Huit

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Le bruit de l'ouverture de la porte écourta les contemplations de la jeune femme :
- Bonsoir, Mademoiselle Maud. Vous aviez besoin de moi ?
- Oui, en effet, acquiesça-t-elle en expirant élégamment un nuage de fumée opaque. Approchez.

Adella s'avança lentement vers le balcon, en lissant son uniforme gris d'un revers de main. C'était un petite femme un peu ronde, la quarantaine, avec de longs cheveux châtains toujours relevés en haut chignon.

Maud écrasa sa cigarette dans un gros cendrier en métal, déjà débordant de mégots, et concentra l'attention de sa domestique en plongeant son regard perçant dans le sien :
- Adella, commença Maud d'un ton bienveillant, vous m'avez toujours été très dévouée, depuis mon plus jeune âge. Vous étiez toujours très compréhensive, contrairement à ma mère, et m'avez soutenue dans n'importe quelle situation. Je ne vous remercierai jamais assez pour cela.

Adella restait muette, se demandant ce que Maud allait encore lui demander. La jeune femme retourna dans sa chambre, en laissant la porte-fenêtre grande ouverte, et déboucha une bouteille de whisky, à demi entamée, posée sur une commode blanche.

Elle remplit largement un verre et alla s'allonger sur son lit, au centre de la pièce. Un courant d'air glacé s'engouffra dans la chambre tiède et Adella s'empressa d'aller fermer la fenêtre. La lumière n'était pas allumée et le ciel pluvieux faisait flotter une atmosphère étrange dans la pièce obscure.

- Il me faut un train pour Karlentzweiler, au Luxembourg, demain matin, déclara la jeune femme.

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