Prête à tout

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Mike était parti. Toute la journée, Valia avait expliqué à sa sœur comment s'infiltrer quelque part en toute discrétion. Toute la journée, elle lui avait fait répéter les gestes à effectuer et les postures à prendre afin de se fondre dans l'ombre. Toute la journée elle lui avait montré comment réagir au cas où elle serait découverte.

Se mouvoir comme un chat. Masquer son visage. Porter des gants afin de ne laisser aucune trace. Longer les murs. Ne faire aucun bruit pour déjouer les vigiles - car il y en aurait sûrement - et se faufiler furtivement à l'intérieur du laboratoire. Comment ? Oh c'était très simple: escalader le mur s'il y en avait un a escaladé, se cacher dans l'encadrement de la fenêtre, si elle en possédait, glisser un fil de barbelé du côté de l'ouverture et le tourner vers la gauche pour ouvrir le loquet. Tout à fait normal. Très simple. Puis ensuite, il suffisait d'éviter toute source de lumière et de fouiller sans omettre de tout remettre exactement à sa place, au millimètre près. Et si elle se faisait surprendre ? Se glisser derrière l'intrus et l'assommer avec un objet qu'elle aurait à portée de main. Ou bien lui glisser sous le nez une potion soporifique dont les effluves l'endormiraient. Et une fois que Mila aurait trouvé l'élément convoité, soit la mèche de cheveux de Valia, elle devrait la remplacer par celle de l'innocente assassinée par l'aînée et s'en aller en prenant soin de refermer la fenêtre en tournant le fil barbelé en sens inverse. Rien de plus facile ! Un jeu d'enfant, disait Valia !

Sauf que Mila ne savait pas faire. Elle ne voulait pas savoir. Pourquoi sa sœur ne le faisait-elle pas elle-même, hein ?

***

9h. Mila était enfin allée se coucher, il y avait de cela presque 10 h. Elle était épuisée. Evidemment, puisque sa sœur lui avait impitoyablement fait répéter sans cesse les mêmes gestes. Valia lui laissait cette journée pour se reposer. Seulement cette journée. Super ! Et sa sœur qu'allait-elle faire, elle ? Sélectionner une personne aux critères très précis, soit ayant été seule au moment des meurtres et ayant des cheveux bruns avec des reflets bordeaux, l'attirer loin de tout témoin et la tuer en maquillant cela en suicide. Ce n'était pas une mince affaire. Un travail sale, répugnant, horrible. Mila vivait en plein cauchemar.

9 h 30. Valia arpentait les rues de la ville comme si de rien n'était. Comme si elle ne s'apprêtait aucunement à pénétrer dans le commissariat par une fenêtre du toit. Comme si elle n'allait pas s'introduire illégalement dans un lieu plein de flics et fouiller dans les fichiers des personnes disparues.

Il était fort culotté de commettre une effraction aussi folle de jour, mais cela montrait à quel point Valia était prête à tout. Rien ne l'effrayait. Au contraire, le fait d'agir sous le nez des policiers lui plaisait.

La voilà. La porte du commissariat. L'Elfe/humaine vérifia qu'elle n'était pas le centre d'intérêt et entreprit de contourner le bâtiment. Elle le connaissait maintenant, pour être venue se promener par-là plusieurs fois de nuit.

La jeune fille savait que derrière le commissariat se trouvait une grande cour fermée et escalada le mur qui la bordait.

La cour était séparée en deux parties bien distinctes: l'une, celle dans laquelle elle atterrirait si elle sautait du mur, était vide. Un simple espace de gravier, sûrement là où les policiers venaient prendre l'air pendant leur pause. Enfin, s'ils avaient une pause.

L'autre secteur de la cour était un chenil. Valia entendait les chiens japper mais ils ne s'intéressaient pas à elle, bien qu'ils l'aient sentie. Elle savait que les animaux l'avaient repérée car ils avaient subitement fait une pause dans leurs jappements, avant de reprendre de plus belle. Ce qui signifiait que sa présence ne les dérangeait aucunement.

Tant mieux.

Elle marcha en équilibre sur le mur jusqu'au toit du bâtiment. Une fois au bord des tuiles, l'Elfe/humaine entreprit d'escalader ces tuiles, sans faire le moindre bruit et donc en prenant mille précautions.

Les chiens continuaient d'aboyer mais ils la regardaient fixement à présent curieux. Ils ne jappaient pas pour la menacer ou lui attirer des problèmes, mais au contraire pour que tout paraisse normal. Ils l'aidaient. Elle leur en était reconnaissante.

Quand le passé rattrape le présentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant