chapitre 1

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Je me nomme Saratou Ouédraogo. Mais tout le monde m'appelle Sara. Je suis issue d'une famille peu opulente. Mon père, commerçant, vit à Bobo Dioulasso avec toute sa famille. Nous étions nombreux car selon les coutumes musulmanes, l'homme pouvait prendre jusqu'à quatre femmes. Ainsi, ma mère avait une coépouse. Je vous présente ma famille.

Salam mon père, je vous passe l'âge de mon père.
Mariam ma mère, et la première femme de mon père,
Zenabou, ma belle mère,
Noufou mon frère aîné,
Karim le suivant il y'a quatre ans d'écarts entre eux,
Moustafa le suivant, trois ans d'écart avec Karim,
Ensuite il y'a moi, trois ans d'écart d'avec Moustafa;
Après moi il y'a Mohammed, deux ans d'écart;
Puis enfin Lamine, trois ans d'écart.
Je ne me venterai pas en disant que mes parents savaient très bien ce que voulait dire la planification familiale.
Ma mère s'est mariée avec mon père à 18 ans et elle a immédiatement eu Noufou à 19ans. En gros nous étions six enfants.

Je vous passe chez ma belle mère. Mon père l'a pris pour femme lorsque je n'étais pas encore née selon les dires de Noufou. A environ 2, 3 ans avant ma naissance. Et elle a eu trois enfants dont Minatou la première, et elle me dépasse d'un an, Roucky la seconde que je dépasse de deux ans et Soumaïla le dernier que je dépasse de quatre ans.

Je dirai comme description de ma personne, que je suis calme, je ne parle pas trop sauf avec les gens que je connais très bien, je suis un peu réservée et je n'aimais pas me plaindre pour rien. J'étais timide. Physiquement je n'étais pas très belle, mais je ne laissais pas les garçons indifférents non plus. J'étais un peu mince, pas grande, avec quelques formes.

Comme vous le savez, dans une famille polygame c'est la plupart du temps la guerre entre les femmes. Ma mère ne s'entendait donc pas avec ma belle mère. Elles se chamaillaient très souvent. Mais bien heureusement, mon père a fait en sorte qu'il n'y ait pas de conflit entre nous les enfants. Nous nous entendions très bien et même, Roucky et moi étions inséparables. Nous étions les meilleures copines et nous nous disions presque tout. Inutile de vous dire que nous n'approuvions pas du tout le comportement de nos mères.

Étant la seule fille de ma mère,j'essayais tant bien que mal de lui faire entendre raison mais il n'y avait rien à faire. Elles ne s'aimaient pas, mais elles essayaient souvent de faire semblant pour ne pas décevoir pon père. Je m'entendais bien avec Minatou mais nous n'avions pas pour autant des liens forts. Je la respectais parce qu'elle est mon aînée. Elle était toujours seule et isolée sans son coin. Elle ne parlait pas beaucoup et était réservée. Je vous passe la description des garçons. Vous le découvrirez au fur et à mesure.

Alors je disais que nous vivions à Bobo dans un quartier de commerçants. Mon père vendait des pagnes et des tissus au marché où il avait ouvert une boutique. Il possédait aussi des boeufs et des moutons que nous élevions. Il ne les vendait pas mais à certaines approches de fête il décidait d'en vendre certains lorsqu'il jugeait que le troupeau était assez grand. Notre cour était grande et divisée en deux. Ma mère occupait une aile avec nous tandis que ma belle mère vivait dans l'autre aile. Notre aile était plus grande car nous étions les plus nombreux. Il y'avait aussi la cour centrale composée d'une maison moyenne où mon père se réfugiait quand il voulait être seul. Je me retrouvais très souvent dans l'aile de ma belle mère pour jouer avec Roucky et elle aussi venait jouer avec moi. Lorsque j'allais chez Roucky, lorsque sa mère était là, elle me chassait et me disait de retourner dans les jupons de ma mère. Alors j'y allais quand elle n'était pas à la maison.

Mon père avait réussi à avoir deux boutiques et avait délégué ses deux femmes pour les gérer. Il était donc le patron et passait vérifier que le travail est bien fait, pour faire les comptes et souvent quand il n'avait rien d'autre à faire, il allait les aider à vendre.

Mon père n'était pas le meilleur père du monde, j'en conviens, mais il était très gentil et juste avec nous. Il nous a donné une bonne éducation comme on dit. Je n'avait jamais manqué de rien. Toutes les fêtes il tuait un mouton et il donnait l'argent nécessaire à mes "mères" pour se payer des habits des chaussures et tout le reste. Nous avions aussi un nouveau "habit cousu" à chaque fête. Nous ne nous plaignions jamais de ce que nous avons.

Dans notre famille, mon père avait décidé de nous inscrire tous à l'école. Contrairement à certaines familles qui intercallaient les inscriptions. Les enfants allaient à l'école selon leur naissance. Si l'ainé est inscrit, alors le suivant restait pour s'occuper de la maison. C'était un peu comme une tradition.

Nous sommes donc tous allés à l'école. Il y'a eu Noufou, Moustafa et Karim et ensuite moi. Je suis rentrée à l'école à 7 ans. A l'époque n'importe qui n'allait pas à l'école et surtout les villageois ne faisaient pas confiance à l'école du blanc. Les pensées rétrogrades je dirai...

Après moi s'en ai suivit mes frères et soeurs. Noufou était le plus intelligent de la famille et surtout, il se battait. Il n'a jamais redoublé de tout son cursus et a obtenu son bac haut les mains. En ces temps,on ne souffrait pas pour avoir du boulot alors après le baccalauréat, il a eu la chance de se faire embaucher à l'agence telmob du quartier. Cela a été une bonne chose pour nous tous car nous voulions suivre ses pas. Comment vous dire que c'était le grand frère idéal. Le grand frère modèle. Il était toujours correct et stricte. Il ne faisait jamais de coup bas et était toujours poli avec tout le monde. Je l'admirait beaucoup. C'était en quelque sorte mon idole.

Quant à Karim et Moustafa, ils se débrouillaient je dirai. Ils aimaient l'école mais ils n'avaient pas les capacités nécessaires alors ils redoublaient très souvent et par finir ils ont repris l'entreprise familiale. Par là j'entends les magasins de mon père.

Ensuite moi, je reconnais que je n'étais pas intelligente, mais j'aimais l'école aussi. Je me battais beaucoup pour réussir et cela m'a réussi je dirais car j'ai pu obtenir mon baccalauréat malgré tout. Mohammed était la brebis galeuse. Il avait horreur de l'école et il ne voulait jamais y aller. Si bien que mon père le frappait très souvent et le conduisait à l'école lui même. Mais tout cela n'a servit à rien car au final il a quitté l'école pour se débrouiller tout seul. Mon père ne voulait pas le laisser gérer ses boutiques car, disait-il, c'était un incapable. Mais Lamine s'était battu lui aussi comme moi et il avait réussi.

Quant à mes demi frère et soeurs, ils sont aussi allés à l'école mais Minata a quitté l'école à 18 ans pour se marier. Je trouvais cela bizarre que mon père ait accepté aussi facilement c'était sa première fille avant tout. Mais Roucky me racontait que c'était parce qu'elle avait piqué une grossesse. Personnellement j'étais un peu sceptique car je ne la voyais pas se mettre avec des garçons. Vu que comme je l'ai dit plus haut elle était calme et réservée. Mais je ne l'ai jamais vraiment su car elle ne me l'a jamais avoué et personne n'en a parlé. En Afrique ce genre de sujet était tabou. Les enfants n'avaient pas le droit de poser des questions. Ils devaient seulement obéir. Toujours est-il que quelques temps après s'être mariée elle a accouché d'une petite fille, alors il se peut que Roucky ai eu raison. De toutes les façons, ce n'est pas mon problème. Je n'aime pas me mêler de ce qui ne me regarde pas.

Roucky était un peu comme moi même si elle a redoublé très souvent à l'école. Soumaïla faisait aussi de son mieux pour bien étudier et ne pas décevoir mon père.

Voilà comment se présente ma famille. Vous les découvrirez plus dans la suite de l'histoire.

Bezuu😘😘😘😘

Un Bonheur Enfin TrouvéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant