32. Capables de s'aimer

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Une fois seuls, le silence qui régnait dans le couloir était désagréable. Samuel m'avait enfin lâché et je m'étais écartée de lui. J'étais adossée au mur, les mains croisées, attendant quelque chose.

- Pourquoi tu ne me l'as pas dit, dis-je dans un souffle.

Il passa la main dans ses cheveux rageusement.

- J'étais incapable Rose... J'étais terrifié à l'idée que tu aies peur de moi. Je...

- Je pensais que tu avais enfin compris que tu ne me faisait pas peur.

Ma voix était ferme. Il ne fallait surtout pas que mes sentiments prennent le dessus.

- Je sais... Mais tu ne peux même pas imaginer la pression que mon père me met...

Ne tenant plus face à sa passivité, j'explosai.

- Imaginer quoi?! Raconte moi putain! Explique moi Samuel!

Il hésita un moment puis lâcha sa bombe.

- Mon père veut que tu meures! Lâcha- t il.

Choquée, je laissai tomber mes bras.

- Il estime que tu es un danger pour moi. Selon lui, tu vas m'empêcher de guider la meute et tu vas même l'affaiblir... Ce que je ne comprenais pas avant, c'est qu'il voulait que ça soit moi qui t'élimines. Avant-hier soir, j'ai eu la vérité...

Mon silence l'encouragea à continuer.

- Je t'ai déjà raconté ma formation dans la meute de la Foret Noire, ce que j'ai appris sur la noirceur de mon loup... Lorsque j'ai compris que je pouvais te mordre et résoudre partiellement nos problèmes, c'est comme si on me poussait à me transformer...

Je restais toujours méfiante, il fallait que je creuse au maximum.

- Arrête de jouer la comédie Samuel... Plaire à ton père, la puissance de la meute, il n'y a que ça qui t'attire.

Comme blessé par mes accusations, il se réveilla enfin.

- Non Rose! Ce n'était pas moi! C'est comme si une force extérieure m'ordonnait de me transformer. J'ai lutté... Sinon, je t'aurais sauté dessus directement, jamais je ne t'aurais poursuivi... Et je ne t'aurais jamais mordu surtout.

Il plongea son regard dans le mien.

Je savais que c'était la vérité. Je savais qu'il souffrait.

- Quand mon père a compris que je ne t'avais pas mordue, il a pété un câble. Il pensait que me manipuler depuis des semaines allait enfin marcher. Il pensait me convaincre que de te tuer allait améliorer ma vie, dit-il ironiquement.

- Depuis quand fait-il ça? Le questionnai-je.

- Dès l'instant où il a compris qu'il se passait quelque chose entre nous.

- C'est à dire?

- La première fois qu'on s'est vu.

J'étais intriguée.

- Mais il ne se passait rien entre nous.

- Il faut croire que notre attirance n'est pas très discrète, dit-il dans un sourire triste.

Je ne répondis rien et laissai un silence s'installer de nouveau. Depuis le couloir, on entendait vaguement la musique et les cris des autres qui, contrairement à nous semblaient s'amuser.

- On ne peut pas être ensemble Rose.

Pourquoi disait-il ça? Pourquoi maintenant?

- Tu ne vas pas te battre?

J'étais en colère contre lui. Pourquoi était-il aussi passif?

- Tu n'as pas lu la suite du livre? Continuais-je. Il y a une solution! Et tu le sais! Etre là ce soir, ce n'est pas une coïncidence.

- Je ne veux pas te mettre en danger!


Je m'avançai vers lui et lui attrapa ses poignets.

- Samuel regarde moi.

Il leva la tête, nos visages étaient très près. Mais il fallait que je me concentre. Pour lui dire ce que je ressentais.

- Je ne peux pas vivre sans toi, dis-je dans un souffle.

- Je... Rose moi aussi mais...tu vois à quel danger tu te confrontes en restant avec moi?

- Tu sais très bien que je prendrais le risque.

 Samuel me regardait avec une lueur indescriptible dans les yeux. Comme ému par mes confessions.


Avec douceur, il attrapa mes joues et m'embrassa. 



Sentir ses lèvres contre mes lèvres m'avait manqué.




                                                                               ***

On descendis l'escalier, main dans la main. Se bousculant pour rigoler.

Au milieu du salon, les gens dansaient lascivement. Tous costumés, la soirée semblait se dérouler dans un autre monde.

Samuel m'attrapa par la taille et m'amena sur le centre de la piste. Les mains autour de son coup, je posais ma tête sur son torse, laissant me bercer par la musique.

Les lumières étaient bleues, parfois roses.

J'étais la seule mariée qui dansait avec le diable.

                                                                      ***

Tous les adolescents s'amusaient à l'intérieur de la maison. Beaucoup étaient déguisés en vampires, en zombies.

Quelques uns avaient opté pour des costumes originaux en faisant référence aux classiques films d'horreur. Et beaucoup de filles avaient profité de la fête pour s'habiller sexy. Cuissardes, rouge à lèvres et yeux charbonneux étaient de mises ce soir.

Au milieu du salon, deux jeunes gens dansaient enlacés, se démarquant du reste du groupe. La fille, toute en blanc et ensanglantée. Le garçon vêtu entièrement en rouge, deux cornes vissées sur la tête.

Ils semblaient dans leur monde, complètement exclu du reste du groupe.

L'immense baie vitrée donnait une vue sur tout le jardin.


Mais personne n'avait remarqué la forme surnaturelle blanche qui se développait à l'extérieur.

Les loups de ThiercelieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant