Chapitre 13 : Dur Entrainement.

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Porté par Arthur et le roi, ils avaient mis chacun un de mes bras sur leur épaule pour m'emmener voir le guérisseur. Ils m'allongèrent sur un lit, dans une pièce toute en pierre où plusieurs couches étaient alignées.

- Je n'ai pas le temps de me reposer, il faut que je retourne m’entraîner, dis-je en me tordant de douleur.

En toussant, je crachais un glaire de sang. Marcus arriva cliquetant de ses béquilles de bois :

- Arrête toi, fiston, siffla-t-il entre ses dents. Il le savait, il voulait te tester. Maintenant, tu dois être soigné et nous allons reprendre l'entrainement encore plus intensif.

Arthur qui était parti chercher mon père pendant l'entrainement de la garde, revinrent au pas de course.

- Nichols, dans quel état es-tu ? Demanda-t-il inquiet. Heureusement que ta mère n'est pas là pour te voir. Pour combien de temps en a-t-il ? Questionna mon père en se retournant vers le rebouteux.

- Ne vous inquiétez pas mon brave, ça ne sera pas long. Dès demain il ira mieux. Je vais préparer ce qu’il lui faut pour être vite sur pied.

Il tourna les talons et s'en alla vers son laboratoire pour préparer une concoction. Arthur qui était resté se pencha à ma hauteur :

- Ne t’inquiète pas, tu m’as entendu, dès demain on reprend l'entrainement tranquillement…

- Tranquillement ? Comment ?Le coupais-je furibond. Il faut que je devienne plus fort, beaucoup plus fort. Je m'entrainerai nuit et jour s’il le faut mais je dois m'emparer de ce pouvoir. J’ai un devoir à accomplir et un pays à protéger.

- Pour le moment pense à ton repos fils, continua mon père.

- Nous manquons de temps et…

Mon père me coupa en levant la main comme il avait l’habitude de le faire avant de se mettre en colère.

- Tu peux bien en prendre un peu tout de même, dit-il d'un calme inquiétant.

- Soit, mais demain, je m'y remet d’arrache-pied.


Le lendemain, j’étais encore écorché à vif, des courbatures et des douleurs dans tout le torse. Il fallait admettre que l'onguent prodigué par le guérisseur avait fait des miracles. Marcus et Arthur étaient là ainsi que mon père et deux hommes de la garde comme je l'avais demandé. Marcus en avait encore pour quelques petits jours de rétablissement et il ne pouvait se battre.

- Merci d’être venu, lançais-je en les regardant un par un. Nous allons nous entrainer tous ensemble. Pour aujourd’hui, nous irons doucement le temps que je récupère mais dès demain nous passerons aux choses sérieuse.

- Tu es bien sur de toi fils ? Demanda mon père sournois. Tu ne seras pas de taille.

- Il le faudra pourtant p'pa. Il me faut d'avantage de puissance.

J'eu à peine fini ma phrase, qu’Arthur bondit vers moi, une lame à la main prêt à me frapper au visage. Je levai mes poignets en l'air et parai. En se rencontrant le métal émit des étincelles.

- Pas mal pour un estropié, ironisa Arthur.

- Et encore, tu n'as rien vu, continuais-je lui rendant son sourire, provoquant.

Chacun son tour ils m'attaquèrent, d'abord lentement pour que je puisse faire les esquives appropriées. Plus je me sentais à l'aise, plus la vitesse augmentait petit à petit.

Le lendemain, tous étaient présents au rendez-vous.

- Merci d’être venu, nous allons reprendre ou nous nous étions arrêté hier.

J'allais beaucoup mieux. Le remède du guérisseur faisait des merveilles. Nous allions de plus en plus vite. J'arrivais maintenant à esquiver neuf coups sur dix. Le dernier réveillait encore les douleurs endormies par le baume. Marcus allait légèrement mieux lui aussi, mais pas en état de se battre. Je me concentrais sur les attaques de mes adversaires et analysais tous les mouvements, les décryptant un par un jusqu’à ce que mon cerveau accède à des automatismes . La journée terminée, chacun rentrait chez lui et mon père vint me voir :

- Rentrons ensemble fiston, sourit-il.

- Non pas ce soir, je vais aller à la forge et demain matin, j'irai voir la couturière.

- Tu es sûr ? Tu as besoin de sommeil, répondit-il avec empressement.

- Ne t’inquiète pas, j’ai eu une idée aujourd’hui. Je dois la mettre à exécution. Je vais aller avec Marcus à l'atelier.

- Très bien Nichols…

Il tourna les talons et au bout de quelques pas il se retourna :

- Nous sommes fiers de toi ta mère et moi, s’enquit-il avec un clin d'œil.

Marcus et moi prîmes la route quand il commença :

- Quelle est cette idée mon garçon ?

- Vous allez voir, je suis sur que vous allez adorer.

Une fois là-bas, j'allumai le feu, je préparai les minerais qu’il me restaient ainsi qu’un morceau de cuir. Marcus en était perplexe. Le bois étant bien rouge vif, je fis fondre les métaux un à un délicatement. Je pris deux grandes planches de bois et y creusai un moule. Je fis couler le liquide en fusion dedans pour former un grand bâton, avec tous les éléments en ma possession il serait quasiment indestructible. Dès que ce fût à point, je le trempai dans l'eau pour le refroidir. Il avait la largeur de deux pouces et était aussi grand que L’Arme Alastor.

- Ha oui, en effet, ton idée me plait bien, sourit mon maître.

- Je vous l'avais dit, avec cette arme, c’est déjà un bon début. Il ne me reste plus qu’à aller voir la couturière.

Je pris mon arme, fraichement forgée, mes morceaux de cuir et partis voir la confectionneuse.

- Bonjour madame, souriais-je en entrant dans l’échoppe.

- Bonjour Nichols, que puis-je pour toi aujourd’hui ?

J'enlevai mon armure et la posai sur le comptoir.

- Voilà, je viens d'élaborer  cette arme, dis-je en la brandissant. Je vous ai ramené un peu de cuir pour me l’attacher dans le dos. Ici et ici, montrais-je du doigt.

- C’est une bonne idée, dit-elle en réfléchissant. Laisses moi quelques instants, je m'y mets de suite.

Elle partit avec mes affaires et commença le travail. Quelques dizaines de minutes passèrent.

- Voilà le travail, s’enjailla-t-elle.

- C’est parfait, répondis-je satisfait. Combien vous dois-je ?

- Non, cette fois c’est pour moi. Ce n'est pas grand-chose, sourit-elle avec bonté.

- Je vous remercie et vous dit à bientôt, continuais-je inclinant la tête poliment.

Je repris mon arme et la glissa dans mes nouvelles encoches. En effet, c’était exactement ce que je voulais. Je prenais maintenant la direction du camp.
Sur place, Marcus était déjà arrivé et discutait avec mon père. Arthur faisait de même avec les deux gardes :

- Nous pouvons commencer, lançais-je les poings sur les hanches.

Mon père et Arthur me regardèrent avec de grands yeux :

- Pas mal ta nouvelle arme, s'enquit Arthur, c’est quand même mieux que le bois. Elle à l'air indestructible.

- En effet, elle est parfaite, dis-je en la sortant de son fourreau.

- Alors, nous pouvons y aller, continua mon père en dégainant son épée.

- Aujourd’hui je n'ai quasiment plus de douleurs, alors allons-y franchement, fis-je avec ma perche à la main dans ma position de combat.

J’avais adopté un style de combat particulier :  mettre ma main dans le dos, légèrement accroupi pour que mon bâton de métal soit derrière moi.
Arthur s’élança en premier, suivi de mon père et ils m'attaquèrent en cœur. Je parai, j'esquivai, je contre-attaquai. De temps à autre, Marcus me lançait une boule de feu, parfois j'essayais de l'esquiver, d'autre fois je réussissai à la rattraper et la relançai au pied de Marcus. Je voyais d'un coin de l'œil qu’il esquissait un sourire de fier en s’apercevant de mes progrès.
Aucun d'eux ne me faisaient de cadeaux aujourd’hui. Les deux gardes étaient déchaînés, je parai leurs attaques. Au moment le plus opportun, je glissai mon arme entre les jambes de l'un d’eux pour le faire trébucher, puis l’assommai gentiment du bout plat de ma perche en plein milieu du front une fois qu’il était par terre. Pour l’autre, chaque attaque avait son contre. Je l'assenai de coups directement dans son armure. Je le voyais faiblir, c’était le moment de l’achever me dis-je sourire en coin. D'un coup pied de côté il tomba et ne se releva pas.
Il ne restait plus que mon père et Arthur. Mon ami commença par lancer une dague que je contrai. puis il se mit à courir. Pour le désorienter, je projetai de petites bulles de feu à ses pieds. Mon piège était efficace, il perdit l’équilibre près de moi, ce qui me permit de lui asséner un coup de genou en plein ventre. Il était dans les capes.
Mon père voulut me mettre un coup du plat de son épée sur la tête, je me penchai légèrement sur la gauche pour qu’elle retombe sur mon épaule droite.

- Très bien, cela suffit pour aujourd’hui, cria mon père en retirant son épée de mes cylindres sur ma demi-sphère métallique. Je suis content Nichols. Tu progresses à une vitesse vertigineuse.

- Tout ceci est grâce a vous tous, les remerciais-je, et surtout à Marcus papa. Je n'aurais pu rêver meilleur maitre que lui. Comment vont tes côtes Arthur ? Dis-je sournoisement.

- Oui, apparemment, elles sont toujours en place. Tu n'y a pas été de main morte tu sais. Mais je suis content que tu progresses grâce à moi aussi, grimaça-t-il de douleur.

- Hé bien, nous reprendrons demain, conclut Marcus en jetant ses béquilles de bois…


Le Maître Des ÉlémentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant