Chapitre 9 : Combat Perdu

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Nous étions revenus à la forge. Je m'assis sur l'établi tandis que Marcus prit la parole :

- Écoute fiston, le roi m'a parlé hier, il a besoin de moi.

- Oui, je vous ai vu discuter dans la salle du trésor. Quelle est sa requête ? Demandais-je curieux.

- Il veut que j'aille chercher des matériaux rare pour la forge, me répondit-il, l'air sérieux. Je pense que ça va être pour ton armure.

- Super ! M'écriais-je avec joie. Quand partons nous ?

- JE pars tout à l'heure, annonça-t-il les sourcils froncés.

- Comment ? Criais-je rempli d’incompréhension, mais je veux venir avec vous maître, que vais-je faire si vous n’êtes pas là ?

- Écoute moi, avant de monter sur tes grands chevaux. Tu n'es pas tout à fait prêt à te déplacer hors du pays de Firse, il te manque encore quelques semaines d'entrainement pour être vraiment au point.

- Je ne suis pas d'accord, continuais-je frustré. Je veux…

- STOP, hurla mon maître les yeux injectés de sang. Ne vas pas plus loin, la discussion est close. Je me fais vieux et je ne suis plus aussi fort qu'avant. Je ne me le pardonnerais jamais s’il devait t’arriver quoi que ce soit.

En entendant ces mots, je me résignais à continuer le débat. Je comprenais ses intentions, mais j’étais en colère contre moi-même d’être aussi faible.

- Écoute petit, je pars pendant trois jours, si au quatrième je ne suis pas revenu, va voir le roi. Demande qu’il envoie ton père avec quelques hommes, on ne sait jamais.
- Mais où allez-vous ? Demandais-je l'air alarmé.

- Je me rend à Thunderite.

Ce nom résonnait dans ma tête, j'écarquillais les yeux tels des billes de plomb.

- Mais nous allons être en guerre, m'écriais-je affolé.

- Non, justement tu te trompes, répondit-il d'un ton serein. Pour le moment nous ne risquons rien. Une fois que je serai parti, va voir le roi. Il souhaite que tu lui rendes visite et financera ton équipement.

- Justement, commençais-je innocemment. Je voudrais solliciter mon frère Joshua. Si cela pouvait faire démarrer son activité car il n'est vraiment pas bien dans ses bottes.

- Hum, ça me parait une bonne idée, pensa-t-il à voix haute en se tenant la barbe. Parles-en au roi en même temps.

- Très bien Marcus, faites bon voyage, dis-je sur un ton d'enterrement. Faites attention quand même.

- Ne t’inquiète pas, je reviendrai en un seul morceau.

Sur ces mots, il attrapa son baluchon et prit la route. De mon côté, je me rendais au château sur l'ordre du roi donné la veille.

En arrivant, il était tellement content de me voir qu’il entoura mon épaule de son gros bras.

- Alors, Nichols, comment vas-tu depuis hier ? Demanda-t-il comme s’il connaissait ma réponse.

- Mieux qu’il y a une heure, croyez-moi. Je trouve injuste le fait de ne pas pouvoir accompagner mon maître, lui répondis-je avec une tête de six pieds de long.

- Je me doutais de ta réaction et je la comprends. J’aurais eu la même à ta place mais il a dû t'expliquer les enjeux.

- Oui bien sûr, dis-je calmement.

- Bien, si je t'ai fait venir aujourd’hui, continua-t-il en me regardant fixement dans les yeux, c'est pour te donner de l'or, tu iras acheter des matériaux pour tes futurs protections.

- A ce propos, le coupais-je décidé. Je voulais vous en toucher deux mots sire. J’aimerai faire appel à mon frère Joshua. Si cela pouvait permettre à son activité de démarrer, vous est-il possible d'en faire autant si vous aviez besoin de quoi que ce soit ?

- Hum…, grogna-t-il en se grattant son large front, mais pourquoi pas. Je vais y réfléchir, après tout si ça peut l'aider. Je te tiendrais au courant.

- Je vous remercie votre majesté…

- Hé petit, si tu veux vraiment qu’on fasse de bonnes choses ensemble, commence par m'appeler Hector. Ton père a eu le plus grand mal à le faire, mais il s'y est fait.

- Je vais essayer, mais je ne vous promets rien. A bientôt mon roi… Euh sire Hector.

J'attrapai la bourse qu’il me tendait et pris le chemin de l’échoppe de mon frère.

- C’est bien mon garçon, mais enlève le sire, il ne sert a rien entre nous, s'esclaffa-t-il à faire trembler les piliers de la salle du trône.

En poussant la porte de la boutique, la cloche tinta avertissant de mon arrivé.

- Tient, regardez qui voilà, lança une voix derrière le comptoir. Alors petit frère, tu viens te moquer de moi ? ironisa Joshua.

- Ne dis pas n'importe quoi, Jo. Je viens solliciter ta marchandise.

- De quoi aurais-tu besoin ? Demanda-t-il, surpris par ma requête.

- Qu’est-ce que tu as comme métal brut ?

- En métal brut ? Répéta-t-il avec des yeux tout rond. Hé bien, j’ai de tout. Du fer, du plomb,  du cuivre, de l’étain.

- Parfait, dis-je en claquant des doigts. Tu me mets quatre livres de fer, deux de cuivre et deux d’étain.

En entendant ma liste, un sourire fusa sur son visage.

- Oh là, que vas-tu faire de tout ça ? Demanda-t-il curieux.

- Je commence mon armure et je ne veux que ta marchandise. D'ailleurs à ce propos, prépare toi à prendre d'autres commandes. J'en ai parlé au roi et il va y réfléchir.

Je vis une petite larme rouler sur la joue de mon frère, c’était la première fois.

- Merci Nichols, je suis remplis de joie, bégaya-t-il en s'essuyant d'un revers de manche. J’espère que ça va faire décoller mes affaires. As-tu besoin d'autres choses ?

- Oui, as-tu du cuir ? Du bon ?

- Bien sur, le meilleur de la région, fais moi confiance, dit-il en bombant le torse.

- D'accord, tu pourrais me faire aussi des lacets avec du cuir ?

- Des lacets ? Répéta-t-il étonné de ma demande. Oui je le peux, tu vas te faire un corset pour demoiselle ? Plaisanta-t-il d'un rire moqueur.

- Non, non, riais-je avec lui, j’ai une idée mais c’est la couturière qui va tout me faire. Tu m'en fais deux livres et dix livres de brut.

- Avec plaisir frangin, autre chose avec ça ?

- Oui, quel tissu pourrait être léger ? Demandais-je en cherchant du regard derrière lui.

- Et bien, monsieur a les moyens, railla-t-il. Je peux te conseiller de la soie. C’est très fin et vraiment léger.

- Parfait, tu m’en mets deux livres de couleur rouge s'il-te-plaît.

Il partit dans son arrière boutique pour mettre ma commande dans une caissette. Il la posa lourdement sur le comptoir et je lui demandais :

- Combien te dois-je pour tout ça ?

- Deux milles, dit-il avec entrain.

- Quoi ? M'exclamais-je avec des yeux exorbités, mais tu n'es vraiment pas cher.

- Tu sais ce que je dis toujours frangin, il faut vendre au prix juste. J’ai arrondi en-dessous parce que c’est toi. Mais c’est comme ça que je veux accrocher ma clientèle.

Je sortis la bourse du roi et le payai. Je partis en direction de la forge, n'oubliant pas de le remercier. Une fois là-bas, je mis le feu en route. En attendant que les braises prennent, j'attrapai un morceau de parchemin et du fusain pour me dessiner l'armure que j’avais en tête, pour le donner ensuite à la couturière. Une fois fait, je commençais à forger tous mes métaux.


Le quatrième jour était arrivé. Toujours pas de Marcus. J’avais dormi à la forge en espérant son retour. Je sautai de la table en bois et couru au château. J'aperçu le roi et lui expliquai ce que mon maître m’avait dit quelques jours plus tôt.

- Ne t'en fais pas, j’avais envoyé ton père avec deux hommes pour s'occuper d’une meute de loup qui tyranniser des moutons non loin de Thunderite.

Au même moment où le roi finissait sa phrase, mon père hurlait :

- Hector, vite le guérisseur. Il faut se dépêcher nous n'avons pas de temps à perdre.

Une vision d'horreur me donna un frisson dans le dos. Mon maître, mon mentor, porté par deux hommes de la garde. Inconscient et blessé de partout. Les porteurs allèrent le poser sur un lit en attendant le médecin. Je m'approchais doucement de mon maître pour lui parler. Il se réveillait dans un râle de douleur.

- Rahhh… Nichols… tu es là. Aurora… Aurora… pas… faute.

Je ne comprenais rien à ses divagations. Je pensais qu’il essayait de m'expliquer, qu'Aurora l'avait attaqué. J'avais la rage au ventre, je me levai d'un bon sur mes deux pieds et lançai à mon maître :

- Je vais revenir, les yeux emplis de détermination sur les blessures de Marcus.

Je tournai les talons et pris la route du camp d'entrainement. Mon père essaya de m’arrêter au loin :

- Nichols, arrête, reviens ici. Tu ne pourras rien contre elle.

J'en étais conscient, mais je ne pouvais pas rester à rien faire et attendre gentiment les bras croisés.

J'arrivai sur la plaine, attrapai mon bâton à son endroit habituel et je me mis a hurler à en perdre ma voix :

-AUUUUUROOOOOORAAAAAAA !!!!!!!!!

Le Maître Des ÉlémentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant