Nouvelle rencontre

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- Valia, est-ce vrai que tu te sens mal ici ?

- Ce n'est pas que je me sens mal Maître, mais cet endroit n'est pas réellement vivable, même pour moi. Certes, je ne dors qu'une nuit sur deux mais un minimum de confort serait de rigueur. Les entraînements occupent la plupart de mon temps mais tout de même, comprends-moi !

- Oui je te comprends. Et crois-tu que ta jeune sœur partage ton sentiment ?

- Je sais que Mila ne se plaint jamais, mais je sens qu'au fond de son cœur elle est triste. Malgré la compagnie d'Azurea et des animaux, ma sœur s'ennuie. Elle a besoin de contact elfique. La seule personne à laquelle elle pourrait s'adresser, je dis bien la seule "personne", c'est moi. Mais je ne suis jamais disponible, pas même pour ma sœur. Et puis tu sais bien que la sociabilité et moi ne faisons pas bon ménage. Je suis même persuadée qu'elle rêve secrètement de découvrir cette ville à quelques kilomètres. Ne serait-ce que pour voir du monde. Même des humains.

- Très bien. Je risque de m'absenter un certain temps. Azurea est au courant mais je te demande tout de même de prendre soin de ta sœur et de restée vigilante. Et ne la laisse pas quitter la Maison avant mon retour. De même pour toi. Bref, ne me pose aucune question, fais juste ce que je te dis.

- Entendu.

L'Elfe aurait apprécié en savoir plus mais les ordres du Maître étaient indiscutables, bien qu'il lui prenait parfois la manie désobligeante de tenir tête au dragon.

Ce dernier parti le soir tombé et ne revint que trois jours plus tard. Il avait ordonné aux Elfes de le rejoindre à l'extérieur, vêtu de leurs longs manteaux sombres à larges capuches afin de dissimuler leurs apparences. Cela avait d'ailleurs beaucoup surprit ses protégées puisqu'il n'y avait pas eu nécessité de porter ces manteaux depuis un bon bout de temps. Plusieurs mois. Une année, peut-être.

Sur le lieu de rendez-vous, les jeunes filles constatèrent que le Maître n'était pas seul. Une silhouette habillée pareillement à elles se tenait à ses côtés. Les Elfes tentèrent de comprendre. Qui était-ce ? Pourquoi le dragon lui faisait-il confiance ? Et pourquoi l'avait-il ramenée ici, alors qu'aucun humain n'était censé ne serait-ce que fouler le sol de cette propriété ? Si le dragon l'avait amené ici, ce personnage devait ne pas être humain. Valia tenta de sonder l'esprit de la "silhouette" afin de vérifier que ses intentions n'étaient pas hostiles, on ne savait jamais, mais fut surprise de se heurter à un mur invisible. Elle se servit donc de sa vision nocturne pour distinguer les traits de l'intrus. C'était un être d'à peu près sa taille, aux épaules plutôt carrées et musclées. A sa posture, Valia devina qu'il s'agissait d'un jeune homme. Mais à cause du manteau du nouveau venu, la jeune Elfe ne put rien voir d'autre.

La mystérieuse silhouette essaya aussi de sonder les esprits de ses interlocutrices mais rencontra le même problème. Le jeune homme savait qu'il avait affaire à deux Elfes. Le dragon rubis lui avait exposé la situation dans un rêve - étrange façon de s'adresser à quelqu'un d'ailleurs - et lui avait quelque peu parlé des jeunes filles. Ainsi, Mike savait que l'aînée âgée de dix-neuf années avait un caractère des plus...surprenant, avait dit l'immense reptile, tandis que sa sœur de dix-sept ans était un ange véritable. La plus grande s'entraînait sans arrêt à combattre, nuit et jour, et s'était ainsi forgé une carrure d'homme, alors que la plus petite maniait l'arc de temps en temps mais occupait surtout ses journées à prendre soin des animaux et des plantes. C'était à peu près tout. Autant dire qu'il ne savait quasiment rien, finalement.

Durant tout ce temps, le Maître avait laissé les trois jeunes gens faire comme bon leur semblait mais à présent, c'était à lui de parler. Il expliqua à ses protégées que l'inconnu allait être leur lien avec le monde des humains. Chaque soir, Mike allait leur apporter de quoi manger, qui changerait des fruits des bois composant habituellement leurs repas et, nouvelle inespérée pour Valia, de quoi entreprendre des travaux afin de rendre la Maison légèrement plus confortable. (Légèrement car le dragon doutait que l'Elfe aînée puisse rénover le château en ruine, même si ses capacités étaient remarquable et que lui-même, le Maître, lui prêtait main forte). Il paraît que l'espoir fait vivre, pensa-t-il. Mila remercia l'étranger mais sa sœur ne bougea pas d'un cil et garda le silence. Elle conserva un air détaché, glacial, voire même très peu amical. Le jeune homme ne s'en préoccupa pas et après avoir à nouveau juré fidélité au dragon rubis et salué la dragonne azur, il s'en alla.

Quand le passé rattrape le présentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant