Les loups de Thiercelieux

30. Jeune déchue

Je me réveillais dans ma chambre, éclairée par les fins rayons du soleil.

Il devait être très tôt.

Je me mis en tailleur dans mon lit.

Qu'est ce qu'il s'était passé nom de dieu?

La dernière fois que j'étais consciente, je m'apprêtais à être mordue.

Mordue par Samuel.

Un mal de tête terrible m'obligea à me rallonger. Je ne pouvais pas me rendormir, torturée par ce qu'il s'était passé la vieille et surtout par ce qui avait causé mon inconscience. Il fallait à tout prix que je vérifie si j'avais été mordue.

Aucun des livres ne décrivait ce processus. Certes, quelques ouvrages y avaient fait allusion mais aucun ne le détaillait comme le dernier. Comment ais-je pu ne pas me méfier? Pour lui, c'était l'alternative la plus facile et la moins contraignante.

Et dire que je lui ai servit la pire des solutions sur un plateau d'argent...

Mon angoisse d'avoir été mordue me poussa à trouver les forces nécessaires pour me hisser hors du lit. Une fois debout, un vertige m'attrapa mais je réussi néanmoins à me trainer jusqu'à la salle de bain.

Devant le miroir, je vis une fille fatiguée, avec de la terre et des feuilles dans les cheveux. Mais nulle part, aucune trace de morsure.

J'avais beau m'inspecter sur toutes les coutures, je ne voyais aucune cicatrice.

- Comment est-ce possible? Murmurai-je à moi-même.

Il allait me mordre. Je l'avais bien vu. Il n'était plus du tout rationnel.

Je grognais de rage.

Je donnerai n'importe quoi pour voir ce qu'il s'était passé!!

Et s'il ne m'avait pas mordu?

Je m'asseyais devant mon lavabo, les mains pliées sur mes genoux.

Cette histoire me retranchait jusqu'au bout de mes limites.

Toutes les larmes accumulées depuis la veille coulèrent. J'avais subi énormément de stress ces dernières 24 heures. Mais je crois que le pire était l'ignorance. Je n'avais aucun moyen de savoir ce qu'il s'était passé. J'étais incapable de me confronter à Samuel.

Un nouveau sanglot arriva.

J'étais incapable de voir celui que j'aimais.

***

Après ma crise de larmes, je décidais, tremblante, de prendre un bain. Une chose simple pouvait réussir à me calmer. Du moins, j'espérais.

Sans me lever du sol, je me hissai pour allumer l'eau chaude et la laissa couler quelques minutes. J'ajoutai un de mes savons préférés, histoire que l'eau mousse.

Une fois mon bain prêt, je me levai doucement puis me déshabilla. J'avais dormi dans mes habits de la veille. Ce qui signifiait que Samuel n'avait pas pris le temps de me changer.

De toute façon, rien ne me disait que c'était bien Samuel qui m'avait ramené chez moi, pensais-je en me glissant dans l'eau chaude.

La sensation contre ma peau nue était vivifiante. Je commençai peu à peu à m'assoupir dans un silence apaisant.

***

Je commençai à avoir froid. Cela faisait plus d'une heure que j'étais dans mon bain.

J'avais pris le temps de me calmer et de réfléchir. Par un heureux hasard, la soirée d'Halloween était ce soir.

J'avais commencé à élaborer un plan et pour cela j'avais besoin d'aide.

J'avais décidé de me reprendre en main et de me battre pour obtenir ce que je désirais.

***

- Mon Dieu Rose, tu es sublime! S'écria ma mère.

- Il manque une dernière touche, ajouta Félix en sortant le kit à maquillage spécial faux sang.

***

Je m'admirais devant le miroir en observant cette femme forte, qui savait ce qu'elle voulait.

Dans mon bain, j'avais enfin décidé quel allait être mon déguisement de ce soir. J'avais utilisé plusieurs anciens vêtements de ma mère pour le faire et le résultat était renversant.

La longue robe blanche, fendue sur le côté me seyait parfaitement et les nombreux détails en tulle donnait l'impression que je sortais d'une autre époque.

Je m'approchais du miroir pour appliquer délicatement mon rouge à lèvre couleur sang. Le maquillage que j'avais réalisé était tout simplement parfait. Une brume noire entourait les yeux et de fines traces violettes se baladaient sur mes cernes et ma mâchoire.

Ma mère et Félix m'avaient aidé à appliquer du faux sang un peu partout sur ma robe. De plus, une épaisse cicatrice avait élu domicile sur ma jambe où du faux sang coulait jusqu'à ma cheville.

Comme une morsure?

Je tapotais mon rouge à l'aide de mon doigt et terminait les derniers détails.

Choisir le costume de mariée déchue m'était apparu comme une évidence ce matin. Moi aussi, j'avais été abandonnée par mon amant dans le sang. Et comme elle, je revenais chercher ma vengeance.

***

- Tu es prête?

Félix se tenait sur le pas de la porte, enfilant son costume de zombie.

- Oui, murmurais-je.

J'enfilais le voile en tulle de soie, dernière touche de mon costume. J'avais laissé mes cheveux boucler derrière mon dos. Ils s'accordaient parfaitement avec le fin serre-tête en fleurs blanches et le long voile transparent blanc.

Oui, j'étais définitivement prête.

J'avais exposé mon plan à Félix, il m'avait donné les derniers indices que j'ignorais sur la meute. Mon dernier allié était Tim et sa soirée qui s'annonçait historique.