Chapitre 15 : Le Manteau Noir.

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Quelques jours plus tard, j'allais voir le roi car il m’avait promis des pièces d'or :

- Bonjour Hector, comment allez-vous, par cette belle journée ?

- Bonjour Nichols, on fait aller et toi ? Dit-il le visage fermé.

- Je me porte bien merci, je viens vous voir pour ce dont on a parlé avant de partir en mission, ajoutais-je étonné de l'accueil glacial.

- Très bien, je te donne ça. Mais avant, dis moi, j’espère que tu ne pactises pas avec l'ennemi ? Nous t'avons aperçu avec Aurora, dit-il en fronçant les sourcils.

- Non mon roi, je ne pactise pas avec l'ennemi comme vous le dites. De plus je ne crois pas qu’elle soit d'accord avec l'attitude de son roi.

- Hum…, fit-il en se frottant son épaisse barbe, je vois.  Le pouvoir a du rendre fou Ralph et c’est bien dommage. Très bien je ne me ferai pas de soucis, reprit-il en souriant.

Il me donnait une belle bourse encore bien remplie.

- Hector, sans vouloir abuser de votre bonté, je voulais savoir s’il était possible avec l'argent de refaire une nouvelle tenue pour Arthur ? Demandais-je poliment.

Il se grattait le front en faisant mine de réfléchir.

- Ce n'est pas à moi de la payer en temps normal, me répondit-il en haussant un sourcil sur les deux. Je vais faire une exception, après tout, vous deux, formez une bonne équipe.

- Merci Hector. C’est très gentil à vous, je vous le revaudrez. Je dois y aller, je vous dis à très bientôt.

- Très bien mon garçon, lança-t-il en me saluant de la main.

Je fonçais chez Joshua, je m’arrêtais net devant la boutique car une pancarte y était accrochée.

« Je me suis absenté, je serai de retour dans peu de temps »

- Impossible, pensais-je tout haut. Où peut-il être aller.

Je décidai de rentrer à la maison, voir s’il était avec ma mère.
Arrivé là-bas, je faisais une entrée fracassante.

- Maman, tu es là ? Joshua n'est pas avec toi ? Criais-je pour qu’elle m’entende.

- Non, il est parti voir Charlie, il avait une nouvelle à m'annoncer il en était tout joyeux.

- Merci m’man, je fonce là-bas, répondis-je en refermant la porte.

Je courrais en direction de la maison de Charlie, j'arrivais devant le portail, je ne m'occupais pas du chien et fonçais vers l'atelier. J'avais aperçu la fumée qui sortait de la cheminée.

- Charlie, tu vas bien ? Où est Joshua ? Demandais-je en reprenant ma respiration.

- Ça va bien, tu as l'air pressé. Tu n'as pas de chance, m’annonça-t-il en arrêtant sa tâche. Il vient de partir, il y a tout juste cinq minutes. En courant vite, tu pourrais le rattraper.

- Merci Charlie, oui je vais bien, j’avais besoin de le voir pour des matériaux.

- Ha ben justement, continua-t-il en se tapant la cuisse, il m'a raconté son histoire, je suis très heureux pour lui. Il voulait justement t'en parler et à papa aussi.

- Oui je sais, je suis passé chez m'man et elle m'a dit la même chose que toi. Bon j'y vais, excuse-moi on se voit plus tard frangin, coupais-je en me remettant à courir.

Je courrais à en perdre haleine. Je dévalais les champs tel un gibier pris en chasse. Après dix bonnes minutes, j'apercevais mon frère au loin.

- Jo… jo..shua, haletais-je.

Il s’arrêta, se retourna et me salua en me voyant.

- Nichols, tu tombes bien, dit-il en m'apercevant, J’ai une bonne nouvelle, m’annonça-t-il avec un sourire guilleret.

- Oui je sais, quand j’ai vu ton affiche, je suis parti voir maman. Elle m'a dit que tu étais passé la voir, mais déjà reparti chez Joshua et une fois chez lui tu venais de reprendre la route du retour.

- Oui, je voulais te voir car, accroche toi bien, ça y est , les affaires décollent. Le roi est passé me voir hier et il m'a fait une énorme commande.

- Ha, je suis vraiment heureux pour toi frangin, je savais que ce n’était qu’une question de temps.

- Arrête petit frère, tu es trop modeste. C’est grâce à toi tout ça. Je te dois une fière chandelle crois moi.

- Non, non, ne t’inquiète pas, c’est bien normal. Allons chez toi, j’ai besoin de matériaux.

