Les loups de Thiercelieux

3. Une lune qui frôlait la perfection

Le cours se poursuivit, la prof n'était pas super captivante. En fait c'était surtout le dos de Samuel qui me passionnait. J'ai passé toute la matinée à l'observer, comme une psychopathe. A midi, la sonnerie retentit, je repris l'habitude que nous avions Félix et moi, plus jeunes. Il n'y avait pas de cantine à Thiercelieux, tous les élèves rentraient manger chez eux, alors avec Félix on allait pique-niquer. Tous les jours,c'était le challenge de trouver un nouveau petit coin de paradis dans cet endroit que l'on connaît par cœur.

Sur nos vélos, on pédalaient vite.Pour nos retrouvailles, on alla à l'un de nos endroits préférés,une petite cascade qui afflue sur un ruisseau. Nous étions assis, jemangeais mon sandwich en observant Félix :

T'as vraiment super changé en deux ans, tu sais.

Félix eu un petit rire silencieux qui ressemblait plutôt à une grimace.

Toi aussi, toute la bande de génies bavent devant toi

Comment t'as pu t'en rendre compte en une matinée ?, je riais un peu nerveusement. Ça me gênais un peu, c'est rare d'avoir un poids sur cette bande.

Non mais ça se sent, il me sourit, mais je te rassure ce sont toujours des habitants de Thiercelieux.

Je rigolais, même si c'était mal,avec Félix on avait toujours critiqué les habitants de Thiercelieux, par ennui mais aussi par nécessité d'évacuer la pression que nous imposaient les normes bizarres de cette ville. Mais pour ma part, je n'étais pas méprisante, au contraire mes deux années de voyage m'avait ouvert l'esprit et rencontrer de nouvelles cultures m'avait appris à reconsidérer l'humain. J'avais classé toute la population de la Terre fous, comme les habitants de Thiercelieux. Pourtant je m'étais trompée, et il existait tous types de personnalités.

Pour Félix, je ne connaissais pas son ressenti par rapport à tout ça. Son père était étrange, sa mère était plutôt douce et gentille. En fait, son père qui était un bûcheron, m'avait toujours fait peur.

On continua à discuter, mais plus de nos futures balades et de nos projets pour l'année prochaine.J'étais surprise, Félix n'avait pas l'intention de quitter Thiercelieux, il voulait y rester. Toute sa vie, ça ne le dérangerait pas, m'avait-il dit.

La fin de la journée se termina rapidement, j'avais arrêté d'espionner Samuel.

En fait, c'était parce qu'il m'avait cramé, je ne sais pas comment mais à un moment donné, il était totalement de dos, puis brusquement il s'est retourné et il m'a dit en chuchotant avec son stupide sourire arrogant ''Arrête de me mater''. J'étais cramoisie. Il m'avait prise de court que j'avais répondu une vague réponse en bégayant. Mais le pire dans tout ça,c'était que Félix avait voulu prendre ma défense et avait lâché un '' Ferme ta geule Benss''. Après, j'avais envie de mourir.

Ensuite, le week-end est arrivé, la rentrée était, étonnamment cette année, un vendredi.

Le samedi soir, je me suis promenée avec Félix, on a regardé le coucher de soleil et je lui racontais mes souvenirs de mes deux années de voyage. J'avais ma tête sur ses genoux, il me caressait les cheveux et je lui parlais de la Grèce.Il n'y a jamais eu d'ambiguïté entre Félix et moi, il ne se assera jamais rien entre nous. On s'est promis de ne jamais tomber amoureux.

Je me suis promise de ne jamais tomber amoureuse.

La nuit était tombée,et on commençait à rentrer. Je fis remarquer à Félix que la lune était magnifique ce soir, elle formait presque une pleine lune parfaite, mais il manquait encore un bout pour former sa perfection. Lorsqu'on arriva sur la place principale, je fût surprise de voir un groupe de personnes attroupée.

Ah, mais c'est la bande de génies...

Il y a peut être Samuel avec eux ?

Félix lâcha un juron, et la bande s'avanca vers nous.

Ah oui, Samuel était avec eux, fidèle à lui même,entouré comme un prince. Ils s'approchèrent suffisamment de nous pour nous encercler et Samuel pris la parole :

- Alors, on fait une balade en amoureux ? Pourquoi tu laisses tes copains tous seuls Félix ?

Pour accentuer sa blague, il fît une mimique (adorable) affreuse.

- D'où ça te regarde Benss, dit Félix avec mépris.

- C'est bon rooh, il leva les yeux au ciel, pourquoi tu la protège tout le temps, elle sait pas parler la princesse ?

Il me regarda malicieusement, lorsqu'il m'a appelée '' Princesse'', de vieux souvenirs de mon enfance sont apparus, je les chassait rapidement car je sentais que la situation pouvait rapidement dégénérer vu comment ces hommes étaient sanguins.

- Bien sûr que si elle peut parler la princesse, bouffon.

- Mais c'est super ça, il me regarda tellement intensément avec un sourire renversant puis il revînt à Félix, je peux raccompagner la princesse chez elle, reste avec les gars.

Hein ? Mais d'où Félix traîne avec les génies ? En fait, c'est pas tellement étonnant, en deux ans il a tellement du s'ennuyer, il s'est trouvé de nouveaux amis et a visiblement trouvé ''des qualités'' à cette bande. Je m'en étais voulu de l'avoir laissé tomber, mais il m'avait pardonné.

- Non, elle rentre avec moi, touche pas tes sales pattes sur elle, répondis Félix en m'attrapant le bras.

- Comment oses tu désordre au ..., il s'arrêta et ne continua pas sa phrase. Un sourire pervers s'afficha sur son visage, je crus comprendre ce qu'il avait en tête.

-  C'est bon, arrêtez, je rentre avec toi mais tu me promet que tes potes ne touchent pas à un seul cheveux de Félix dès que je serais partie.

- Je le jure, et il fît une révérence en rigolant, heureux comme un gamin d'avoir obtenu ce qu'il désirait.

Il m'attrapa la taille, me détachant de Félix et me sourit. Je dis au revoir à Félix et on commence à avancer en silence, heureusement il avait lâché ma taille. Je me retournais pour voir Félix une dernière fois ce soir et ce que je vis dépassa l'entendement. Félix riait coude à coude, avec la bande de Samuel.

D'ailleurs, ce dernier lut l'incompréhension dans mon visage.

- Je crois que Félix te l'a déjà dit mais beaucoup de choses ont changé à Thiercelieux, Rose.