Elle ne sera pas responsable d'un massacre de ce genre, elle ne peut pas l'être. Elle ne sera pas celle qui produira cette peur lancinante et funeste chez ces enfants impuissants. Tel un dernier rempart, cette fameuse nuit lui revient : le regard larmoyant et effrayé d'Ofelia alors que Rosella se faisait vider de son sang. Elle expire, retrouvant son calme, et ses canines se rétractent. Et avant que la tentation ne la submerge de nouveau, elle se réfugie à l'intérieur.
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En poussant la grande porte de la salle d'eau, l'agréable odeur de fleurs de pruniers l'enveloppe. Une apaisante vapeur se dégage des fentes du carrelage et l'humidité créée dans ses cheveux les colle immédiatement à sa peau. Des colonnes rouges et dorées décorent la salle et des vases sont disposés de part et d'autre du bain avec divers produits d'hygiène.
Avec lenteur, elle se défait de ses vêtements souillés par la terre et se glisse dans le grand bain qui s'étend devant elle. Celui-ci est alimenté par une fontaine à l'effigie d'un félin et la chute de l'eau compose une douce mélodie, intensifiant l'ambiance de relaxation. Une fois installée dans le bassin, la jeune femme pose sa tête sur l'une des marches, observant le très haut plafond puis, ses paupières s'abaissent. Incapable de déterminer sa température, elle ne peut que savourer la dissipation de toute saleté sur sa peau.
A son insu, elle se retrouve face à sa conscience qui se dédouane de toute responsabilité quant aux derniers événements. Les interrogations vont et viennent dans son esprit avec une neutralité extrême. Comme si elles n'ont pas plus d'importance que le temps qu'il fait dehors. Pourtant, elles participent à la vision de sa propre personne, à la vision de ce qu'elle souhaite devenir en tant que créature de l'ombre.
Comment a-t-elle pu avoir la sombre intention de s'attaquer à des enfants ? Elle n'aurait eu aucun mal à s'en prendre à ces enfants si ses anciennes amies n'avaient pas fait irruption dans sa réflexion. Est-ce là les conséquences de sa transformation en un être dénué de sensibilité ? En un être dont les envies primitives sont plus fortes que la raison ? Cela signifie-t-il qu'en l'absence d'Aurel, elle ne détiendra aucun contrôle sur ses désirs du sang ? Dire que quelques jours plus tôt, elle refusait l'idée d'avoir besoin d'en consommer pour vivre...
Le fil de ses pensées lui échappe et son beau brun à la peau olive lui apparaît en mémoire. Chaque détail de son visage et de sa personnalité lui revient mais cela ne lui procure rien d'autre que le souvenir de ce qu'elle a ressenti. Avant que tout cela ne se produise, elle était sur le point de tomber amoureuse. Elle ne se rappelle plus de ce que cela fait mais elle se rappelle de ce que c'était et cela devait être la première fois qu'elle ressentait ce genre de choses.
Rafael... Elle a expérimenté tant de nouvelles choses avec lui. Il ne serait pas mort, peut-être aurait-il été son premier amour ou l'amour de sa vie ? Ressentira-t-elle ce genre de choses de nouveau ? Certainement pas si elle en croit Aurel. Elle essaie en vain de mettre un terme à ces futilités qui agitent son esprit sur une vie qui n'appartient pas à cette version de sa personne. D'une vie à laquelle elle est, dorénavant, complètement extérieure.
Dans un soupir, elle s'extirpe du bassin et remarque qu'une serviette ainsi qu'une tenue ont été mises à sa disposition. Elles n'y étaient pas en allant se changer alors qui a bien pu les mettre ? Y a-t-il d'autres locataires dans ce manoir dont elle ignore l'existence ? Tout en se questionnant sur les mystères de ce lieu, Lenora revêtit une robe crayon noire à l'élégant dos nu. Elle couvre ses avant-bras de gants noirs et chausse des escarpins vernis, de même couleur, au bout rond et à la fine bride autour de sa cheville.
En temps normal et pour la millième fois, elle se serait questionnée sur la raison qui pousse ce vampire à l'habiller de manière si distinguée. Et de surcroît, pour rester enfermer toute la journée. Cependant, elle se fait progressivement à sa situation et à l'idée qu'Aurel apprécie tout simplement la belle apparence. Lorsque la vampire ouvre la porte, elle tombe sur les feux follets qu'elle suit de suite.
Les talons résonnant sur le plancher, elle va à la rencontre du vampire au rez-de-chaussée et s'assoit docilement à la place qui lui a été assignée un jour plus tôt. Le buste droit, les jambes croisées et les mains jointes sur le pupitre. Son professeur lui jette un regard curieux, intrigué par son comportement inhabituel. Il est temps qu'elle se comporte en ce pourquoi elle est devenue un vampire. Son ancienne vie ne reviendra pas alors autant exceller en tant que vampire de la lignée des BORGIA.
— Tout d'abord, je tiens à te féliciter pour ta retenue, Lenora, commence le vampire. Les aléas de la mutation font que peu y arrive à ton âge. L'appel du sang est envoutante et l'état euphorique dans lequel il plonge est, comme tu le sais, très dangereux.
Durant ses explications, Aurel fait les cents pas devant le tableau noir. Ses mains délicates se meuvent avec souplesse, accompagnant son discours, et ses iris la scrutent de temps à autre.
— Avec le temps, tu te contrôleras sans aucun mal, poursuit-il . Et dans cette attente, il faut que tu saches que la tentation n'est en rien problématique, seule la décision de céder ou de se contenir l'est.
— Si le sang est notre seul plaisir, pour nous, êtres dépourvus de toute sensibilité, alors pourquoi se le retirer ? quémande la jeune femme.
— Tu te méprends, conteste Aurel ; rien ne t'empêche de te nourrir de sang humains. Dès que tu connais leur limite, tu es libre de le faire. Actuellement, tu n'as pas les capacités de prélever le sang à la source, tu tuerais assurément ta victime.
— Je pensais que cela ne vous faisait rien que la victime meurt, fait-elle remarquer.
— C'est le cas, confirme-t-il. Néanmoins, cela ne m'empêche pas d'apprécier le fait que mon apprenti ne tue pas sous impulsivité. Que tu le fasses en toute possession de tes moyens, oui, que tu le fasses sous emprise de ta soif, moins. Maintenant que cela est dit, nous pouvons fermer cette parenthèse et commencer notre cours.
— Attendez, j'aurai une autre question, indique la vampire avant de continuer sous son regard approbateur : y a-t-il d'autres personnes qui vivent avec nous ?
Un soupir franchit les lèvres de l'homme et Lenora devine par cette réaction que sa réponse engendra davantage d'interrogations.
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𝐴𝑟𝑡𝑒́𝑚𝑖𝑠 : 𝐿𝑒 𝐶𝒉𝑎𝑛𝑡 𝑑𝑒𝑠 𝐹𝑒́𝑙𝑖𝑛𝑠 [𝑇𝑂𝑀𝐸 2]
VampirosExtrait : 《 Comment expliquer que les événements qui se produisent à Salamanque n'ont aucun sens ? Après plusieurs jours de crimes, cela va faire près de deux semaines qu'il n'y a plus eu aucun corps de trouver, aucune trace d'actes cri...