- D’accord, entre nous, j'adore ton armure, fit-il avec un clin d'œil exagéré.

- Oui elle est parfaite et tu ne m'as pas menti sur la qualité, répondis-je en la regardant.

Nous étions arrivés à la boutique et il ouvrit la porte quand Arthur  entra dans la rue.

- Arthur, le saluais-je de la main. Viens par ici mon ami.

Content de me voir, il arriva au pas de course.
- Nichols, comment vas-tu aujourd’hui ? Tu rends visite à Joshua ?

- Ca va bien, merci et toi ? Oui et toi aussi justement.

- Ça va merci, répondit-il surpris de mon annonce. Non, non, je rentrais chez moi.

- Hé bien cela attendra viens avec moi, j’ai une surprise.

En entendant ces mots, je vis ses yeux se remplir de joie. Nous rentrâmes tous les trois et Joshua passa derrière le comptoir. 

- Qu’est-ce qu’il vous faut les garçons ? Demanda Joshua en posant les mains sur le bois fraichement vernis.

- Pour moi, répondis-je avec le sourire jusqu’aux oreilles, ce sera 20 livres de cuir noir comme mon armure, quatre livres d'argent et deux de fer. Et toi mon ami ? Continuai-je en regardant Arthur toujours avec le sourire.

- Moi ? Non, je ne veux rien, continua-t-il sans comprendre ma pensée.

- Tu sais ce que je t’avais promis ? Et bien c’est choses faite, lui annonçais-je en montrant ma bourse bien remplie.

- C’est pas vrai ? Nichols tu es un véritable ami, je te remercie du fond du cœur. Hé bien, dans ce cas, je vais prendre dix livres de cuir…

- Noir toi aussi ? Coupa Joshua.

- Non, normal s’il te plait du marron, j’y suis habitué, ajouta-t-il jovial. Il y aura aussi dix livres de fer, six livres d’étain et quatre de cuivre.

- Allez, c’est noté, je vous apporte ça tout de suite, dit-il en disparaissant dans l’arrière boutique.

Quelques minutes plus tard, il apporta la première caisse, puis la deuxième qu’il posa devant nous. Je sortis ma bourse et lui demandai :

- Combien ça nous fait tout cela ?

- Alors, mille pièces s’il te plait ?

- Hein ? Fis-je dubitatif, ce n'est pas possible, continuai-je interloqué.

- Je te fais cadeau de ta caissette frangin, c’est un moindre remerciement pour service rendu.

- Merci grand frère, répondis-je abasourdi. C’est très gentil mais tu n'es pas obligé, tu ne me dois rien.

- Je n'y suis pas obligé, répéta-t-il, cela me fait plaisir.

- Merci Joshua, dit Arthur la tête dans les nuage, et merci à toi Nichols.

Nous prîmes chacun notre caisse en bois, saluâmes Joshua et allâmes à la forge.
Nous entrions tous les deux, Marcus avait dû s'absenter. Arthur s'installait sur une chaise et commençait un dessin. J'installais le bois dans la forge, allumais le feu et en attendant que cela prenne, je commençais moi aussi à dessiner le modèle de manteau que j'avais en tête. Une fois nos croquis achevés, je faisais fondre l'argent à part car c’est un métal assez fragile qui doit être obligatoirement mélangé avec un autre plus solide.

- Dis Nichols, est-ce que tu pourrais me faire ça ? Me demanda-t-il en me montrant l'un de ses croquis.

C’était un petit couteau dont la lame formait un triangle, avec un tout petit manche ou une main suffisait pour le recouvrir et un anneau au bout pour y mettre un doigt.

- Oui bien sur, avec ce que tu as là, je peux t'en faire une dizaine et après faire tes pièces d'armure.

- C’est parfait, me répondit-il songeur.

Je prenais de quoi faire des moules. J'en préparais quelques un pour Arthur . Puis je faisais les miens, ils étaient assez complexes vu mon idée. Après avoir fini je forgeais un à un les morceaux de métal voulus. Cela me prit quelques heures.

- Bon, dis-je en m’essuyant la sueur qui me coulait sur le front, demain, nous irons emmener tout cela à la couturière.

Je regardais chaque chose pour voir si tout était parfait.

- Demain, rejoignons-nous ici peu après le lever du soleil, dis-je en regardant Arthur qui contemplait mon travail.

- Très bien, à demain, s’exclama-t-il en sortant.

