Un Bonheur Enfin Trouvé

chapitre 32

Trois mois plus tard.

Je suis complètement déprimée. Je ne sais même plus quoi faire. Je suis malheureuse. Mon mariage s'est dégradé du jour au lendemain. Je n'ai rien vu venir. Dès le lendemain du premier jour où il m'a battu, mon mari m'a accompagné déposer ma lettre de démission. Tout en oubliant pas bien sûr d'expliquer à l'autorité que je ne me sentais pas très bien et que c'était nécessaire que j'arrête. L'avis d'accord devait sortir un mois plus tard et pendant ce temps, je partais travailler, à l'exception de la garde. Mais dès que je reçus l'avis favorable, je n'allait plus au boulot. Mon mari m'assura que c'était la meilleure chose à faire. Il m'a proposé de choisir un commerce pour exercer. Comme il est douanier, il peut m'aider à importer de la marchandise pour revendre. Mamou était très triste pour moi mais elle m'a conseillé d'opter pour les bazins. Je suis donc en train de tout mettre en place pour ouvrir une boutique. Ahmed s'occupe du côté transit. Il m'a aussi forcé à passer le permis parce que selon lui je ne devais plus conduire ma moto. Et vu que je ne voulais pas de chauffeur, je suis obligée. Donc j'ai commencé les cours de permis et j'ai presque fini d'ailleurs. J'ai obtenu le code et le créneau. Il ne reste que la conduite. Je crois que Ahmed a un peu soudoyé les examinateurs parce que normalement ils ne laissent jamais passer quelqu'un au premier essai. Mais bon je ne me plains pas, parce que je n'aurai pas aimé y passer beaucoup de temps.

Quant à ma vie de couple, tout va mal. Mon mari n'arrête pas de me battre. Je croyais que la première fois serait la dernière mais je me suis bien leurrée. Il a recommencé, et plus fort encore. Et depuis, je n'arrête pas de me faire battre pour un oui ou pour un non. Devant les autres, il parait être le mari parfait et attentionné mais une fois à la maison, il change de visage. Je ne sais pas quoi faire. Je ne peux le raconter à personne. Même pas à Mamou. Je ne peux pas quitter mon foyer aussi, d'autant plus que je viens juste de me marier.

En seulement six mois de mariage je me fais déjà battre. Ce n'est pas croyable. Je n'ai ni le droit de sortir, à l'exception du permis, ni le droit de sourire à un autre homme que lui. Je me rappelle bien qu'il m'a battu une fois juste parce que je souriais avec le gardien. Je lui demandais juste comment se porte sa femme, parce qu'il me disait qu'elle ne se sentait pas bien. Ce soir là mon mari m'a battu parce que je "jouais à la pute" comme il aime si bien le dire. Il est devenu pire que jaloux. C'est une obsession. Une autre fois, il m'a battu parce que je suis rentrée tard. J'étais juste allée chez Mamou pour discuter et nous n'avons pas vu le temps passer, je suis donc rentrée vers 19h. Mon mari n'était pas du tout content alors il m'a donné une correction.

Même Talato a remarqué que je n'allais pas bien, je la vois me lancer des regards compatissants. Mais elle n'ose pas me poser de question. Elle ne veut sûrement pas être indiscrète et je lui en suis gré pour cela. Je n'aimerais pas lui raconter ma vie. Et heureusement pour moi, il me bat toujours dans la chambre, à l'abri des regards. A cause de tout cela, je me suis éloignée de ma famille. Je ne pars plus trop les voir, de peur qu'ils remarquent ma tristesse ou mes plaies. Je me soigne comme je peux mais ce n'est pas facile. Et j'ai surtout mal partout.

Mais contre toute attente, mon mari n'est pas toujours méchant. Au lit, il est très doux avec moi. Et d'ailleurs, il insiste pour faire l'amour chaque soir. Je dois avouer que je suis épuisée. Le sexe, c'est bon, même très bon, parce qu'il arrive à me faire monter au septième ciel malgré toute cette tension qu'il y'a entre nous. Mais l'excès nuit toujours et là, nous sommes dans l'excès. Il faut des fois que je prétende une migraine ou un mal de dos pour qu'il me laisse tranquille. Mais finalement, la plupart du temps il arrive toujours à avoir ce qu'il veut. Je ne veux pas lui dire non pour ne pas le contrarier mais ça commence à devenir un peu dur. Et en plus c'est mon devoir de femme, et je n'ai pas le droit de lui refuser cela.