Quand la vérité fait plus mal que le mensonge

8 2 0
                                    

La créature aux longues oreilles s'élança à la poursuite du monstre. Jamais il ne s'en prendrait à sa sœur, jamais !

Où était-il ? Valia ne sentait pas l'odeur de la bête et ne la voyait pas non plus dans la pénombre. Mais elle entendait ses pas sur le sol de feuilles mortes. Elle était à gauche, il fallait...

Elle fut brutalement clouée au sol. La puissance du Loup Noir était monstrueuse. Ses énormes pattes appuyaient fortement sur les épaules de l'Elfe. Elle se trouvait en très mauvaise posture.

- Vois-tu, je devrais te ramener en bas, avec moi. Mon Maître voudrait s'entretenir avec toi. Mais je vais peut-être te tuer. Jamais il n'acceptera une créature qui se montre insolente et provocante.

Elle le fit taire d'un coup de tête dans les crocs.

Elle se fit mal au front – son arcade sourcilière gauche se mit à saigner – mais la bête recula.

Se redressant difficilement l'Être Supérieur cria au monstre Souterrain : Que sais-tu de mon père ?

- Tu veux vraiment le savoir ? répondit son ennemi.

- Evidemment !

- Il est mort, Valia.

- Tu mens !

- Non, physiquement, il est mort.

- Mais encore ? demanda-t-elle. Sa voix tremblait. Les larmes lui brûlaient les yeux.

- Ton père n'était pas celui que tu croyais. Il était comme moi. Et toi, tu es comme lui.

- Menteur !

- Du tout. Il était l'un des miens.

- C'est faux !

- Alors pourquoi aimait-il les armes ? Pourquoi se battait-il ? Pourquoi t'a-t-il appris le maniement de l'épée ? Pourquoi t'a-t-il offert un poignard ?

- Parce qu'il était une exception ! Quelqu'un de fantastique, d'extraordinaire !

- Et pourquoi t'aimait-il alors ?

- Liyon aussi m'aimait !

- Je sais. C'est pour cela que je l'ai tué. Ton ami était un être stupide. On ne peut pas t'aimer Valia. Un Elfe ne peut pas t'aimer.

- Arrête.

Chacun de ses membres était secoué de tremblements incontrôlables.

- A ton avis, pourquoi es-tu si différente des autres de ton espèce, Valia ?

- Mila est née du même père que moi.

- Mila ressemble plus à sa mère. Ton père était un Loup Noir. Comme moi. Ton père est mort. Tu ne le reverras jamais.

- Assassin ! rugit l'Elfe en se jetant une énième fois sur son ennemi juré. Elle entendait bien le faire taire à jamais. Elle enchaînait les assauts et les coups d'une force non contenue.

Mais ses attaques étaient vaines, elle s'en rendait bien compte. Bien que redoublant d'efforts, Valia ne parvenait à atteindre franchement l'animal. Puissant et rapide, Miley évitait chaque coup sans trop de difficultés. Par contre, il commençait à se lasser de cette mascarade. C'en était assez. Il assena un bref coup de patte à la tête de son adversaire. Cela l'assomma légèrement mais la pierre située à leur droite renvoya le coup à la jeune fille qui resta sonnée. La bête se positionna au-dessus d'elle. Il dominait. Il était le chef. Il disposait de l'Elfe comme bon lui semblait. Elle ne pouvait plus se défendre.

La tête lui tournait.

Un liquide chaud poissait front, reposant contre la pierre.

Le Loup tourna brusquement de sa patte la tête de la créature. Regarde-moi, lui ordonna-t-il.

Elle ne pouvait que se laisser faire. Il fallait gagner du temps pour pouvoir se rétablir et reprendre le combat. Elle n'allait quand même pas laisser ce Loup gagner !

-Oh que si je vais gagner. La voix rauque résonna aux oreilles sensibles de Valia.

Tu n'es rien. Personne ne t'aime. A qui vas-tu manquer ?

- Aïe ma tête...

- On va retrouver ton corps ici, quand le jour sera levé, et tu seras morte de la même façon que les autres.

- Tais-toi...

- Mais toi, tu vas souffrir, Valia.

- Oh mais tais-toi...

- Tu ne m'entendras bientôt plus ne t'inquiète pas, ricana sadiquement le Loup.

- Cela résonne...

Le loup plongea son regard couleur de sang dans celui de la jeune Elfe. Des flammes semblaient y danser mais elles avaient perdu de leur flamboyance. Elles s'éteignaient progressivement. Bon pour lui. Mauvais pour l'Elfe. Elle devait détourner les yeux ! Il ne devait pas entrer dans sa tête !

- Valia... Je suis là.

- Quoi ?

- Je n'ai jamais cessé de lutter contre lui.

Qui avait parlé ?

Il faut que tu le tues. Venge-moi. Délivre-moi, continua la voix.

- Papa?

Quand le passé rattrape le présentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant