Un Bonheur Enfin Trouvé

chapitre 38

L'infirmière qui s'était levée s'approche de moi et me sourit.

-ne vous en faites pas madame, tout va bien se passer. Je vais vous aider.

La bonne nouvelle est qu'elle est gentille. Ça vaut ce que ça vaut. Je n'aurai pas à me disputer.

-je vais vous donner quelques signes que vous pourrez employer lorsque vous avez besoin de quelque chose, mais en attendant voici un papier et un bic. Vous allez écrire ce que vous voulez et je vous l'apporte. Si j'en ai la possibilité bien sûr.

Elle finit avec un sourire. Elle sort en même temps de sa poche un bout de papier qu'elle me tend. Mes mains ne sont pas paralysées, c'est déjà ça de gagné. Je prend la feuille et gribouille vite "toilettes". Il y'a un bout de temps que j'en ai envie. Elle le reprend, me regarde et sourit à nouveau. A croire qu'il n'y a que ça qu'elle sait faire. C'est agréable d'avoir une infirmière réceptive mais tout de même. Heureusement qu'elle est belle. Et habillée de son uniforme blanc immaculé d'infirmière elle ressemble plus à une poupée.

Elle ressort quelques instants et revient en poussant un fauteuil roulant. Elle l'arrête à côté du lit et vient m'aider à me lever. Mon mari rentre au même moment et nous voit. Il accourt presque aussitôt pour l'aider à me mettre sur la chaise. Il propose de m'accompagner aux toilettes. Je ne dis rien mais je ne le sens pas du tout. Je me sens gênée. Oui c'est mon mari, mais c'est tout ce dont je me rappelle. A-t-on fait l'amour ? Depuis quand sommes nous mariés ? Un tas de questions que je devrais sûrement lui poser.

Il me pousse dans la salle de bain et me soulève puis me pose sur la cuvette. Je le regarde intensément en espérant qu'il comprenne que je veux être seule. Il me regarde pendant un bout de temps puis finit par s'exclamer.

-ah, tu veux que je te laisse seule ?

J'acquiesce.

-d'accord... Je suis devant la porte alors au cas où.

Il ressort avec un sourire triste sur le visage. J'aimerais bien savoir ce qu'il a car il a toujours l'air triste. Je me démerde alors toute seule pour soulever la robe d'hôpital qu'ils m'ont enfilé. Heureusement que c'est une robe, et heureusement que je n'ai pas de dessous. C'est plus facile ainsi. Mais en réalité c'est très difficile d'uriner lorsqu'on a pas tous ses membres.

Nous devrions vraiment remercier le Seigneur de nous donner la chance d'avoir tous les membres intacts car ceux qui ne les ont pas vivent un supplice. Je finis, me nettoie et me rends compte que j'ai pas de voix pour prévenir qui que ce soit que j'ai fini. Qu'est ce que je fais dans ce cas. Je me mets à taper sur la cuvette des toilettes et quelques instants plus tard Ahmed ouvre la porte.

-tu as fini ?

Je hoche la tête et il s'avance vers moi.

-un bon moyen de prévenir quand même. En faisant allusion à mes coups.

Il me soulève et me replace sur la chaise qu'il repousse dans la chambre. Il me remet doucement sur le lit et je me mets à moitié couchée. Nos faces sont tellement proches que je dirai qu'il va finir par m'embrasser. Mais il se détache et met la couverture sur moi. L'infirmière revient et m'informe qu'il est l'heure du déjeuner et qu'ils m'enverront le repas.

Après le déjeuner, j'ai quelques examens à passer pour voir si tout va bien. Bien sûr que tout ne va pas bien, si non je serai en train de parler et marcher normalement. Mais bref, mon oncle m'a demandé de ne pas m'en faire. En plus, je ne devrais pas m'apitoyer sur mon sort. J'espère que j'arriverai à remarcher, sans quoi je serai anéantie. Je sais que plusieurs autres personnes sont dans des situations pires que la mienne mais je ne peux pas m'empêcher de me sentir mal. J'ai failli perdre la vie et je n'arrive plus à marcher. Je n'arriverai pas à l'avaler si facilement.