Grands travaux

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C'est ainsi que, chaque soir, Mike revint, apportant toujours quelque chose. La première fois, il ne leur remit que des légumes mais s'étant fait remonté les bretelles par Valia qui voulait de la viande rouge et tendre, il en apporta également par la suite. Depuis quand les Elfes mangeaient de la viande ?

La semaine suivante, le jeune homme ramena également tout un attirail de maçon : deux truelles, du mortier, une auge, une règle, des piquets, des cordeaux, des ciseaux à pierre et un burin. Mais également des planches et des barres de fer.

Au grand étonnement de tous, Valia prit la parole :

- Où as-tu trouvé tout ça ?

- Un ami qui bosse là-dedans.

- Cela t'a coûté cher ?

- Nan il m'a tout donné.

- Il sait pourquoi tu voulais ces instruments?

- Je lui ai dit que des amies à moi faisaient des travaux et qu'elles avaient besoin de matériel.

- Il ne t'a pas posé de questions ?

- Non. Je lui ai dit de ne pas le faire. Il me fait confiance.

- Très bien. Remercie-le de notre part.

- Ok.

- Et merci à toi de nous aider.

- Mais il n'y a pas de quoi, c'est normal.

- Au fait pour la nourriture laisse tomber. On peut se débrouiller seules.

- Ah bon? interrogea Mila.

- Absolument.

- Euh ok, répondit le jeune homme, fort surpris.

Sur ce, l'Elfe, toujours munie de son grand manteau sombre, prit le matériel et se mit au travail. Il était environ 22H. Elle ne savait pas ce qu'elle pourrait faire des planches et des barres de fer mais elle s'en occuperait plus tard. Pour l'instant, Valia comptait regrouper toutes les pierres éparses puis utiliser les ciseaux à pierre afin de les couper proprement. Ensuite, elle préparerait les piquets et les cordeaux pour délimiter la façade. Elle demanda également à Mike de lui apporter, le lendemain, de quoi retailler correctement les pierres et ainsi reconstruire la façade de façon élégante et régulière. L'Elfe aînée s'absorba ainsi dans sa tâche tandis que Mila remerciait une fois encore le jeune homme pour l'aide qu'il leur prodiguait, puis le laissa prendre congé. Enfin, elle décida de rester éveillée et de se mettre à la disposition de sa sœur au cas où celle-ci aurait besoin d'aide, bien qu'elle doute que ce serait le cas.

Valia détenait son savoir de l'observation des humains. Ces créatures avaient beau être humaines, leur savoir et leurs compétences dans des domaines très variés étaient intéressants. Et utiles. C'est ainsi qu'un jour, ou plutôt une nuit, il y avait de cela trois ans, en quittant les rues d'une ville fantomatique elle s'était s'enfoncée à l'extérieur de cette masse de constructions. Un peu à l'écart de ce lieu, se tenait une bâtisse fort simple, seule, unique au milieu d'une petite parcelle de champ. De la lumière filtrait par les fenêtres sans rideaux et un bruit plutôt fort de coups régulièrement martelés parvenait à l'extérieur. L'Elfe, rabattant sa large capuche au maximum s'était approchée de l'une de ces fenêtres, curieuse. Quel mal y avait-il à s'intéresser quelque peu aux humains ?

Alors, discrète comme un chat, Valia s'était fondue dans un coin d'ombre, juste à côté d'un carreau de verre, afin de voir sans être vue. A l'intérieur des murs de pierres se trouvait un homme, d'une quarantaine d'années tout au plus, tenant dans la main droite une sorte de bout de bois avec une pierre étrange au bout - Valia apprit le lendemain qu'il s'agissait d'un marteau - et dans la main gauche un morceau de fer, court, allongé, et plus fin au bout, appelé burin. L'homme se tenait debout. Devant lui était lourdement posée une grosse pierre - une vraie pierre - qui avait dû être à peu près rectangulaire avant. Car maintenant, elle avait plutôt la forme d'un demi-corps de femme. Assez belle la femme semblait-il. Valia avait été subjuguée par ce martèlement quasi incessant, sans bavure. Il était surprenant pour elle qu'on puisse réaliser une œuvre aussi fragile et aussi belle avec un outil pareil. Ce spectacle lui semblait si agréable que la jeune Elfe revint la nuit suivante, avec l'espoir de voir la suite de l'ouvrage. L'homme était bien là, avec sa pierre, son marteau et son burin. Puis, ce manège repris encore six nuits. Tant et si bien qu'en plus de la sculpture de femme achevée, Valia pu voir comment retailler une pierre pour construire une maison ainsi que la graver et la rendre unique.

La quasi-totalité du savoir de Valia sur le travail et les capacités humaines étaient basées sur ce genre d'observations. Le reste lui venait des deux dragons, qui avaient voyagé à travers les mondes et possédaient des connaissances extraordinaires sur ceux-ci.

Quand le passé rattrape le présentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant