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— Monsieur De BERKELEY, conclut la concernée.

— Mademoiselle BORGIA...

Pour masquer son trouble causé par l'entente de son nom dans sa bouche, elle tourne les talons et emboite le pas du guide.

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— Je l'ai trouvé dans l'aile Ouest, annonce Ichabod dès qu'ils mettent un pied dans la suite.

Lenora lance un regard courroucé à ce dernier. Aucune explication n'a été demandée alors pourquoi s'est-il senti obliger d'informer son instructeur sur sa présence dans ce qui se rapprochait d'un gynécée ? Ce vampire, dont l'air affublé ne déloge pas, l'ignore sciemment et sans plus de bavardages, il quitte la chambre. La désapprobation se lit dans les iris azur d'Aurel et ne pouvant nier les faits, son élève se contente de hausser les épaules.

Dans un soupir, le vampire s'installe dans un fauteuil beige face à une cheminée et la jeune femme en profite pour détailler la chambre. Pièce qui s'avère être un salon aux tons crémeux et elle s'en offusque. Pourquoi a-t-il droit à un appartement entier pendant qu'elle se contente d'une simple chambre ?

— Nous résiderons ici jusqu'au jour des Présentations, commence Aurel. Nous ferons tout comme en Espagne et je te demanderai de ne pas te laisser distraire par les nombreuses tentations qui habitent ces lieux.

— Pourquoi avons-nous quitté l'Espagne ? questionne la Saragossane. Qu'y a-t-il en Angleterre qui nous ait valu un départ si précipité ?

— Cette cérémonie des présentations demande énormément de préparatifs. L'approche soudaine des dates m'oblige à me tourner vers Winnifred, la propriétaire des lieux, pour faire en un mois ce qui devait l'être en six. Tout simplement.

— Et quel est cet endroit au juste ? s'enquiert-elle. Avec tous ces vampires, ces pièces ?

— Vulgairement : c'est un centre de détente très réputé d'où la présence de vampires en tout genre, explique-t-il. Par ailleurs, je ne te l'interdirai pas mais si tu le peux, évite de te rendre dans cette aile Ouest. Certaines fois, ce qui s'y passe dépasse l'entendement.

Lenora acquiesce et, avant que l'idée de prendre place aux côté du professeur n'émerge, ce dernier lui indique leur prochain lieu de rendez-vous : l'arrière-cour. Les entraînements reprennent dès maintenant et elle n'a qu'une dizaine de minutes pour s'y rendre, son changement de tenue compris. 

Elle retourne dans sa chambre et enfile un ensemble de sport avant de se rendre dans le jardin. Une très grande piscine trône en son centre et plusieurs personnes se prélassent autour. Pas une parmi elles ne leur accorde d'attention alors ils se rendent au fond de cet espace et débute la séance.

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La nuit est déjà bien entamée lorsque Lenora s'installe sur la rambarde du balcon. Les pieds se balançant dans le vide, le visage tourné vers le ciel, la jeune femme inspire profondément. Baignant dans la lueur de la lune, son éclat l'apaise et un soupir de satisfaction lui échappe. 

Cet astre à la beauté fascinante l'a toujours captivé et depuis qu'elle fait partie des créatures de l'ombre, ce sentiment de plénitude ne cesse d'accroître à son contact. D'ici quelques jours, elle sera totalement pleine et la jeune femme s'en délecte d'avance. Les yeux clos, une brise vient balayer ses cheveux et entraîne avec elle, un parfum enivrant et sauvage.

Une aura dominatrice l'enveloppe alors et inconsciemment, elle reconnait celui qui vient exciter ses sens jusqu'alors au repos. A lui, se mêle une odeur étrangère et ces deux personnes échangent brièvement sous sa fenêtre dans un dialecte qui lui est inconnu. Très vite, le silence revient et bien qu'une des effluves disparaît, l'autre demeure, trahissant sa présence.

— Agréable nuit, n'est-ce pas ? l'apostrophe une voix à l'accent chantant.

— En effet, approuve l'intéressée ; très agréable même...

L'atmosphère se charge d'une tension à la fois pesante et mystérieuse et Lenora tente tant bien que mal d'en faire fi. Ce que provoque cette simple proximité en elle est si intense que le moindre mot, le moindre mouvement serait similaire à une invitation à l'interdit. Tout en elle est obnubilé par cet homme qui se trouve à quelques mètres. Il lui suffirait de sauter de son perchoir pour lui faire face, pour... Ses paupières se relèvent vivement à la pensée inappropriée qui germe dans son esprit.

— Passez une excellente soirée, Mademoiselle BORGIA, intervient-il, le ton doucement rieur.

Aurait-il, une nouvelle fois, fait usage de son don pour infiltrer son esprit ? Un sourire railleur étire les lèvres de la jeune femme en s'apercevant qu'elle ne peut le questionner sur ses actions. S'il n'est en rien coupable, à son tour, il l'interrogera, devinant sans mal sa perversion. Et même s'il s'avère qu'il l'est, il prendrait beaucoup trop de satisfaction à ce qu'elle rende réel de simples réflexions. Alors, suivant ce raisonnement absurde qui l'incrimine davantage qu'il ne la disculpe, Lenora reprend contenance et répond :

— Pareillement, Monsieur De BERKELEY.

Le climat s'allège dès que le vampire quitte l'arrière-cour et la Saragossane soupire avant de réaliser. Au grand dam d'Aurel, elle s'est involontairement trouvée une distraction. Toutefois, elle ne s'y risquera pas. Si elle en croit la réaction de ces trois bonnes femmes plus tôt dans la journée, ce Monsieur De BERKELEY peut être soit un habitué de l'aile l'Ouest, soit un homme convoité par toutes les femelles de ce manoir, soit, pire encore, un habitué prisé par tous.

Et peu importe quelle proposition se révèle juste, son instinct de préservation l'invite à ne pas se laisser berner par cette charmante et élégante enveloppe. A ne pas se hasarder dans une quelconque querelle pour une simple attraction physique, qui plus est malsaine. Il est évident que cette autorité naturelle émanant de lui est ce qui suscite ce désir. Les femmes à proximité doivent être les seules à ressentir ces effets tandis que lui reste de marbre.

Pensive, Lenora se tourne vers l'astre lunaire comme s'il pouvait lui fournir quelque information. Elle se pensait résolue à sa nouvelle condition mais il est évident que ce n'est pas le cas. Elle ignore tant de choses encore sur ce qui l'entoure et surtout, sur elle-même. Un énième soupir fend sa bouche et accompagne sa descente de la balustrade. Le pas traînant, elle regagne la chambre et se laisse tomber sur le lit.

Elle n'est pas d'humeur à déambuler dans le manoir à cette heure-ci et sa seule option est le sommeil. Dormir n'est d'aucune nécessité mais cela a, au moins, le mérite de faire passer le temps. Pareil à un nouveau réflexe qui témoigne de sa lassitude morale, son soupir fend l'air et ses paupières s'abaissent, à la recherche de ce qui se rapproche de la torpeur.

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𝐴𝑟𝑡𝑒́𝑚𝑖𝑠 : 𝐿𝑒 𝐶𝒉𝑎𝑛𝑡 𝑑𝑒𝑠 𝐹𝑒́𝑙𝑖𝑛𝑠 [𝑇𝑂𝑀𝐸 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant