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Elle rejoint Aurel qui l'attend quelques pas plus loin et celui-ci n'émet pas le moindre commentaire. Dès qu'elle n'enfreint pas les règles, elle peut interagir avec qui elle veut. Et c'est ainsi qu'ils reprennent la route.

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En posant un pied dans la capitale de l'Angleterre, c'est une pluie diluvienne qui les accueille chaleureusement. Une foule, composée des quelques centaines de passagers contraints de patienter, se forme au plein milieu du hall de l'aéroport. S'ajoutent à eux, des passants en quête d'un abri et ainsi, la sortie vers laquelle se dirigent Lenora et Aurel leur est barrée. Dans un soupir agacé, la vampire capitule et accepte le fait qu'ils n'aient d'autres choix que celui d'attendre que la radée se termine.

Le fracas causé sur le toit par l'averse se joint au brouhaha des Hommes et l'exaspération s'engouffre peu à peu en la vampire. Ses oreilles sifflent face à cette cacophonie et à son grand désarroi, son odorat n'est pas plus épargné. Les effluves nauséabondes de transpiration se mêlent aux eaux de toilette et une grimace déforme ses traits de manière imperceptible. C'est à cet instant qu'elle se découvre une forte répugnance pour la foule.

Une désagréable sensation alourdit ses épaules alors que l'atmosphère devient étrange. Son regard survole la foule et plusieurs individus, tous vêtus de noir, attirent son attention. Ils sont dispersés de part et d'autre de la salle et si elle en croit les regards en biais dans leur direction, ils sont la cible de ces personnes. Cela signifie que l'emplacement de chacun est loin d'être un hasard et qu'ils les encerclent. Mais dans quel but ? Font-ils partie de ceux qui attentent à la vie d'Aurel ?

Lenora poursuit son inspection et ses yeux tombent dans ceux d'une femme à la peau ébène. De ses iris pâles qui contrastent avec son teint, celle-ci les scrute avec impertinence. Un rictus railleur étire le coin de ses lèvres, transmettant le message qu'ils sont pris au piège. La réverbération d'un objet l'interpelle au moment où elle se réfléchit dans son œil et elle ne peut que supposer la présence d'une arme dans les mains de cette femme. Il n'y a plus aucun doute, ils sont là pour eux. Toutefois, comment cela se fait-il qu'ils soient au courant de leur venue ? Leur départ s'est préparé en quelques heures, dans une totale improvisation, donc comment peuvent-ils les attendre de pieds fermes ici ? Qui sont-ils au juste ?

— Monsieur BOR...

— Je sais, l'interrompt l'homme. Il faut que nous sortions : une voiture nous attend dehors.

Si quelqu'un lui avait dit que son premier séjour hors d'Espagne se passerait de cette façon, elle ne serait pas sortie de ce domaine. Davantage lasse qu'effrayée, son cerveau se met à la recherche d'un stratagème pour détourner l'attention d'eux tandis que, du coin de l'œil, la vampire aperçoit une faible agitation provenant de ces belligérants. La première idée qui lui traverse l'esprit est de mettre la main aux fesses à deux femmes entre lesquelles se trouve un homme. Et leur réaction est immédiate.

Les victimes de ces attouchement s'insurgent et pour parfaire le tout, enfonçant ce pauvre homme qui prône son innocence en bredouillant, Lenora affirme l'avoir vu faire. Un scandale se forme et s'amplifie lorsqu'une inconnue prétend avoir croisé le regard lubrique de cet homme sur elle, à plusieurs reprises. Cela suffit à un énorme gaillard, paraissant être le compagnon de cette dernière, pour saisir le harceleur par le col et lui asséner un violent coup de poing. La curiosité s'empare d'eux et tous s'agglutinent à leur niveau, créant un reflux sans nom.

Satisfaits par l'effervescente indignation qui gagne les rangs, les vampires en profitent pour se diriger vers l'extérieur et comme l'a dit Aurel plus tôt, une voiture noire les attend à l'entrée. Ils s'en approchent à grand pas, la pluie s'abattant sur eux avec rudesse, et avant de monter, la Saragossane se permet un dernier regard par-dessus son épaule. Elle distingue leur poursuivante, prisonnière de ce chaos, et la gratifie d'un sourire insolent.

— Si je m'attendais à échapper à ce genre de situation de cette façon, au moins une fois dans ma vie, je ne l'aurais pas cru, semble s'amuser le vampire quand elle ferme la portière.

— L'urgence de la situation, avance l'intéressée avec désintérêt. Dites-moi, qui étaient ces gens ?

— Des chasseurs de vampires, répond-il. Ils sont particulièrement nombreux au Royaume-Unis et contrôlent les lieux publics sans relâche. Heureusement, il existe des frontières qu'ils ne peuvent franchir et là où nous nous rendons en fait partie.

Pour toute réponse, elle acquiesce. Puis, ses paupières s'abaissent et son ouïe savoure la mélodie de la pluie. Une quarantaine de minutes plus tard, l'averse n'est plus mais le ciel demeure menaçant.

Le véhicule s'immobilise aux portes d'une énorme barrière faite de fer noir et d'or derrière laquelle s'élève un gigantesque manoir au style victorien. Dès qu'ils posent un pied sur l'asphalte humide, elle s'écarte lentement dans un léger grincement. Aurel la franchit avec assurance et Lenora le talonne, sacs en main, sur le terrain boueux. Elle fait fi du sentiment de dégoût qui souhaite s'emparer d'elle à l'idée de salir ses chaussures et observe les lieux.

Le manoir, dont la toiture grisâtre est parsemée de nombreuses fenêtres et cheminées, se compose de deux ailes. Des couloirs extérieurs les relient au bâtiment principal et entre elles, un petit jardin de végétaux est aménagé. Ils montent un premier escalier qui conduit à ce petit espace vert et ils suivent les étroites allées tracées à l'intérieurs avant d'en prendre un second qui leur permet d'atteindre le perron. La porte d'entrée en bois massif s'ouvre et, alors qu'une ambiance malsaine les enveloppe, un homme à l'apparence peu confiante les réceptionne dans le hall d'entrée.

Ses cheveux de jais, semblant raide et gras de gel, sont ébouriffés. Son visage est fin, ses sourcils épais et ses prunelles aussi rouges qu'un rubis. Ses traits sont dures et les filets de sang qui s'échappent de sa bouche n'arrangent rien car il est certain que ce n'est pas le sien.

Il est vêtu d'un gilet carmin, sous lequel elle devine une chemise, et d'un pantalon léger noir plutôt large. Le tout est surplombé d'un épais manteau de même couleur dont le double col, les épaulettes et les coudières sont ornés d'accessoires argentés semblable à des protection. D'épais gants recouvrent ses mains et un imposant collier entoure son cou.

— Je ne pensais pas que tu viendrais réellement, Aurel..., déclare-t-il d'une voix faible qui paraît détenir tous les chagrins du monde tant elle est soufflée et éraillée.

— Depuis le temps que nous nous connaissons, tu devrais savoir que lorsque ma venue est annoncée, ce ne sont pas des rumeurs, Ichabod.

Les deux hommes se jaugent durant plusieurs secondes et enfin, l'attention de ce "Ichabod" se tourne vers elle. Ils la dévisagent brièvement et reporte son attention sur le vampire qui ne daigne même pas faire les présentations. Vexée, elle s'enfonce dans son mutisme et se contente d'observer.

— Je souhaiterais m'entretenir avec Winnifred, déclare Aurel. En attendant, conduis-la dans une chambre, s'il te plaît.

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𝐴𝑟𝑡𝑒́𝑚𝑖𝑠 : 𝐿𝑒 𝐶𝒉𝑎𝑛𝑡 𝑑𝑒𝑠 𝐹𝑒́𝑙𝑖𝑛𝑠 [𝑇𝑂𝑀𝐸 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant