15 - Passé

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"Entourée de sang, la neige devient noire.
Elle se repend comme une traînée d'essence
Sur ce corps souillé,
Agacé de trembler.

Au pied d'un immeuble gris, vide de vie, occupé à intermittence.

Mon coeur gît loin du blanc enfantin
Des rires et des bonshommes de neige
Seulement dans des rêves...
Je les vois d'ici, au lointain."

*

La vie est plus belle lorsqu'on à quelque chose à quoi se vouer.

Moi, je ne savais que suivre en hochant bêtement de la tête. Tout ce que je faisais était guidé par cette personne. Cet homme si présent dans mes pensées et pourtant si absent dans la réalité. Me battre et tuer n'étaient plus des soucis. Si ça pouvait lui faire plaisir.

À travers lui, pourrais-je être heureuse? Pourrais-je ressentir quelque chose de différent?

La chaleur d'un être aimé...?

— Impossible. Me dis je en riant amèrement.

En ce temps, j'étais si jeune... À me lamenter en silence de ce que j'avais toujours connu sans même savoir quoi pleurer exactement. J'étais plus perdue que jamais. Mes larmes me collaient à la peau, elles givraient et me brûlaient. Je ne devrais pas pleurer " Seuls les faibles pleurent. " mais j'étais très forte. Aussi forte qu'un adulte.

Plus forte que ces pacificateurs allongés inertes sur la neige. À leurs dépouilles frigorifiées collait ce sang noirci par la nuit.  Ce sang que j'avais toujours connu.

Quel monstre je faisais...

J'avais si froid, ces corps gisant autour de moi ne me procuraient aucune chaleur... Pourquoi les avais-je tué ?  Pourquoi est-ce qu'on ne m'avait apprit aucun autre moyen de me défouler ? 

Pourquoi étais-je celle qui devait être aussi insensible qu'une pierre, moi qui avais maintenant le cœur déchiré en lambeaux... N'étais-je qu'une arme... Un objet ?

Juste...  Pourquoi a-t-il fallu que je naisse ?

Les flocons de neige s'amoncelaient sur le bitume, recouvrant celui-ci d'une fine couche blanche. Je l'observais silencieusement, essayant de sécher ces larmes qui ne cessaient que de m'enfoncer. Mais ces sentiments si longtemps refoulés ne demandaient qu'à s'échapper de mon corps tremblant, je n'avais pas assez de force pour lutter contre moi même.

— Pourquoi tu pleures ?

Je sursautais de surprise et me retournais lentement vers ce murmure. Je ne percevais rien mis à part une silhouette dans le noir.

— Je...ne pleures pas... T'es qui ?

La silhouette se rapprocha et alors je pu la distinguer un peu mieux à la lumière de la lune, sous cet immeuble délabré. Seuls une tignasse rouge sang et des yeux étincelants dans l'obscurité attirèrent mon attention.

Méfiante, j'étais prête à lui sauter dessus à la moindre alerte mais il avançait insouciement, jetant néanmoins un coup d'œil vers les pacificateurs allongés dans la neige avec un haussement de sourcils presque surpris.

— C'est toi qui les as tué ?

j'étirais un rictus amère.

— Je suis un monstre pas vrai ?
— Je ne te connais pas.

Tokyo Ghoul : Next GénérationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant