Une sauveuse mystérieuse

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Mardi 28 septembre. 22 h 59. Une jeune fille se tenait en bordure de forêt. Debout, immobile, elle attendait. Qui ? Elle l'ignorait. Enfin si, elle savait seulement que c'était une jeune personne lui ressemblant un peu – très peu – et qui lui avait sauvé la vie. Cette personne était arrivée, comme cela, la veille, près de la vieille maison dans laquelle elle se trouvait enfermée. La prisonnière ne l'avait pas entendue s'approcher, mais par contre, elle avait bien entendu lorsqu'elle avait défoncé la porte. Son agresseur était alors absent. Elle, bâillonnée et ligotée sur un vieux matelas usé dont les ressors lui pénétraient la peau du dos, ne pouvait rien faire. Elle ne pouvait ni crier ni bouger. Elle pouvait seulement pleurer – ce qu'elle faisait très bien d'ailleurs – et espérer, sans grande conviction, être retrouvée vivante. Car oui, elle craignait pour sa vie. Car oui, ses parents n'avaient toujours pas payé la rançon d'un montant de 250 000€ demandé par son kidnappeur. Car oui, cela faisait déjà une semaine et demie qu'elle était retenue ici, sans boire, ni manger. Elle était épuisée.

Elle regrettait d'être restée si tard à cette soirée. De ne pas avoir appelé sa mère en partant. En fait, sa mère ne savait même pas qu'elle avait fait le mur pour rejoindre ses amis. Et oui, elle était une rebelle. Une délinquante, même. C'était elle qui avait tagué " Sac à merde" sur le commissariat de sa ville. C'était elle qui avait mis le feu aux poubelles du lycée de son frère – ce qui avait également incendié deux arbres proches et dont les flammes auraient très bien pu atteindre l'établissement sans l'intervention des pompiers – et qui avait également manqué tuer une autre fille lorsqu'elle était elle-même au lycée. Pourquoi déjà ? Elle ne savait plus. Mais elle avait la réputation d'être une personne agressive.

Mais pour l'heure, elle voulait voir sa mère. Ou son père. Ou quelqu'un qui la sortirait de ce pétrin ! Elle cesserait de chercher des problèmes, chercherait du travail ou un stage ferait n'importe quoi pour qu'on la sorte d'ici !

C'est à cet instant même qu'elle avait entendu la porte se fracasser. Tout d'abord, elle avait eu peur. Peur que ce soit LUI qui ne revienne. Peur qu'il ne la batte encore. Ou qu'il ne la viole. Encore. 2

La porte de sa "chambre" aussi avait sauté. Paniquée, elle avait fermé les yeux, attendant la sentence. Attendant les coups.

Rien ne s'était produit.

Elle avait ouvert les yeux.

Une jeune fille se tenait debout, auprès d'elle. Lorsque leurs regards s'étaient croisés, la prisonnière avait frissonné. Des yeux rouges. Non. Oranges. Ou bien les deux.

La jeune fille s'était accroupie auprès d'elle, avec un couteau de cuisine à la main. Le même que celui que prenait son agresseur pour venir la voir ! Elle était de mèche, avait-elle pensé, cette fille voulait la tuer !

La lame avait toutefois été utilisée pour couper ses liens. Puis, le bandeau qui l'empêchait de parler lui avait été ôté.

Voilà comment elle avait connu cette fille. Après, celle-ci l'avait aidée à se remettre sur pieds, très rapidement, en pas même deux jours. Elle l'avait conduite chez elle et lui avait prêté sa salle de bain et son réfrigérateur. Cela n'avait guère compensé la semaine de jeun et d'insomnie mais au moins, elle se sentait mieux.

Et là, ce soir, la jeune fille dont elle ignorait le nom lui avait demandé de l'attendre près du bois. Elle le fit. Oh certes elle avait peur. Mais elle avait aussi confiance en cette personne. Elle était sa sauveuse, son modèle.

Quand le passé rattrape le présentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant