6. Contact

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La matinée se finit rapidement et quand la sonnerie annonça l'heure du déjeuner je sortis rapidement pour aller rapidement sous l'auvent derrière la bibliothèque. C'était l'endroit où Félix et moi mangions lorsque le temps n'était pas favorable, c'est à dire 350 jours par an...

Je mangeais mon sandwich seule, l'auvent était petit et la plupart des gens du lycée savaient que c'était notre place à Félix et moi. Quelle fut ma surprise alors quand je vis Samuel arriver, seul pour une fois. Il me sourit, de la même manière que samedi soir:

- Je peux? Il désigna la place libre sur le banc.

J'acquiesçais en silence et continuait à mâcher mon sandwich.

Lorsqu'il s'assit près de moi, nos cuisses se collèrent, ce qui fit accentuer ma gêne. Je me décalais pour rester le plus loin de lui, ce contact était électrisant et je préférais me teindre loin de celui-ci. J'avais peur de l'attirance que j'éprouvais pour Samuel, ça ne pouvait pas être bon.

Il fit mine de n'avoir rien remarqué et sortit son repas.

Il eut un petit rire en voyant ma tête interloquée: il venait de sortir d'une boite en plastique des énormes morceaux de viande rouge qui semblait pratiquement crus. J'avais la bouche à moitié ouverte, il suivait un régime spécial ou quoi?

- Je suis en prise de masse musculaire en ce moment du coup je prend un maximum de protéines, je suis pas un cannibale t'inquiète hein, expliqua-t il dans un rire non contrôlé.

Je ris avec lui, j'étais un peu nerveuse mais je n'étais pas prête à ses explications et mon rire était franche.

- Bah moi je mange des choses globalement normales..., dis je en admirant mon sandwich à l'avocat et au poulet.

Il me regarda avec intérêt, son regard passant de moi à mon sandwich.

- C'est pas trop la période des avocats surtout à Thiercelieux , j'ai jamais vu d'avocats pousser ici.

Je mis ma main sur mon cœur.

- Tu m'accuses de manger des fruits hors saison?

 - Pire que ça, tu ne respectes pas le patrimoine gastronomique de la ville et tu cèdes à l'influence de la surconsommation des supermarchés.

J'explosai de rire, il avait dit ça d'une façon parfaitement naturelle. On voyait qu'il était habitué à subir les remontrances du maire qui lui servait de père.

- Tu imites super bien ton pèreje trouve!

Il rigola à son tour:

- Je suis habitué, il regarda ses pieds, c'est nul un peu...

Instinctivement, je lui pris son poignet. Sa voix trahissait sa souffrance et c'est par réflexe que j'ai voulu la tenir. Je ne sais même pas ce qui m'avait pris, j'avais à peine perçu sa douleur et je voulais prendre soin de lui, c'était beaucoup trop excessif...

La sonnerie retentit et indiqua la fin de la pause du déjeuner. Le temps était passé extrêmement vite malgré la pluie et la présence de Samuel devait y être pour quelque chose...

Il se leva énergiquement et me tendit la main pour me lever. Chose totalement inutile mais le contact de nos mains était beaucoup trop addictif pour refuser ce toucher.

Je rangeais mes affaires et attrapa sa main, je me levais vite et lâcha la sienne directement. Le contact avait été moins électrisant que la première fois peut être parce que je m'y attendais.

- J'ai été ravi de manger avec toi, dit il après que nos mains se soient quittées, tu peux me mettre à côté de moi si tu veux cet aprem comme Félix n'est pas là...

Je le regardais encore une fois surprise, je m'attendais à ce qu'il soit gêné mais sa voix était autoritaire et pleine de confiance en soi.

Je ne savais pas si j'allais accepter, ce n'était qu'une place assise après tout...

Les loups de ThiercelieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant