— Attendez, j'aurai une autre question, indique la vampire avant de continuer sous son regard approbateur : y a-t-il d'autres personnes qui vivent avec nous ?
Un soupir franchit les lèvres de l'homme et Lenora devine par cette réaction que sa réponse engendra davantage d'interrogations.
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Les semaines s'écoulent à une vitesse phénoménale. Entre les cours et les entraînements, la jeune vampire n'a que peu de temps pour elle et son intérêt pour la littérature. De plus, pour ajouter à ses journées chargées, elle accompagne souvent Monsieur BORGIA à l'académie de Krekose à plusieurs minutes de marche. Il bavarde des heures durant avec Klaus, de la pluie et du beau temps. Rien de bien important.
Depuis son arrivée, elle s'est considérablement améliorée au combat. Dire qu'elle ne se fait plus maltraiter par Aurel serait un affreux mensonge mais elle peut avoir la prétention de ne rencontrer le sol que rarement. Même si cela s'explique surtout par le fait qu'elle ait appris à se réceptionner avec souplesse.
Assise sur le banc sous la fenêtre, Lenora sirote une tasse de sang tout en lisant. Avec le temps, elle a fini par comprendre que cette boisson qu'elle chérit n'est autre que le liquide vital d'un humain. Aurel lui a avoué que s'il est aussi bon c'est pour la simple raison qu'il est prélevé d'hommes en excellente santé et livré en un laps de temps afin que le sang ne perde pas en fraîcheur. Elle aurait pensé que l'apprendre la dégoûterait mais en vérité, cette nouvelle ne lui a fait ni chaud, ni froid.
La Saragossane est arrachée de ses pensées lorsque quelqu'un toque à la porte. Ses sens sont instantanément en alerte. Depuis son arrivée, nul ne s'est jamais présenté à leur porte alors, face à cet inhabituel événement, elle ne peut être que méfiante. Sur le point de se rendre à la porte, Monsieur BORGIA, installé sur le fauteuil, lui mime de ne pas bouger et disparaît dans le couloir. Le grincement de l'entrée s'élève et une voix solennel se fait entendre :
— Sa Majesté le Prince convie Monsieur BORGIA ainsi que son apprentie, Lenora BORGIA dans son château en l'honneur des Présentations.
— Ne sont-elles pas censées avoir lieu dans plusieurs mois ? interroge le vampire.
— Sa Majesté le Prince a décidé d'avancer ces dates, répond le visiteur sans grand intérêt. Veuillez vous présenter munis de ces faire-part et de ces ornements. Bonne journée Monsieur BORGIA.
La porte se referme et le vampire apparaît, un paquet en main. Alors qu'il déroule l'un des deux parchemins posés sur la table, Lenora observe avec curiosité le colis emballé dans un sublime papier doré. Un mot attire son attention et elle le saisit entre ses doigts. "A Mademoiselle BORGIA, que vous me fassiez l'honneur de le porter". Toutefois, quand la jeune femme s'apprête à ouvrir la boîte, Aurel la lui prend.
— Tu découvriras son contenu en temps voulu, lui annonce-t-il au grand désarroi de sa curiosité.
— Pourquoi le Prince a-t-il avancé la Présentation de six mois ? s'enquiert la jeune femme.
— Je l'ignore, avoue-t-il, pensif ; mais cela ne dit rien qui vaille. Il doit encore manigancer quelque chose...
Manigancer avec une horde de nouveau-nés dans les pieds ? Quelle en est l'utilité ? Il est vrai que cet événement rassemble toutes les grandes familles vampiriques des sept continents et tout cela dans le seul but de rencontrer leur héritier. Seulement, la présence des plus modestes rend la chose insensée. S'il s'avère que le Prince prépare, en effet, une combine, pourquoi le partagerait-il avec eux ? Que peuvent-ils bien lui apporter ?
— Lenora, l'apostrophe Aurel ; nous sortons.
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Elle se savait proche de la ville. Elle savait que seule une vaste forêt, d'une à deux heures de traversée, la séparait de son ancienne vie mais cela lui était égal. Alors, comme étrangère à ces allées en pavé qui ont marqué deux ans de son existence, reposée un pied à Salamanque la plonge dans une totale indifférence.
Des affiches, dont le portrait imprimé est à moitié effacé, jonchent le sol en masse. En y accordant davantage d'attention, elle déchiffre son ancien nom de famille ainsi qu'une partie de son prénom, pâlis par le temps. Le..ra G.RC.A. Ces avis de recherche sont donc les siens.
Parfaitement insensible, ses talons s'écrasent sur le papier et elle poursuit sa progression en direction de la gare. Ils sont censés embarqués dans un train pour Madrid et de là, prendre un avion pour Londres. Aurel ne lui a pas confié plus de détails et l'absence de tracas du vampire la laisse deviner que leur destination ne sera pas synonyme d'incidents.
— Lenora ? l'interpelle une voix grave et hésitante. Attends ! Lenora, c'est bien toi ?
Nonchalamment, l'intéressé se retourne et une flopée de souvenirs oubliés lui revient en mémoire en l'apercevant. Esteban... C'était de sa faute s'ils se trouvaient dans les rues ce jour-là et pourtant, d'une certaine manière, il est le seul survivant. Il a tout bonnement fui, laissant ceux qui étaient censés être ses amis face au danger. Une sombre colère grandit en elle à mesure que son visage se grave dans sa tête et la vampire résiste à la violente envie de lui briser nuque.
Son regard affligé la dévisage avec attention, une scintillante lueur dans le fond de ses pupilles. A-t-il mis sur ses épaules l'espoir de sa déculpabilisation ? La jeune femme ravale un sourire railleur alors que ses iris le considèrent avec mépris. Ses joues sont creusées et ses cheveux, à l'accoutumé si entretenue, tombent grassement sur son front. Il paraît fatigué et une joie vicieuse se satisfait de son état. Les cauchemars doivent hanter ses nuits.
— Malheureusement, je ne vois pas de qui vous parlez, assure-t-elle, un sourire apathique. Et si vous voulez mon avis, vous devriez être prudent : peut-être reviendront-ils pour vous ?
La terreur écarquille ses yeux et les mains dans les poches de son manteau, Lenora tourne les talons. Le jeune homme ne peut pas être sûr de son identité. Il n'a que son chagrin pour le pousser à croire que Lenora GARCIA est toujours en vie. Sa chevelure blanchissante et ses traits affinés la rendent quasiment méconnaissable alors elle ne craint rien.
Elle rejoint Aurel qui l'attend quelques pas plus loin et celui-ci n'émet pas le moindre commentaire. Dès qu'elle n'enfreint pas les règles, elle peut interagir avec qui elle veut. Et c'est ainsi qu'ils reprennent la route.
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𝐴𝑟𝑡𝑒́𝑚𝑖𝑠 : 𝐿𝑒 𝐶𝒉𝑎𝑛𝑡 𝑑𝑒𝑠 𝐹𝑒́𝑙𝑖𝑛𝑠 [𝑇𝑂𝑀𝐸 2]
UpířiExtrait : 《 Comment expliquer que les événements qui se produisent à Salamanque n'ont aucun sens ? Après plusieurs jours de crimes, cela va faire près de deux semaines qu'il n'y a plus eu aucun corps de trouver, aucune trace d'actes cri...