Le chat

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Mila regagna la Maison au triple galop. Elle se haïssait, elle et sa maudite curiosité ! Elle sauta à terre plutôt qu'elle ne descendit de cheval et courut se réfugier dans un coin isolé. Là, elle éclata en sanglot. Bella n'osa pas s'avancer auprès de sa cavalière bien qu'elle fut avant tout son amie mais elle savait qu'Azurea approchait et lui céda la place. Etant reliée en permanence à l'esprit de l'Elfe, la dragonne avait assisté à toute la scène. C'était comme si elle était dans le corps et la peau de Mila. Elle avait entendu par les oreilles de sa protégée et vu par ses yeux comme si elle-même s'y trouvait.

Azurea tenta de calmer la jeune fille mais celle-ci ne l'écoutait pas. Valia accourut, alertée par les pleurs de sa sœur et un étrange pressentiment, et réclama sur le champ des explications claires et précises. La dragonne lui révéla alors ce qu'ils s'était passé et cela mit l'Elfe aînée en colère :

-Ah les rats ! Ils vont payer !

Peut-être qu'elle n'était pas très proche de sa sœur, mais c'était SA sœur, le même sang coulaient dans leurs veines et personne n'avait le droit de traiter Mila ainsi ! PERSONNE !

Elle s'apprêtait à aller chercher Diablack mais le Maître s'interposa. Valia pourrait régler ses comptes le lendemain mais à deux conditions : elle prendrait un philtre d'apparence réalisé par Mila et surtout, elle ne déclencherait pas de scandale. Donc cela signifiait aucun écart de comportement, pas d'accès de colère et pas de violence. La jeune fille ne devait en aucun cas prendre ses armes avec elle. Ses couteaux à lancer, son poignard, ses fléchettes de métal et grandes flèches de la même matière, son arc, sa dague, ses épées et en particulier son épée de cristal devaient rester ici. Les ordres étaient clairs.

Valia promis à contre cœur car elle aurait bien aimé ravaler la face à cet humain. Mais une promesse était une promesse et l'Elfe n'avait qu'une parole.

Elle alla donc chercher son épée d'entraînement, en fer celle-ci, et calma ses nerfs sur son pantin de bois - taillé à la sueur de son front dans un tronc de chêne couché - auquel elle finit par trancher la tête.

- Oh le pauvre !

L'Elfe fit volte-face et sonda les alentours. Seul un chat noir se trouvait devant elle et la fixait. Woaw, entendit-elle même. Pourtant, elle était persuadée d'avoir entendu la voix de Mike. Et puis, elle n'avait pas perçu l'arrivée de cet animal et cela la fâchait.

- Excuse-moi de t'avoir prise au dépourvu Valia, dit le chat, et aussi désolé pour l'expression admirative. Je n'avais jamais vu d'Elfe avant aujourd'hui.

- Mike?

- Dans le mille ! répondit l'animal reprenant son apparence humaine. Encore désolé mais c'était la seule façon de vous rejoindre sans éveiller de soupçons. Et puis, au moins vous savez à quoi je ressemble et je n'ai plus rien à vous cacher à toi et à ta sœur. D'ailleurs c'est pour elle que je suis là, sais-tu où elle est ?

La jeune fille le regardait de haut-en-bas avec surprise.

- Tu es...

- En caleçon, oui, je sais. Alors ?

Il voulait absolument fuir la présence de Valia qui le perturbait. Elle était si terriblement imposante... Il n'osait la regarder. D'ailleurs l'homme/chat baissait naturellement les yeux devant elle. Mais il se montrait souriant, afin de ne rien laisser paraître.

- Derrière le gros chêne là-bas, lui répondit l'Elfe indiquant la direction du bout de sa lame.

- Merci.

Le jeune homme se retransforma en chat, fit un clin d'œil à Valia et alla se frotter contre les jambes de Mila. Celle-ci, repliée sur elle-même et la tête dans les bras, pleurait à chaudes larmes. Relevant la tête, elle s'aperçut qu'un grand chat noir posait sur elle deux yeux dorés, des points d'interrogations plein le regard.

- Les humains sont des êtres stupides et mal élevés, gémit la jeune fille entre deux sanglots.

L'animal frotta son museau humide contre la main de Mila et lui répondit :

- Tiens, j'ai pensé la même chose tout à l'heure.

L'Elfe/humaine sursauta ; ce chat n'avait pas parlé mentalement comme tous les animaux mais à haute et intelligible voix. Par quel prodige cela se pouvait-il ? L'animal la regardait toujours, droit dans les yeux. Des yeux emplis de paillettes d'or fixaient les siens, bleus pâles. Les larmes ne coulaient plus. Seule restait l'incrédulité sur le délicat visage de la jeune fille. Fier de lui, le chat parada, la tête haute, devant la demoiselle. Mila éclata tout bonnement de rire. Un rire fin, cristallin, délicat, agréable aux oreilles. Ayant rempli sa tâche, le chat redevint Mike, sous les yeux de nouveaux ébahis de la jeune fille. Sa stupeur se devait et à la transformation et à la tenue très...légère du barman.

Quand le passé rattrape le présentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant