Blancheur immaculée

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Jane avait délaissé Luka et le linge pour aller rêvasser dans les dortoirs. Elle pensait aux habitants du bunker... Son esprit vagabonda entre les souvenirs, les disputes, les cris, les rires et les pleurs pour arriver à leur première année au sein du bunker. Ils avaient tous entre six et dix ans et ils étaient surveillés par un adulte, en l'occurrence une mère de famille qui avait perdu son mari et son fils pendant la guerre.

Le jour de son arrivée, elle se sentait perdue. Sa mère était dans un autre camp, et son père qui était noir, avait été renvoyé dans son pays. Elle n avait pas de frères et soeurs et elle s'était senti terriblement seule.

On l'avait amené avec les autres enfants, et la maman, Lucia. Elle se souvient des noms que Bruce Warson avait prononcé pour les envoyer dans le bunker.

"Jake Rideo, Jam Smith, Jeff Rictus, Jane Doe, surveillés par Lucia Hopkins."

Samantha, Ben et Angela étaient arrivés six ans après. Les bunker étaient en ordre alphabétique à l'époque jusqu'à ce que des transferts commencent à avoir lieu. Elle se souvenait des ages de chacuns et de ses premières impressions.

Jake: Il donnait l'impression de sortir de prison. Il avait un regard tellement dur et froid que Jane en avait frissonné à l'époque.

Jeff: En voyant son air perdu, il était tout de suite venu la voire pour la rassurer et devenir ami avec elle.

Lucia: Elle avait l'air triste. Jane avait deviné qu'elle avait dû subir un traumatisme grave.

Jam: Elle avait tout d'abord été intriguée par ses yeux cachés derrière un foulard et surtout par son air calme, comparé aux autres. Il donnait presque l'impression que la situation était normale.

Le temps passa et Jane s'était rapprochés de tous, sauf de Jake qui ne parlait à personne. Il était là, rendait des services mais le faisait bouche fermée et ne se mêlait pas aux moments de joie ou de tristesse. Jeff avait fait de son mieux pour être ami avec un maximum de personnes, Lucia s'occupait bien d'eux et elle, Jane, s'occupait de Jam et des autres comme si c'était leur maman. C'est Lucia qui lui avait fait remarquer son instinct maternel. Probablement parce que Jane n avait jamais eu la chance d'avoir des frères et soeurs.

Puis, Angela et son frère étaient arrivés. Ils firent connaissance et devinrent amis même si le caractère hautain de la blondinette faisait grincer les dents de tous. Elle avait développé des sentiments pour Jake dès son arrivée dans le bunker et du haut de ses douze ans, elle parlait déjà de l'épouser. Elle était à la limite du harcèlement avec ce pauvre Jake, Jeff le défendait et Lucia punissait Angela mais elle continuait. Jusqu'au jour où Jake à craqué et où il s'est mit à pleurer toutes les larmes de son corps. Même si aucun d'eux ne lui était proche, ils avaient tous disputé Angela pour l'avoir fait pleurer. L'avantage c'est que Jake s'est mit à parler. Très peu, de façon très fermée et timidement mais il parlait.

Quelques mois après, Lucia quitta le bunker pour laisser place à Samantha. Jane se souvint du jour de son arrivée. Ils avaient entendu parler d elle, à cause de ses actions auprès des gens du camp. Ils étaient tous fiers de l'avoir dans leur bunker. Le jour de son arrivée, elle était radieuse, elle avait eu la sympathie et la confiance de tout le monde en une soirée. Et surtout, elle était là seule à qui Jake parlait sans filtre. Il avait beaucoup progressé en communication, même si il n'allait jamais dans les détails.

Son esprit alla vers Jam. Depuis quand en était elle amoureuse déjà ? Ah oui...
C'était tout bête. Elle l'avait accompagné en promenade lorsqu'elle avait quinze ans et lui seize. Un orage avait éclaté et Jane lui avait suggéré de rentrer alors il lui avait dit:

"Restons ici. L'orage est une chose magique, c'est comme si l'espace de quelques minutes, notre colère et notre rage, nos pleurs et nos cris sortaient de nous et allaient se noyer entre les éclairs et le tonnerre. Ils se plongent dans les nuages noirs et nous défoulent en fusant à travers le ciel et en grondant tout nos maux."

Jane se souvenait de chaque mot de cette phrase. Elle était tombée amoureuse de lui ce soir là. Cela faisait quatre ans. Quatre ans qu'elle ressentait cette chose qui la rongeait à tout instant. Elle était bien trop timide  pour lui parler de ses sentiments... Peut être qu'il ferai le premier pas un jour... Pensa t'elle.

Jam pensait également à Jane. Il était assis à la fenêtre et il écoutait les bruits dehors. Il soupira.

Quand avait il commencé à ressentir ce genre de chose ? Se demanda t'il. Il se sentait comme si il l'avait toujours aimé. Il réfléchi quelques minutes et trouva finalement. C'était le jour de son anniversaire. A lui.

Elle s'était privé de dessert pendant trois jours pour faire une tartelettes aux pommes avec les pommes et de la pâte à pain qu'elle mangeait pour le dessert.

C'était immonde. Trop cuit, brûlé même. Pas assez de sucre et surtout, une des pommes était pourrie. Mais Jane avait une telle lumière dans sa voix et une telle joie que Jam avait mangé toute la tarte.
Elle lui avait expliqué qu'elle avait fait ça rien que pour lui et qu'elle aurait voulu faire plus.
Elle avait dix ans et lui onze. Elle était tellement adorable. Jam l'avait aimé à ce moment là et l'aimait toujours. Il l'a voulait pour lui seul... Il voulait l'épouser, lui faire un enfant...

Il secoua la tête. Il était parti trop loin. Jane arriva.

"Ne reste pas devant la fenêtre, Jam... Tu va attraper un rhume !

- Mon dieu, Jane... Tu es toujours inquiète pour moi... Tu es la mère que je n'ai jamais eu !

- Alors il est temps d'aller au lit !

- Pourquoi tu t'inquiète autant pour moi ?

- Parce que je... Je tiens à toi... comme à tout les autres."

Elle se mordit la langue. Pourquoi avait elle dit les autres !? Jam sourit.

"C'est gentil... Si on allait se coucher maintenant ? Tu me raccompagne ?"

Elle lui prit le bras et le fit marcher jusqu'à son dortoir. Une fois arrivé, elle l'embrassa sur la joue et partit en courant, rouge comme une tomate.

Quelle idiote... Pensa t'elle. Je suis pire qu'une gamine !

Quel idiot... Pensa t'il. J aurais du l'embrasser... Je suis pire qu'un gamin.


















Bunker 8Où les histoires vivent. Découvrez maintenant