Alors que je préparai tout le nécessaire pour demain, je revus mon croquis, j’aperçus celui d’Arthur. Il avait dessiné une belle armure, pensais-je, quand Marcus entra.

- Tiens, tu es là fiston, dit-il de sa voix grave. As-tu vu le roi ? Il voulait te parler, demanda-t-il en connaissance de cause. 

- Oui je l'ai vu, je lui ai expliqué ce qui s'est passé. Il a fini par comprendre, je lui ai caché mes sentiments pour elle.

- Je vois, fit-il en s'asseyant près de moi. Je voudrais juste que tu ne sois pas déçu. Et je n'aimerais pas non plus que cela te joue des tours le jour J.

- Ne vous en faites pas, j’y ferai abstraction, dis-je empli de détermination.

- Alors, qu’as-tu fait, changea-t-il de sujet.

Il prit ma plus grosse pièce et la regarda sous toutes ses coutures. Puis il prit les autres et fit de même.

- C’est du très bon travail, tu t'améliores vraiment de jour en jour petit. Je suis content, tu seras reconnus dans tout le pays lorsque je ne serai plus là.

- Ha, ne dites pas ça Marcus, répondis-je fermement. Je suis ravi que cela vous plaise.

- Oui surtout cette pièce, reprit-il en me montrant la première qu’il avait scruté méticuleusement.

Je passais ma soirée avec Marcus, nous avions mangé un bon ragoût puis je me suis couché sur la table de la forge. Je lui expliquais qu’Arthur venait de bonne heure demain matin et il acquiesçait d’un signe de tête en me souhaitant bonne nuit.

Le lendemain, comme prévu, mon ami était à l'heure. Nous prenions toutes nos affaires en vu de filer chez la couturière.

- Bien le bonjour jeunes hommes, clama-t-elle nous voyant entrer les bras chargés. Me ramèneriez-vous du travail ?

- En effet, répondis-je en posant ma caisse suivie de celle d’Arthur. Voilà mon croquis.

- Hum… souffla-t-elle en regardant mon parchemin du bout de ses lunettes. Il va être magnifique crois moi. Et toi ? Demanda-t-elle en tendant la main vers Arthur. Oui, elle sera très bien. Les garçons, revenez en fin de semaine, tout sera prêt.

- Merci madame Agnès, salua Arthur qui m'emboita le pas.

Cinq jours plus tard, nous allions tous les deux récupérer notre commande. En entrant dans la boutique, je remarquais avec stupéfaction que tout était déjà sur le comptoir. C’était bien plié et bien rangé, chacun dans sa propre caissette.

- Bonjour les garçons, vous venez chercher vos effets ? Demanda-t-elle tout sourire.

- En effet, répondis-je du tac-o-tac. Il est resplendissant, m'exclamai-je en prenant le long manteau noir. Serait-il possible de me faire un trou ici et une fente là, montrai-je du doigt les deux endroits dans le dos en dessous des épaules.

- Bien sur, ça ne me prendra que deux minutes.

Dès que ce fût fini, je l'enfilai. Il m'allait comme mes gants, je n'en revenais pas du travail formidable qui avait été accompli. Il me descendait jusqu’aux bottes. Les manches allaient légèrement en-dessous de mes doigts. Une capuche qui me recouvrait entièrement le visage, sans en voir une seule partie. Les boutons en argent disséminés jusqu’en dessous de la ceinture pour le fermer sans gêner mes jambes. Les pièces maitresses étaient d'abord les deux petites têtes de loup sur le côté de mes épaules et l’énorme tête incrusté dans mon dos. Elles s’intégraient parfaitement.
Arthur avait lui aussi une très belle combinaison et surtout le plus important c’était ses deux petites sacoches qu’il accrochait à ses cuisses et une à son biceps gauche pour ranger toutes ses lames.

- Elle est très belle ta nouvelle tenue, remarquais-je ébahi de toutes ses pochettes.

- Je ne te remercierai jamais assez mon ami, tout ceci est grâce à toi, un grand merci, dit-il les yeux brillants de gratitude.

Nous décidions ensemble d'aller voir Joshua. Je voulais faire une farce, je rentrais le premier et comme prévu, il ne m'avait pas reconnu. Il prit conscience que c’était moi une fois qu’Arthur rentra dans la boutique.

Au moment de prendre la parole, les même vertiges que la dernières fois gagnèrent ma tête.

- Nichols, ça ne va pas ? S’inquiéta Joshua.

- Encore cette voix dans ma tête, répondis-je en me tenant le front. Alastor…






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