Quand le passé rattrape le présent

Manque de confiance

Grâce au flair de Tarnak, les jeunes hommes retrouvèrent bien vite Bandit. Il les attendait. Mais le canidé ne bougea pas d'un poil en les voyant arriver. Il les fixait. D'un regard brillant. Menaçant. Très menaçant. Mais pas de la menace d'un chien s'apprêtant à mordre. Plutôt de celle qui voulait dire "si vous cherchez Valia, vous le regretterez". Et c'est exactement ce qu'il dit à Tarnak lorsque ce dernier l'appela. Le jeune homme l'entendit clairement dans son esprit.

Puis, le ton du chien s'adoucit et devient plus un couinement qu'autre chose dans la tête du garçon :

Je vous en conjure, ne revenez plus ici. Restez en dehors de tout ça. Faites-le pour Valia. Ce qu'il se passe est plus grave sur vous ne pouvez l'imaginer. J'ai essayé de la convaincre de rentrer avec moi. Elle n'a rien voulu savoir ! Valia m'a répondu qu'elle seule pouvait empêcher que ça recommence. Elle sait pour votre amie et elle se doutait qu'on l'accuserait, alors elle a préféré partir plutôt que de voir tous vos regards noirs. Elle n'aurait pas supporté d'être traitée comme une criminelle. Voilà ce qu'elle m'a dit. A présent, croyez-moi ou non, j'ai fait mon boulot et je ne dirais plus rien.

Tarnak résuma à son ami les paroles du chien. Ils étaient tous deux soulagés. Maintenant, Mike était déterminé à innocenter l'Elfe. Elle seule pouvait régler les choses ? Elle seule face à un monstre ? Et quel monstre ! Un personnage qui lui ressemblait, qui tuait avec les armes que possédaient Valia ! Que pourrait-elle bien faire, seule, face à ça ? Bon ok, cela était peut-être de son ressort. Mais alors, contre les policiers à ses trousses ? Des policiers avec des chiens ? Ceux-ci croiraient-ils en son innocence ? Les chiens écouteraient-ils Valia ? Pas sûr. Il devait appeler Hugo et Thomas, pour savoir où en était l'enquête. Et il devait raconter à Mila quels soupçons pesaient sur sa sœur, afin qu'elle puisse l'éclairer, peut-être, sur l'identité du meurtrier. Ce serait déjà quelque chose qui pourrait aider Valia. Mike ! entendit-il soudain dans son esprit, va à la Maison, protège Mila ! Surtout, qu'elle soit accompagnée en permanence. Elle ne doit jamais rester seule ! JAMAIS !

La voix de Valia se tut. Son ton ne laissait aucun choix possible, et si elle estimait sa sœur en danger, il était primordial d'assurer sa sécurité. Soit, il s'arrangerait pour que Mila ne soit jamais seule. Et connaissant l'Elfe aînée, elle ne voudrait sûrement pas que quelqu'un d'autre que Mike ne connaisse la localisation de la Maison. Les dragons seraient sûrement là. Le jeune homme leur dirait qu'il a du nouveau.

Quant à Tarnak, lui, il n'avait qu'une idée en tête, et une seule : retrouver Valia. Les paroles du chien n'avaient fait que le convaincre d'avantage, plutôt que de le dissuader. Et cela lui permettrait sûrement de savoir ce qu'elle était, bien qu'il ne soit plus vraiment certain de vouloir le savoir....

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Mila ! s'écria Mike en déboulant dans la Maison comme un ouragan. Ah ouf tu vas bien. J'ai du nouveau, ajouta-t-il. Et j'ai ramené Bandit.

Les dragons arrivèrent à cet instant. Leur regard était grave. Mais ils savaient ce qu'allait dire Mike, ils avaient lu dans ses pensées.

- Je t'écoute, dit Mila, avec la faiblesse d'une personne n'ayant pas dormi depuis quelques jours. Elle avait les yeux brillants d'une personne qui avait pleuré.

L'Impérial lui raconta tout ce qu'il savait, absolument tout. Bandit ne put qu'approuver son discours. Le jeune homme était visiblement très inquiet, il ne pouvait donc pas mentir. Il ne mentait pas de toute façon, les dragons l'auraient su sinon.

- As-tu une idée de qui cela peut-être ?, demanda finalement Mike.

- Absolument aucune. Mais quand elle t'a parlé, comment semblait-elle ? Je veux dire, comment était sa voix ? Tremblait-elle ?

- Mmh...maintenant que tu le dis...oui. Enfin non, sa voix ne tremblait pas mais elle était bizarre. Elle était très inquiète. Mais vraiment. Et sa détermination était effrayante. Comme si... Comme si elle s'apprêtait au pire. Comme si...

- Elle n'allait jamais rentrer, acheva Mila.

- Oui.

- Mais elle rentrera. Elle s'en sortira, comme toujours.

- Mila tu n'es pas crédible, arrête de te faire du mal.

- Elle ne nous laissera pas. Tu ne la connais pas. Et s'il se passe quelque chose, le Maître interviendra. Il la sauvera.

- Mila...

- Laisse-moi.

- Mais je dois te protéger, Valia me l'a demandé !

- Azurea et le Maître sont là, je ne risque rien.

- Tu...

- Je suis en sécurité ici. Retourne travailler. Fais lui confiance si tu tiens à ma sœur. Et dis aux autres de faire de même. Si elle vous a dit de ne pas vous en mêler, c'est que vous devez rester en dehors de tout ça. S'il te plaît. Cela pourrait la mettre en danger, alors ne faites rien de stupide. Dis-le à Tarnak. Aux autres aussi mais surtout à lui.

- Tu es sûre de toi ?

- Je lui fais confiance, moi !

-... Très bien... Tiens-moi au courant.

- Toi aussi.

- Oui. Et appelle-moi si ça ne va pas Mila. Si tu as un mauvais pressentiment par exemple.

- Soit, je le ferais.

- Merci.

- Au revoir.