Une rancœur sans nom

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- Attends ! Merci Mila.

- Comment ça ?

- De me tenir au courant. Et surtout, de croire en moi, en mon innocence. Et donc, tes amis pensent que c'est moi ?

- Valia...ce sont tes amis aussi...

- Plus maintenant.

- Tu ne peux pas dire ça !

- Dis-moi tout. Je sens que tu veux me dire autre chose.

- C'est vrai. Tarnak n'était pas là. Valmir si, mais il ne parlait pas. Je ne voudrais pas émettre des hypothèses trop hâtives mais je pense qu'il est parti à ta recherche.

- Oh non... Il ne faut surtout pas. Je ne veux pas qu'il me gêne. Je n'avais pas besoin de cela...

- C'est si grave que cela ?

- Je ne vais pas te mentir. Oui c'est grave, tu dois t'en douter.

- Sais-tu qui ... ?

- Pas encore. Mais je cherche.

- Fais attention à toi, ne te fais pas de mal.

- Tu me connais.

- Justement.

- Bref, merci de m'avoir informée de la situation. Je te laisse. Naloya (au revoir).

- Naloya belinya, isayne (Au revoir grande sœur, je t'aime).

Mila avait mal au coeur. Elle savait pourquoi : c'était sa sœur qui ressentait cela. Valia avait le cœur serré, et elle avait pleuré. La situation était vraiment très grave. Mais comment l'aider ? En l'informant de l'évolution de l'enquête, sans doute. La cadette ne pouvait faire que cela. Mais avec l'aide de qui ? Plus personne ne faisait confiance à Valia. Mis à part peut-être Tarnak... Non, il ne fallait pas se faire d'idée. Il était certain qu'il voulait la trouver non pas pour l'innocenter, mais plutôt pour la ramener ici, et la faire enfermer. Il était un traître comme les autres ! Quoique... Oh mais comment faire ? A qui faire confiance ?

《 Mila ? 》

Quelqu'un l'appelait.

《 Mila ? 》

Une voix d'homme.

《 Réponds-moi, s'il te plaît. 》

Un homme qu'elle connaissait.

《 Allô ! 》Cette fois une large main se posa sur son épaule. Elle sursauta et se retourna, mécaniquement.

《 Ah enfin tu réagis. 》

C'était Mike.

《 Demain c'est l'enterrement d'Alexia. On y va avec les mecs et tous les commerces du coin vont rester fermés toute la journée, en signe de deuil. Etant donné que tu dois rester avec moi, préfères-tu que je dorme chez toi ce soir ou que tu viennes chez moi ? 》

Pour toute réponse, la jeune fille se détourna et se passionna à contempler un tableau sur le mur en face d'elle. Il était peu joli à vrai dire, mais peu importait. Il représentait des formes symétriques, des carrés noirs, blancs et gris. Des couleurs fades. Certaines formes étaient pleines, d'autres vides. Elles étaient en relief et donnaient donc comme l'impression de sortir du tableau, de venir à vous. Comme si l'ensemble représentait une chose ouverte qui fondait sur vous pour vous happer. Désagréable sensation. Mais tout de même fort intriguante, si ce n'était hypnotisante. Des carrés hypnotiseurs ? Tout à fait étrange.

Mila ne répondrait pas, bien qu'il lui fût fort difficile d'ignorer son ami.

《 Mila, je t'en prie, dis quelque chose. 》

Toujours rien. Mike compris que sa jeune amie lui en voulait profondément. D'ailleurs, tout le monde ici le ressentait, même les humains, tant la rancune de la jeune fille était visible. Cela se voyait comme une tâche de sang sur un carreau blanc.

《 Ecoutes, 》continua-t-il, 《 je comprends que tu m'en veuilles, mais vois les choses en face... Non ? Après tout tu as peut-être raison, elle est peut-être innocente, mais en attendant, tout s'acharne contre elle 》, chuchota l'Impérial près de son oreille.

Voyant que rien ne ferait sortir Mila de son silence, le jeune homme déclara qu'ils dormiraient tous deux chez Mila le soir-même, elle dans sa chambre et lui sur le canapé, en bas. A moins qu'elle ne préfère qu'il occupe le tapis à côté d'elle ?

Cette tentative de blague fut vaine. Totalement vaine. Elle accentua peut-être même la distance provoquée par la jeune fille.

Alors, à contre cœur, et quelque peu peiné de la situation, Mike retourna à son bar, au service de ses clients avec Mélanie, tout en jetant un regard de sincère désespoir aux autres jeunes hommes près de lui. Ceux-ci lui répondirent par un seul et même regard signifiant : "Nous sommes-là". Mais, malgré la complaisance de ses amis, le barman ne s'en sentit pas moins malheureux.

Quand le passé rattrape le présentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant