.

- J'étais jeune et j'ai vu mes amis d'enfance se transformer. C'est dans leurs gènes. Leus pères et leurs grands-pères en étaient et ainsi de suite. Mais dieu merci je n'ai jamais été comme eux bien que mon père et mon grand-père et tout mes ancêtres étaient de Thiercelieux!

Il eut un rire sec avec sa voix cassée.

- C'est une malédiction... Il continuait de rire... Pendant leurs plus jeunes années ils sont des surhommes et dès les premiers signes de vieillesses ils redeviennent faibles et mortels. Ils atteignent le pouvoir et la puissance pour qu'il leur soit arraché.

- Des surhommes?

- Je n'ai jamais regretté d'être resté un simple humain. Malgré leur force surhumaine, se transformer pour eux était une vraie torture. Le pire c'était de survivre en tant qu'homme après avoir vécu comme mi-homme mi-loup. J'avais un ami Jeannot... il ne supportait plus de se transformer, lorsqu'il devenait loup il était complètement incontrôlable il avait même blessé sa fiancée qui ignorait tout et bien il...

- Ça y est! Je t'ai ramené un twix Rose! Bon papa, on va y aller nous!

Après lui avoir fait une bise, ma mère commença à sortir. Je commençais à la suivre mais je fis demi-tour.

- Qu'est ce qu'est devenu ton ami grand-père?

Il fronça les sourcils.

- Quel ami?

-Jeannot!

- Ah...

Il recommença son rire aliéné.

- Il s'est suicidé Jeannot, il s'est suicidé.

Les loups de ThiercelieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant