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Dépenser de l'énergie ? Ne se lasse-t-il jamais de ce vocabulaire humanisant alors que des minutes plus tôt, il lui annonçait que la fatigue ne fait pas partie de leurs caractéristiques ? Faisant fi de ce détail, ils poursuivent longuement leur discussion sur toutes ces créatures qui peuplent la Terre. Si bien qu'ils débordent largement sur le créneau horaire du cours et y passent une bonne partie de la journée.

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— Il est l'heure, déclare soudainement Aurel en se mettant debout.

Le sourcil arqué, une tasse à la main, Lenora interrompt sa lecture, surprise. L'heure de quoi ? La jeune femme jette un rapide coup d'œil à la fenêtre et constate que la nuit est déjà bien installée. Alors de quoi peut bien parler ce vampire ? Dans l'attente d'une suite d'informations, elle l'observe sans rien dire. Il l'a laissé se prélasser tout l'après-midi et elle espère que la donne ne changera pas.

Seulement, lorsqu'enfin les réponses à ses interrogations lui parviennent, tous ses espoirs tombent à l'eau :

— Une tenue t'attend dans la salle de bain, annonce-t-il ; enfile-la et rejoins-moi dehors.

— Qu'y a-t-il à l'extérieur ? s'enquiert-elle.

— Ton entraînement.

Interdite, Lenora demeure silencieuse. Lorsque ce vampire lui a annoncé qu'il allait l'entraîner, elle ne s'attendait certainement pas à ce que cela se fasse de nuit. Ses lèvres s'entrouvrent avec la ferme intention de protester mais il lui semble évident que cela ne sera d'aucune utilité. Alors, toujours muette, elle se rend dans la salle de bain où l'attend, effectivement, une tenue. Une simple tenue de sport et une paire de baskets.

La Saragossane enfile le tout et le pas traînant, elle franchit le pas de la porte. Une légère brise vient balayer ses cheveux et en analysant la cour, elle remarque que personne ne l'y attend. Où est passé ce vampire ? Elle se met en marche vers l'arrière du manoir et à mesure qu'un étrange paysage s'ouvre sous ses yeux, sa cadence ralentit.

Un parc d'attraction abandonné...? Une grande roue et un carrousel ainsi que plusieurs chapiteaux sont parfaitement visible à la lueur de la lune. Comment cela se fait-il qu'elle ne l'ait pas vu plus tôt ?

— Je veux que tu m'attaques, intervient Aurel dès qu'elle lui fait face.

— Vous attaquer ? Et puis quoi encore ? Je suis une pacifiste, je suis contre la violence.

Pour appuyer ses propos, Lenora croise ses bras sous sa poitrine et ancre ses iris brunes dans celles de l'homme qui lui fait face. Un sourire railleur fend imperceptiblement ses lèvres à la pensée de cette idée stupide. Elle est certaine que si elle se risque à ne lever que le petit doigt sur sa personne, il la mettra au sol sans aucune difficulté et avec force. 

Sûrement une plaisanterie pour lui démontrer que c'est lui le dominant. Plongée dans sa réflexion, la jeune femme ne remarque même pas qu'Aurel se volatilise jusqu'au moment où une présence se fait ressentir dans son dos.

— Je ne t'ai pas demandé quelles sont tes idéologies, lui souffle le vampire à l'oreille avant de violemment la mettre au sol.

Malgré la brutalité de l'assaut, la douleur ne lui parvient pas. Quelque peu stupéfaite par cette résistance inhumaine, elle demeure allongée sur le dos, les yeux ouverts sur le ciel. Devant eux, son bourreau apparaît, l'air amplement satisfait.

— Règle numéro un, commence-t-il ; ne jamais quitter l'ennemi des yeux.

Il disparaît de son champ de vision et Lenora en profite pour se redresser, affrontant le vampire. Celui-ci la provoque d'un léger signe de tête et cette fois-ci, elle ne se gêne pas. Usant de sa vitesse surnaturelle, Lenora charge sur lui et la seconde qui suit, son corps est envoyé dans les airs. L'étrange sensation de flotter s'empare d'elle sur de longs mètres avant d'être durement brisée lorsque son corps rencontre son nouvel ami, le sol.

— Règle numéro deux, reprend le vampire ; ne jamais foncer tête baissée.

