Quand le passé rattrape le présent

Une idée approuvée

Que s'était-il passé ? Comment se faisait-il qu'elle ait ainsi été attirée ? La musique n'avait jamais d'effet sur elle d'habitude ! Peut-être que c'était la voix de ce jeune homme qui l'avait envoûtée. Et puis de là à le trouver beau... N'importe quoi ! Un humain ? Beau ? Impossible haha ! Mais alors avait-elle été victime d'un magicien, qui l'aurait envoûtée grâce à un puissant sortilège ? Non...
Tout cela était bien étrange pour Valia. D'ailleurs elle avait bien failli être vue. Elle devrait se montrer plus prudente à l'avenir. Pourtant les Elfes étaient d'une discrétion remarquable ! Un humain n'aurait jamais pu sentir sa présence ! Ce qui voulait dire que ce jeune homme ne pouvait qu'être un Être Supérieur, comme elle. Donc la thèse du magicien se confirmait. Non, il n'en avait pas l'air. Il n'existait aucun être, magicien ou non, capable de charmer quelqu'un. Aucun à part un Elfe. Or il n'en était pas un. De cela, Valia en était certaine. Mais alors, de quelle espèce était-il ? Bon tant pis, elle réfléchirait à cela plus tard. Quoiqu'il en soit, personne ne devait être au courant de cet incident. Personne à part la Maître car il savait toujours tout, de toute manière. Si seulement cela pouvait quand même lui rester secret... Juste ça.

L'Elfe regagna la Maison des questions plein la tête mais les chassa bien vite en arrivant devant le Maître. Là, elle prit son épée de métal, et entama ses entraînements nocturnes (qui ne lui servaient strictement à rien puisqu'elle savait manier l'épée mieux que quiconque). L'Elfe ne dormait pas vraiment la nuit, mais elle s'accordait parfois quelques minutes de repos la journée. Contrairement à Mila, Valia s'était habituée à ne dormir qu'une nuit sur deux - et encore - et cela lui convenait parfaitement. Même lorsqu'elle fermait les yeux, l'Elfe était toujours aux aguets. Un seul frémissement suspect et elle bondissait sur ses jambes, l'arme au poing. Et cela lui plaisait. Sa petite sœur, par contre, appréciait beaucoup moins ce comportement, si ce n'était même pas du tout. Rien ne pouvait leur arriver en ce lieu d'après elle et Mila ne comprenait pas pourquoi son aînée s'obstinait tant à se conduire comme si une guerre allait éclater. « On ne sait-jamais » répondait celle-ci à chaque fois que Mila lui posait la question.

Quoi qu'il en soit, Valia s'entraîna toute la nuit - sans que le dragon rubis n'évoque l'incident précédent - et le lendemain matin, retrouva sa sœur pour le petit déjeuner.

Comme à leur habitude, elles ne parlèrent pas. Valia ne supportait pas le bruit le matin. Déjà qu'elle ne supportait pas grand-chose, mais le matin c'était encore pire.

Juste au moment où l'aînée se levait de sa chaise, Mike apparut sur le seuil de la Maison, la chemise ouverte. Il bâilla, s'étira, bâilla encore et regarda dehors.

- Salut les filles !

- Mike ? Mais qu'est-ce que tu fais là ?

- Bah...

- Il a dormi ici, intervint Mila. Vu que l'absence d'eau courante et d'électricité était vraiment handicapante, Mike a trouvé la solution et a tout arrangé. Pendant que tu étais absente, il a cassé et creusé certaines parties du mur et du sol. Il a enlevé le carrelage avant, bien sûr et le Maître l'a aidé. Puis Mike a tout réparé. Et oui Valia, tu n'es pas la seule à être intelligente.

L'aînée arqua un sourcil et adressa un regard noir à Mila. Sa sœur n'avait aucun droit de lui parler ainsi. Personne ne lui parlait ainsi.

- Pardonnes-moi grande sœur, s'excusa Mila baissant honteusement la tête.

- Mouais. Ne recommence pas.

Valia se dirigea ensuite vers les écuries, afin de saluer Diablack mais se ravisa en entendant des chuchotements dans son dos. Elle tendit l'oreille.

- Mila, j'ai une idée, disait Mike, mais je doute fort que cela ne plaise à ta sœur.

- Je t'écoute.

- Et bien, en fait, je dois aller voir des amis aujourd'hui et en voyant vos tenues, à Valia et toi, et voulant récupérer mes chemises aussi, je me suis dit que ça ne serait pas mal que vous m'accompagniez en ville pour vous acheter de nouveaux habits.

- Ce serait formidable ! Es-tu vraiment sûr de bien vouloir ? Et puis, que vont me dire les humains en me revoyant ?

- Ils ne te diront rien du tout ! s'exclama l'Elfe aînée, se joignant à la conversation. Mike a eu une très bonne idée et nous allons accepter. Quant aux humains, ne t'en fais pas. Si un seul envisage même de parler sur notre dos, je lui en colle une !