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Étonnamment, les deux hommes sympathisèrent et comme gage de leur amitié, il lui fit don de la vie éternelle. Et Aurel choisit cet instant pour revenir et l'interpeller.

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— Viens, dit-il ; nous allons procéder à ton enregistrement.

— Puis-je prendre ce livre avec moi ? s'enquiert-elle en le lui montrant.

— Ce ne sera pas nécessaire, affirme-t-il après avoir analyser le roman ; il y a une bibliothèque au manoir qui comporte toutes les œuvres des BORGIA.

Maintenant, elle sait ce qu'elle fera de son temps libre, si elle en a. Elle dépose le roman et suit le vampire dans un couloir peu éclairé. Puis, lorsque Lenora passe le pas de la porte et que ses prunelles s'ancrent dans un abyme sanglant, une foudroyante pression vient l'écraser et figer ses jambes. Ce regard rutilant appartient à un homme à la carrure imposante, installé à un bureau en bois massif. Sa peau noire, couverte de tâches brillantes et blanches, laisse supposer qu'il souffre du vitiligo et des cicatrices abîment ses lèvres pulpeuses.

A mesure que le temps passe, ce poids sur ses épaules s'accentuent et détourner les yeux lui paraît presque être la meilleure solution. Son attitude est, pour le moins, effrayante et déroutante.

— Elijah, arrête d'oppresser mon héritière, s'exaspère Aurel dans un soupir.

— C'est la première fois que je rencontre un infant BORGIA, j'ai bien le droit de m'amuser un peu, s'esclaffe-t-il, grassement.

Toute force invisible disparaît et le soulagement décrispe ses membres. Ce genre de comportements ne doit amuser que lui... Monsieur CANOSSA se lève de son fauteuil en cuir, la dominant de toute sa hauteur, et lui présente sa grande main. Il la projetterait certainement à l'aile opposée si elle devient l'objet d'une attaque de sa part.

— Je me présente : Elijah CANOSSA, doyen de l'institut Krekose et ambassadeur de l'Etat.

— Suis-je censée accepter la poignée d'un homme qui s'amuse de mon malheur ? quémande-t-elle, le sourcil arqué.

— Un peu d'humour, jeune vampire, se moque-t-il.

— Au non regret de vous décevoir, je n'y suis pas sensible, riposte Lénora de marbre. Tout ce qui apporte la joie est considéré comme "fadaise" dans ma qualité — ou défaut — de vampire.

Dubitatif, il se tourne vers Aurel qui se contente de hausser les épaules et, au moment de récupérer sa main, Lenora la saisit dans une poigne ferme.

— Ma politesse demeure, au moins.

— Je l'aime bien, je l'aime bien, sourit-il en reprenant place. Si l'insensible veut bien prendre place.

La concernée obtempère et le visage d'Elijah adopte un sérieux à toute épreuve alors qu'elle examine ce qui l'entoure. Faite de bois du parquet au plafond, la pièce ressemble plus à une bibliothèque qu'à un bureau. Deux étages remplies de livres sont accessibles par un escalier colimaçon, sans parler de ce rez-de-chaussée enjolivé par un miroir et une cheminée. De part et d'autre de celle-ci, deux tapis couvrent le sol et un troisième sur lequel repose la table, placée au centre. 

Il y a également un espace réservé aux recherches si elle se fie aux nombreuses fioles qui s'y trouve. Et pour finir, quatre lustres ainsi que trois lampes, dont une est posée sur le bureau, éclairent la pièce. Ce mélange de bois et de rouge amené par les tapis apportent une touche d'élégante sobriété.

— A partir de maintenant, entame Elijah ; tu es Lenora BORGIA-SANCHEZ, née en Estrémadure le dix-huit Avril mille neuf cent trente-et-un. Votre mère est morte en couche, votre père vous a abandonné et Aurel BORGIA vous a recueilli. Il est donc votre tuteur et cela dans les deux mondes. Tout acte que vous commettrez aura des répercussions directes sur lui.

— Pourquoi faire autant pour une simple nouvelle identité ? s'intéresse la jeune femme.

— Vous n'êtes pas officiellement morte aux yeux de la loi, répond-il. Vous êtes portée disparue et de nombreuses affiches parsèment les rues avec votre portrait. Il faut donc effacer la moindre trace susceptible de vous porter préjudice. Dorénavant, vous êtes un vampire et vous ne devez dévoiler, sous aucun prétexte, votre nature aux humains sous peine d'être décapitée, les humains au courant, également.

— Pour quelle raison devons-nous nous cacher ? poursuit-t-elle.

— Les vampires ne sont pas les seules créatures de l'ombre, lui apprend-il. Si nous nous dévoilons, les autres feront de même et cela causerait un déséquilibre trop important voire une guerre interraciale. De plus, les sauvages qui appartiennent à notre race massacreront alors les foules sans retenu et cela est bien trop dangereux pour tout le monde.

— Quelles autres créatures existent-ils ? continue Lenora, empreinte à la curiosité.

— Je répondrai à toutes tes questions plus tard, intervient Aurel. Qui aurait cru que la curiosité serait ta principale caractéristique ?

— Comment suis-je censée prendre cette remarque ? se vexe la vampire.

— Une manière polie de t'inviter au silence, déclare-t-il, l'offusquant de plus belle.

— Veuillez signer ces documents afin que nous réalisions les documents qui vous seront utiles pour circuler dans le monde des humains. Il y a également un document qui atteste que vous êtes au courant des conséquences que vous encourez si vous révélez notre existence ou attaquez un humain.

Elle se saisit du stylo et sans l'ombre d'une hésitation, elle entame la signature de tous les documents. Les visages d'Ofelia et Rosella, sourire aux lèvres, émergent brusquement dans son esprit et interrompent sa lancée. La pointe du stylo se détache du papier lorsque le regard émeraude de Rafael refait surface et Lenora prend conscience qu'il n'y a pas de retour en arrière possible, qu'elle abandonne de manière officielle son rang d'humaine.

Ses yeux scrutent les lettres cursives formées dans une encre noire et qui, ironiquement, composent le nom de famille qu'elle s'apprête à abandonner. Un nom qui fait écho à vingt-trois ans d'une existence banale. Les cadavres de ses amies jaillissent à leur tour, lui rappelant encore une fois que plus rien ne la retient et dans un énième soupir, elle achève sa signature sur la dernière feuille, disant adieu à Lenora GARCIA-MARTIN...

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Les Borgia : une famille de la Renaissance est un ouvrage écrit par le journaliste Claude Mossé.

𝐴𝑟𝑡𝑒́𝑚𝑖𝑠 : 𝐿𝑒 𝐶𝒉𝑎𝑛𝑡 𝑑𝑒𝑠 𝐹𝑒́𝑙𝑖𝑛𝑠 [𝑇𝑂𝑀𝐸 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant