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Quelques instants plus tard, un klaxon se fait entendre et selon la réaction de Rosella, son père est arrivé. Cette dernière salue fougueusement Esteban, se contentant d'un signe de main pour les autres tout comme Ofelia. Quant à Lenora, elle retire un feutre de son sac et griffonne sur la main de Rafael.

— Evite de l'effacer, ce serait dommage, lui souffle-t-elle avant de rejoindre ses amies qui l'attendent plus loin.

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Une sonnerie stridente retentit dans l'appartement. Il ne doit pas être moins de midi et Lenora se prépare pour aller travailler. D'un pas tranquille, une serviette autour du corps, cette dernière s'approche du téléphone filaire et décroche. A l'entende d'une voix grave et familière, sa peau se couvre de frissons sans qu'elle ne puisse rien y faire. Rafael... Elle pensait qu'il n'appellerait pas ou du moins, pas avant qu'elle ne soit partie.

— Comment vas-tu ? l'interroge son interlocuteur.

— Je vais bien et toi ? poursuit-elle.

— Très bien maintenant que je sais que ce n'est pas un faux numéro que tu m'as donné, affirme-t-il.

Cette remarque a le don de la faire sourire. Pourquoi, Diable, lui aurait-elle donné un numéro qui n'est pas le sien ? La réponse négative existe et elle la manie avec tant de perfection qu'elle ne s'abstiendra jamais d'en faire l'usage. Quoique ce soit bien dans les habitudes d'Ofelia de faire ce genre de choses.

— Alors, quoi de bon aujourd'hui ?

— Je me prépare pour aller travailler dans pas longtemps.

— C'est donc ce qui occupe ta soirée ? suppose-t-il. Je craignais que tu n'ais quelqu'un et que tu ne souhaite pas me le dire.

— Ce serait le cas, je te l'aurais dit, ne t'en fais pas, sourit la jeune femme.

— Me voici rassurer, avoue-t-il. Alors, où veux-tu que je te récupère ? Au taf' ou chez toi ?

— Tu es véhiculé ? s'étonne-t-elle.

— Oui, de mes deux jambes, répond-il avec un sérieux qui réussit à arracher un rire à la jeune femme.

— Viens au Cuzco Bodega pour vingt-deux heure trente, lui indique l'étudiante ; je me ferai une joie de monter dans ton carrosse. Eh bien, Rafael, je dois y aller, sinon, je vais finir par être en retard.

— Il n'y a pas de souci, à ce soir alors...

Sourire aux lèvres, la jeune femme raccroche et finit de se préparer avant de faire un sac pour se changer au bar. Bien qu'elle ne les utilise que rarement, il y a des douches dans les vestiaires ; elle n'aura qu'à faire sa toilette là-bas.

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— 'Len, une Agua, s'il te plaît !

Tel à son habitude, la jeune femme prépare le verre de Javier et le lui apporte tout en jetant un coup d'œil à la pendule accrochée derrière elle. Vingt deux heures moins : elle ne devrait plus tarder à finir son service. Son patron, qui est à la fois propriétaire des lieux et cuisinier, a accepté de la libérer plus tôt et elle ne perdra pas une seconde quand son heure arrivera.

— Tu m'as l'air pressé, ce soir, constate le sexagénaire.

— Oui, j'ai rendez-vous avez des amis tout-à-l'heure, explique-t-elle.

— Des amis ? répète-t-il. Toujours pas de petit-ami en vue ?

— Javier, le réprimande-t-elle, amusée.

— Je demande simplement, se défend le client. Sois tout de même prudente, la disparition de ces criminels est bien trop suspecte pour être définitive.

Il était temps que la barmaid croise le chemin d'une personne qui pense de cette même façon. Elle n'est pas la seule à trouver toute cette histoire suspecte et quelque part, elle en est soulagée. Elle redoutait de devenir excessivement paranoïaque et par conséquent, insupportable.

Son service arrive à son terme et Lenora disparaît dans les vestiaires où elle se douche rapidement avant de revêtir une simple robe plissée au col cache-cœur de couleur bordeaux. Pour compléter sa tenue, elle ajoute une ceinture à sa taille et chausses ses escarpins noirs.

La barmaid dépose ce dont elle n'aura pas besoin dans son casier et regagne la salle où Rafael l'attend déjà. Et en jetant un coup d'œil à l'horloge, elle constate qu'il est pile à l'heure.

— C'est que le carrosse est à l'heure, sourit-elle une fois à sa hauteur.

Ses iris s'illuminent et, tout en se mettant debout, la surplombant de toute sa hauteur, lorgnent longuement sa silhouette. Il se courbe pour lui faire la bise et son odeur de musc vient agréablement titiller ses sens.

— Tu es magnifique..., lui susurre-t-il, la faisant frissonner.

— Tu n'es pas mal non plus, le complimente-t-elle.

Dire cela est un pur euphémisme. Elle le savait beau à la soirée de la veille seulement, les conditions de luminosité ne lui avaient pas permis de bien faire attention à lui. Et maintenant qu'il est devant elle avec autant de lumières sur sa personne, elle en reste presque bouche-bée. 

Ses cheveux bouclés tombent nonchalamment sur ses yeux émeraudes d'une incroyable douceur et intensifiés par d'épais cil. Une barbe naissante vient durcir son visage à la mâchoire carrée et ses lèvres quelque peu rosée attirent constamment son regard. Sa carrure subtilement athlétique est renforcée dans ce costume qui le saille à la perfection. Comment a-t-elle pu passer à côte d'un détail pareil ?

— Tu as tout ce qu'il te faut ? s'enquiert-il.

Lenora acquiesce et sa main se loge dans le creux de son dos, l'entraînant avec lui. Elle salue Javier et ce dernier ne manque pas de lui faire une remarque implicite sur sa soirée "entre amis".

— Où allons-nous ? quémande Lenora.

— Au super 8, répond-il. Ce n'est trop loin et il ferme assez tard, je pourrai profiter de toi un peu plus longtemps.

— Mais quel séducteur, se moque l'intéressée en roulant des yeux.

— Je fais comme je peux, riote-t-il ; je ne suis qu'un pauvre homme qui tente de plaire à une femme.

Elle lui accorde un regard en biais, amusée. Si tel est son but, il est sur la bonne voie. Son franc parler, concernant ses intentions, lui plaît davantage que ce qu'elle ne veut avouer. En tant normal, les hommes ne sont pas une priorité, elle n'a pas le temps pour ce genre de divertissements. Ils passent en arrière plan, à la suite de ses études et son travail, si elle en a l'énergie. 

Pourtant, avec Rafael, les choses paraissent plus faciles. Il est élève en faculté de Sciences et il a tout autant conscience qu'elle de l'importance de la réussite des études. Il a la tête sur les épaules et elle apprécie cette caractéristique qui apporte à son charme.

Ils discutent tout le long du trajet et au bout d'une dizaines de minutes, ils arrivent au bar. L'ambiance néonisée les engloutit dans une décoration aux teintes vives et ils repèrent leur groupe attablé sur un canapé d'angle plus loin. En l'apercevant, les traits de Rosella se peignent d'enthousiasme et elle lui saute littéralement dessus, ravie que Lenora ait pu se libérer.

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𝐴𝑟𝑡𝑒́𝑚𝑖𝑠 : 𝐿𝑒 𝐶𝒉𝑎𝑛𝑡 𝑑𝑒𝑠 𝐹𝑒́𝑙𝑖𝑛𝑠 [𝑇𝑂𝑀𝐸 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant