Chapitre 9

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[ Point de vue de Dereck ]

Paul: mais vous êtes ensemble ?
Moi: (rigole) loin de là

Il sourit et je regarde droit devant moi. Heather me plaît et c'est irrévocable mais je m'inclinerai toujours face à cette relation si ça peut me permettre de garder mon meilleur ami. Paul se lève et s'excuse.

Paul: Une fille vient à la maison ce soir, ça t'embêterais de prendre Heather avec toi ?
Moi: à la caserne ?

Il s'appuie contre le mur crépi d'un blanc salit par le temps. Je me lève et rassemble nos détritus.

Moi: ta soeur a besoin de toi, je ne suis pas son frère Paul et je pense que tu peux comprendre mieux que quiconque ce que ça fait de se retrouver seul

Il baisse les yeux et hoche la tête pour me faire signe qu'il a compris mon message. Du moins c'est ce que je pensais avoir compris.

Paul: juste ce soir et je te promets d'être là pour ma soeur

Je rentre.

Moi: c'est pas une promesse qui doit m'être destinée Paul

Je range les verres dans le lave vaisselle et jette nos papiers. Je monte exaspéré par son comportement enfantin. Je franchis le seuil de ma chambre et je lève les yeux. Je tombe d'abord nez à nez avec les draps du lit désordonnés puis mes yeux plongent dans un cliché de polaroïd accroché au mur parmi tant d'autre.

C'était il y a 4 ou 5 ans, pour l'anniversaire de Paul. Sur cette photo deux adolescents de 15 ans sourient à l'objectif en brandissant une petite fille enroulée dans du papier toilette. Les yeux rieurs de Paul ressemblant à ceux de sa sœur montrent toute la joie de cette soirée. Ce soir là, après environ 2 mois de préparation, Paul a été accueilli par une horde de personnes criant « SURPRISE ! ». C'est la mère des deux monstres qui a pris la photo.

La situation n'a pas vraiment changée: on est toujours aussi proches malgré que la complicité des Miller ait pris des vacances en laissant pour remplaçante notre amie dispute. Mes yeux redescendent sur mon lit désordonné par la nuit passée. Je m'y allonge et plonge mon nez dans l'oreiller imbibé de son odeur. Mon lit étant contre le mur de séparation entre sa chambre et la mienne, j'entends ce qu'elle fait. Je regarde l'heure et attrape mon téléphone. Je le déverrouille et tombe directement sur la fiche de contact d'Ella. Mon doigt appuie sur l'icône de message. Je commence à écrire.

Message à Ella:
Re

Nan je vais pas marquer ça on dirait que j'ai 70 ans. J'efface.

Message à Ella:
Salut, c'est le gars sexy avec qui tu as couru ce matin ;)

Ça fait vantard. Mais je ne sais pas quoi écrire. J'appuie sur « envoie » et je regarde le message s'envoyer. Du mouvement dans la pièce d'à côté me sors de mon moment de trans puis un silence s'installe. Des petits coups résonnent sur la porte entre ouverte. Je tourne la tête et je la vois les yeux fixés sur moi.

Heather: tu peux m'amener chez Camille ?

Je la regarde fixement en mode « c'est sérieux ? ». Elle attend sans gêne une réponse.

Moi: attend t'es sérieuse là ? Tu te fous de ma gueule j'espère

Elle souffle et repart dans sa chambre en lâchant un « jamais content ». Je soupire et je descends dans le salon, mon téléphone en main. Plus de traces de Paul. J'allume la télé et je mets la musique. Je dépose la télécommande et mon téléphone sur la table basse. Je me dirige vers le garage en chantonnant la chanson de Beyonce. Ce genre de musique c'est un piège, une fois que c'est rentrer dans votre tête ça ne ressort plus. Je lance une machine après avoir récupéré le linge dans le tambour pour aller l'étendre dans le jardin.

My friend's sister Où les histoires vivent. Découvrez maintenant