Quand le passé rattrape le présent

Tourmentée

« Regardez, elle ouvre les yeux !

- Mais, ils sont rouges !

- C'est vrai.

- C'est anormal, ils devraient être bruns ou bien verts...

- Et qu'est-ce que cela fait-il ? Elle est notre fille, non ?

- Certes mais...

- Ne prêtez pas attention à la couleur de ses yeux, elle est magnifique, tout comme vous, ma douce.

- Mais enfin, comment voulez-vous que je ne prête attention à ses yeux ? Il s'agit de l'élément le plus visible chez elle !

- L'aimerez-vous moins pour cette seule raison ?

- Bien sûr que non mais enfin...

- Alors cessez de vous miner ma chère et aimez-la comme elle mérite que nous l'aimions.

- Cela ne vous perturbe-t-il pas ?

- D'aucune façon. J'aime notre fille telle qu'elle est et rien ne fera cesser ce sentiment.

- Vous avez raison. »

Non ! Il ne fallait pas penser à cela ! Valia ne devait penser en aucun cas à sa mère car bien que celle-ci n'ai jamais accepté la différence de sa fille, elle était absolument incapable de tuer quelqu'un. Ne serait-ce qu'hausser le ton lui était impensable. Sa douceur était telle qu'elle avait laissé ses enfants dans une bataille où elles n'auraient jamais dû se trouver...

Bref, continuons les recherches...

« Qu'as-tu fais, mais qu'as-tu fais ?! Tu l'as tué !

- Non, je n'ai rien fait !

- Ne mens pas !

- J'ai essayé de le sauver ce n'est pas moi !

- Tu mens ! Tu as dans la main l'arme qui l'a tué !

- Je vous assure que je n'ai rien fait ! Il faut me croire ! Je viens juste d'arriver et...

- Espèce de monstre ! Tu as tué ton meilleur ami !

- Non je...

- Tu as ôté la vie du seul être qui parlait de toi sans crainte !

- Mais...

- Je lui avais pourtant dit de ne pas t'approcher ! Je savais que cela finirait mal !

- Mais écoutez-moi je vous assure...

- Suffit ! Cesse de te chercher des excuses, tu n'es qu'un monstre ! Tu as beau être la fille de la Reine, j'ai toujours su que tu n'étais pas normale, que tu n'étais pas des nôtres !

- Ne dîtes pas ça, je suis comme vous !

- Ah oui ? Regarde-toi ma pauvre enfant ! Tu as les yeux couleur de feu, tu utilises des armes, et tu passes ton temps à t'isoler. Personne ne sait ce que tu fais réellement. Personne à part Liyon. Lui il le savait, et voilà que tu l'as tué !

- Ce n'est pas moi, j'ai vu qui...

- Tais-toi ! Vas-t-en enfant maudite, fille de sang, fille de la nuit, fille du malheur ! VAS-T-EN ! »

Je ne l'ai pas tué..., geignit Valia, il était tout pour moi...

Sa carapace invisible se fissurait. Son corps était secoué de spasmes. Diablack s'en aperçut et s'approcha, de plus en plus inquiet.

Valia prit sa tête à deux mains, en tremblant de tout son être. Elle ne pouvait plus se contrôler. Son corps ne lui obéissait plus. Ses pensées lui échappaient.

Je ne l'ai pas tué...Je l'aimais... murmura-t-elle.

Diablack s'approcha encore et, pour la première fois de sa vie, sentit son cœur se serrer : Valia, cet être si solide et si dur, cette guerrière sans peur, cette créature tellement similaire à lui venait de craquer. Une larme roula sur son visage. Elle pleurait.

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Valia!!, hurla Mila se réveillant en sursaut. Le Maître aussi l'avait ressentie. La peine de l'Elfe aînée. Depuis toujours Mila et sa sœur étaient liées on ne sait comment par un lien très solide. Elles ressentaient mutuellement les émotions de l'autre. Quant au dragon rouge, c'était depuis l'Afluo, soit depuis que l'Elfe et lui s'étaient liés mentalement, qu'il pouvait savoir ce qui se tramait dans la tête de l'aînée. Il le pouvait même si elle souhaitait le lui cacher en barricadant son esprit, mais cela elle l'ignorait. Valia pensait pouvoir le duper et c'était très bien ainsi. Il pouvait alors la surveiller sans aucune inquiétude. Mais cette fois, l'inquiétude, justement, le gagna. Sa protégée pleurait, c'était incontestable. Et c'était bien la première fois qu'elle pleurait depuis qu'Azurea et lui avaient sauvées les deux Elfes de la mort, à Lacynéa. La première fois depuis 7 ans.