Vingt-neuf

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Maud avait oublié cette voix si rauque et ces yeux sombres. Le regard de son père devenait de plus en plus insoutenable, mais la jeune femme savait qu'elle devait lui tenir tête. Elle ne voulait pas que tout ses efforts volent en éclats. Elle ne baissait pas les yeux.

La jeune femme jeta d'un geste sec la compresse sur la table et se leva. Elle considéra la pièce quelques instants et s'exclama :
- S'il te plaît, arrête avec ton air étonné et tes questions ridicules. Je sais que tu essaies de gagner du temps. C'est ce que tu as toujours fait. Tu détestes voir les choses en face, cracha Maud. Pourquoi je suis ici ? Je vais te le dire. Ça fait trois ans que j'essaie de te contacter, que je fais tout ce que je peux pour savoir où tu es. Pourquoi es-tu parti ? cria-t-elle alors que sa voix se brisait. Vas-tu même me le dire ? Ça fait bien longtemps que Maman et Emma t'ont oublié. Mais moi ? Moi, je suis là. Je suis venue pour toi à Karlentzweiler et si tu continues avec ces questions stupides, je vais vraiment finir par croire que j'aurais du les écouter !

La voix de Maud résonna sur les murs vides. Sa respiration saccadée troublait le silence pesant :
- Mais répond-moi, Papa ! Regarde-moi ! Ça fait sept putain d'années que tu ne m'as pas vue !

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