Plus vive qu'à sa précédente chute, elle se remet sur ses deux jambes, empreint d'une intense adrénaline. La nuit risque d'être très longue mais elle compte bien avoir son professeur au moins une fois. Alors, sans invitation de sa part, elle se jette sur lui.

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Comment a-t-elle pu avoir l'arrogance de croire qu'elle pourrait, ne serait-ce, qu'effleurer cet être machiavélique ? Cette question lui monte à l'esprit tandis que, pour la énième fois de la soirée, sa carcasse s'écrase lamentablement dans l'herbe.

Ses ongles s'enfoncent dans sa paume pour lui permettre de contenir un grognement d'agacement sous peine d'entendre son tortionnaire la sermonner. "Règle numéro 7 : ne jamais montrer ses émotions à l'ennemi". Elle ne peut retenir la rotation de ses yeux à ce souvenir. C'est facile à dire quand on est celui qui a le dessus.

— Il y a du progrès, la félicite Aurel ; tu réfléchis davantage et met en place de petites stratégies. Avec plus de pratiques, tu devrais t'améliorer sans mal.

Toujours couchée à plat ventre, Lenora oriente son visage sur le ciel où elle perçoit les premiers et fébriles rayons de la journée. D'une oreille distraite, elle entend le vampire l'informer que la séance est finie et qu'elle peut aller prendre un bain. Un bon bain...

Le souvenir de l'eau chaude sur sa peau fait grandir en elle quelque chose d'étrange. Elle se rappelle de la manière dont tout son être se délectait de la chaleur de son bain. Devenir un être dénoué de sensibilité a ses défauts. Dorénavant, elle se complaît à la disparition de la crasse sur sa peau brune et de la vapeur qui s'y colle.

Durant ce bref instant où elle se perd dans ses pensées, une délicieuse odeur fruitée accapare son attention et excitent ses sens. Quelle est cette délicieuse fragrance ? Similaire à sa boisson favorite mais bien plus alléchante. Douloureusement, ses canines s'étirent mais ce phénomène ne lui suffit pas pour sortir de cette transe dans laquelle son esprit s'enfonce. La jeune femme se redresse et inspire profondément pour déterminer sa provenance. Elle est proche et en direction du parc d'attraction.

— Ce sont des enfants qui passent, indique Aurel ; l'un d'eux doit être blessé.

Elle plante son regard dans le sien sans comprendre. Pourquoi lui parlent-ils d'enfants ? Elle ne souhaite que trouver la source de cette alléchante émanation qui se fait de plus en plus forte et qui éveille ses papilles. Elle salive sans savoir ce qui l'attire autant. Des voix s'élèvent, fluettes et espiègles, comme celles d'enfants. Ce groupe l'attire et sans pouvoir résister, elle effectue un pas dans leur direction.

— Tu t'en doutes, reprend-t-il ; je ne te retiendrai pas. Toutefois, je tiens à ce que tu saches que si tu cèdes, tu t'attaqueras à cet enfant. Prise d'une frénésie incontrôlable, tu massacreras ce groupe un à un. Tu ne le sais pas, tu t'y refuses mais ce que tu désires tant est son sang.

Le BORGIA l'observe, cet air impassible sur le visage qui soutient son propos selon lequel ce qui se passera dans les prochaines secondes lui importe peu. Lenora inspire profondément et inhale cette savoureuse odeur. Sa morale devrait s'insurger de ce qu'elle s'apprête à commettre pourtant il n'en est rien. Sa morale n'en a rien à faire. Malgré tout, les membres tremblants, elle souhaite faire preuve de bon sens.

Elle ne sera pas responsable d'un massacre de ce genre, elle ne peut pas l'être. Elle ne sera pas celle qui produira cette peur lancinante et funeste chez ces enfants impuissants. Tel un dernier rempart, cette fameuse nuit lui revient : le regard larmoyant et effrayé d'Ofelia alors que Rosella se faisait vider de son sang. Elle expire, retrouvant son calme, et ses canines se rétractent. Et avant que la tentation ne la submerge de nouveau, elle se réfugie à l'intérieur.

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𝐴𝑟𝑡𝑒́𝑚𝑖𝑠 : 𝐿𝑒 𝐶𝒉𝑎𝑛𝑡 𝑑𝑒𝑠 𝐹𝑒́𝑙𝑖𝑛𝑠 [𝑇𝑂𝑀𝐸 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant