— Il n'a pas arrêté de nous parler d'elle, commence Rafael, amusé.
— Tu nous en diras tant, riote Lenora. Cela tournait presque au harcèlement.
Il l'accompagne dans son rire et en se posant sur elle, les prunelles émeraude de cette nouvelle connaissance se font convoiteuses.
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La soirée bat son plein en cette heure tardive et Lenora a trouvé en Rafael son cavalier d'une nuit. Dès l'instant où ils ont partagé leur première danse, ils ne se sont plus lâchés. Au premier abord, elle l'a pris pour un séducteur invétéré mais, la réalité est tout autre. Il est calme et réservé, tout le contraire d'Alvaro qui change de partenaires à chaque seconde. Esteban surgit soudainement devant eux et Lenora fronce les sourcils en n'apercevant pas la brune à ses côtés.
— On va fumer dehors, vous venez ? propose-t-il.
— Où est Rosella ? s'enquiert la jeune femme.
— Elle est allée chercher Ofelia, répond-il en montrant la foule ; on s'est dit qu'on se rejoindrait devant.
L'étudiante acquiesce et dépose son verre sur le comptoir avant de se glisser entre les corps brûlants des invités qui se déchaînent sur la piste. A l'autre bout de la salle, la jeune femme distingue la silhouette élancée d'Ofelia, en compagnie de son amie, qui se dirige vers la sortie. Et, dès qu'elle pose un pied hors de la salle, la fraîcheur extérieure lui arrache un soupir d'aise. Que cela fait du bien de fuir cette chaleur suffocante qui règne à l'intérieur. D'autres personnes se sont également rendues ici. Beaucoup de groupes se sont formés mêlant fumeurs et discussions.
— Elles sont où ? quémande Rafael.
— Je ne sais pas, s'étonne Esteban. C'est ici que je lui ai dit de nous attendre. Elles ont dû aller faire un tour.
Les jeunes hommes se contentent de ces suppositions et allument leurs cigarettes. Toutefois, Lenora n'y croit pas. Ses amies ne seraient pas parties sans elle. Elle les connaît depuis assez longtemps pour le savoir. Elle abandonne le groupe qui se fait tout juste rejoindre par Alvaro et se hasarde dans la vaste cour. Des mètres plus loin, un coin, à l'abri des regards, attire son attention et les légers bruits qui en ressortent la convainc de la présence de ses acolytes. La démarche assurée, elle contourne le mur et un sourire naît sur ses lèvres quand elle se place dans l'allée.
— Vous n'avez pas passer l'âge pour jouer à ce genre de jeux ?
Un pesant silence lui répond. L'impasse est à peine éclairée par la pâle lumière d'un réverbère, la plongeant dans une inquiétante atmosphère. Pourtant, la jeune femme ne se démonte pas et s'y enfonce avec prudence. Ces écervelées y sont forcément, son instinct le lui crie. Cependant, l'idées que ses amies se soient faites attaquer émerge peu à peu dans son esprit. Si cela se trouve, ces meurtriers sont de retour ?
— Les filles ? essaie-t-elle, l'inquiétude grimpant en elle. Ofelia ? Rosella ?
Un bruit attire son attention et alors qu'une pression se resserre sur son cœur, des ombres surgissent devant elle dans des exclamations. Lenora sursaute violemment et son cri aiguë perce le calme pendant que des rires s'élèvent. La jeune adulte reconnait sans mal ses amies et malgré cela, son pouls peine à ralentir. Autant irritée que soulagée, elle les fusille du regard, bien qu'elles ne puissent le voir, et rebrousse chemin.
— Oh, notre Nono est fâchée, se navre faussement Rosella dans son dos.
— Ce ne serait pas nous, j'aurais juré que tu aurais croisé la faucheuse, commente Ofelia. Ce cri, non mais ce cri ! Digne des plus grands films d'horreur !
Leur rire s'accentue et la renfrogne davantage. Des enfants d'une vingtaine d'années. Les bras croisés sous la poitrine, elle les ignore et le remarquant, elles passent leur bras autour de ses épaules et apposent un baiser sur ses joues avant de s'excuser. Leur amusement est si perceptible dans leur voix qu'il trahit toute sincérité dans leur mot : les deux jeunes femmes sont bien trop fières de leur coup pour l'être. Cependant, Lenora ne résiste pas bien longtemps et un sourire se dessine sur ses lèvres.
— Ah, vous voici ! s'exclame Esteban lorsqu'elles reviennent.
— Je ne vous remercie pas pour votre inquiétude, leur reproche doucement Lenora.
— On t'avait bien dit qu'elles devaient pas être bien loin, riposte-t-il.
— Et s'il leur était arrivé quelque chose ? s'agace-t-elle.
— 'Nora, calme-toi, s'il te plaît, l'arrête Rosella. Cela va bientôt faire trois semaines...
Et qu'est-ce qui empêcherait ces individus de faire un grand retour ? Pourquoi ces semaines ne seraient-elles pas un simple répit qui précéderait un futur davantage sanglant ? La jeune femme meurt d'envie de le leur dire toutefois, elle se contente de refermer ses lèvres sur sa Davidoff Magnum et d'y mettre le feu. Autant les laisser dans leur idéalisation de la vie. Se mettre à dos son groupe n'est pas dans ses projets actuels.
— Et du coup, reprend Rafael ; vous faîtes quoi à l'université de Salamanque ?
Les discussions reprennent avec légèreté et l'atmosphère se détend peu à peu. Ils passent le reste de la soirée dans la cours, les seuls déplacements étant ceux pour se prendre à boire. Au début de cette soirée, Lenora n'avait rien de spécial contre ce Esteban seulement, à mesure que les conversations deviennent ciblées, elle réalise un point important : elle ne l'apprécie guère et sa compagnie lui est insupportable. Ce type est un véritable crétin imbu de sa personne. Que lui trouve donc la brune ?
— Et si nous allions dans un bar demain soir ? propose Alvaro.
— Il n'y a pas assez de filles pour toi, ici ? raille Rafael.
— Tu me connais si bien, sourit-il. Alors ?
— Je n'ai rien de prévu, affirme Rosella.
— Moi, non plus, déclare Ofelia.
— Ce sera sans moi, conclut la dernière. Je ne suis pas libre demain soir.
— Je constate qu'il y en a qui profite, s'amuse Alvaro.
— Je ne sais pas à quoi ton esprit perverti fait référence, mais ce n'est pas le cas, poursuit l'étudiante, perplexe.
De bon cœur, le jeune homme rigole et hausse les épaules, l'air de dire, qu'au fond, tout le monde cache ses vices.
— Tu ne pourras pas nous rejoindre après ? insiste Rafael.
— Je peux essayer de me libérer pour vingt deux heures mais je ne promets rien, explique l'intéressée.
— Tu peux toujours me donner ton numéro, clame-t-il ; et tu n'auras qu'à me dire à quelle heure, à quel endroit et je viendrai te récupérer.
— J'y réfléchirai, assure la concernée.
— Vous êtes un peu trop entreprenant avec notre petite perle, jeune homme, le réprimande Ofelia.
— Je ne fais que m'informer, souligne-t-il en considérant Lenora avec insistance. Qui ne tente rien, n'a rien...
Quelques instants plus tard, un klaxon se fait entendre et selon la réaction de Rosella, son père est arrivé. Cette dernière salue fougueusement Esteban, se contentant d'un signe de main pour les autres tout comme Ofelia. Quant à Lenora, elle retire un feutre de son sac et griffonne sur la main de Rafael.
— Evite de l'effacer, ce serait dommage, lui souffle-t-elle avant de rejoindre ses amies qui l'attendent plus loin.
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𝐴𝑟𝑡𝑒́𝑚𝑖𝑠 : 𝐿𝑒 𝐶𝒉𝑎𝑛𝑡 𝑑𝑒𝑠 𝐹𝑒́𝑙𝑖𝑛𝑠 [𝑇𝑂𝑀𝐸 2]
VampireExtrait : 《 Comment expliquer que les événements qui se produisent à Salamanque n'ont aucun sens ? Après plusieurs jours de crimes, cela va faire près de deux semaines qu'il n'y a plus eu aucun corps de trouver, aucune trace d'actes cri...