La jeune femme regardait la banlieue parisienne défiler par la fenêtre de ce train qui l'emmenait vers un avenir incertain. Elle se demandait à quoi pouvait bien ressembler Karlentzweiler.
Une ville pauvre, assez vaste, certainement plus sale que les quartiers qu'elle observait de son siège. Des tags colorés sur le bétons gris, comme ceux-ci, déjà disparus sur la gauche, des boitiers de climatisations, pendant aux fenêtres ouvertes, des groupes d'adolescents perdus, tentant tant bien que mal de donner un sens à leur vie. Ces vies, si éloignées de la sienne. Maud eût sommeil, tout à coup, et s'assoupis en lisant les titres de la Une du Canard Enchaîné, dressé devant elle.
*
Karlentzweiler était sale, en effet. C'était un ville de l'Est du Luxembourg. Des blocs d'immeubles gris se succédaient à perte de vue. Des voitures cabossées, dont on se demandait comment elles pouvaient encore rouler, étaient alignées de part et d'autre de la rue principale. Il n'y avait personne, pas un bruit, et ce vide avait quelque chose de sinistre. Les grandes bottes de Maud claquaient sur le goudron et lui donnaient l'impression que tous les habitants de la ville, caché derrière leur rideaux épais, savaient qu'elle venait d'arriver. Elle n'avait plus envie de fumer.
De son portefeuille, Maud sortit une serviette en papier qui portait le nom de la boîte de nuit de la veille et sur laquelle était griffonnée une adresse : « 8 rue Helkerstrasse, Karlentzweiler, Luxembourg ». Il était l'heure de déjeuner mais elle n'avait pas faim.
En suivant l'itinéraire donné par son téléphone, elle arriva devant une rue étroite, fermée par un portail à la peinture écaillée. Elle s'arrêta un instant pour réfléchir à ce qu'elle allait faire. Elle avança lentement sa main vers le métal rouillé et le battant gauche du portail grinça sous la légère pression de ses doigts.
La jeune femme eut un léger mouvement de recul. Elle approcha son œil droit de l'entrebâillement du portail, désormais ouvert de quelques centimètres, et y jeta un coup d'oeil méfiant. Cette rue était semblable à toutes les autres de la ville, mais elle était plus étroite et plus sombre.
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Short StoryAnciennement "J'irai le retrouver" : « Tu ne comprends pas, Emma... - Non, Maud, rétorque-t-elle. Non, je ne comprends pas. Je ne comprends pas pourquoi tu veux à ce point le connaître. Je ne vois pas l'intérêt de chercher quelqu'un qui ne veux pas...