8 - Seule

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Nous étions en mai, à quelque jours de mon anniversaire. Dans trois jours j'aurai dix huit ans. Dans trois jours, je n'aurai plus à cacher la vérité. je n'aurai plus à mentir sans cesse et je pourrai officiellement révéler à tous qu'il était mort.

Cela faisait cinq ans que mon tuteur avait perdu la vie. Mais je l'avais toujours caché de peur de finir à l'orphelinat, je pouvais très bien vivre seule. c'était pratiquement ce que j'avais toujours fait depuis ma plus tendre enfance.

celui à qui ma mère m'avait confié avant de mourir était la seule personne qui me restait en ce monde. Malgré sa froideur, sa sévérité et le fait qu'il ne m'ai jamais montré la moindre preuve d'amour, il était tout ce que j'avais et quelque part, je tenais à lui. Il m'avait apprit à me battre, il m'avait façonné autant physiquement que psychologiquement, il était l'origine de ce que j'étais et même si j'aurai voulu plus venant de lui, je lui étais reconnaissante de m'avoir élevé pendant treize longues années.

Il n'était jamais à la maison, il voyageait très souvent pour une raison inconnue jusqu'à présent, j'étais habituée à rester seule dans mon coin et ayant grandi dans ce milieu, je pensais cela normal. À mes treize ans, il partit encore une fois en voyage à Osaka. Quelques temps plus tard, après un très long séjour il m'avait appelé, disant qu'il était en route et qu'il serait bientôt de retour. J'étais heureuse, j'avais envie de le voir après tous ces mois, peut-être voudrait-il enfin me dire ce qu'il y faisait chaque années.

Après cet appel d'à peine quelques secondes, je n'avais plus jamais entendu sa voix. Deux jours après son appel, il n'était toujours pas revenu, j'avais beau le rappeler qu'il ne répondait pas, alors j'étais allée à sa recherche, le train était effectivement arrivé mais je ne le trouvais nul part. J'avais passé des jours à fouiller tous les recoins de la ville, en espérant qu'il s'était juste arrêté quelque part, même s'il n'y avait aucun signe de vie, il était encore vivant, part avec des amis sûrement. Il m'avait juste oublié, il avait juste oublié de me prévenir.

Puis j'avais senti une odeur, un soupçon de son odeur mêlée a une autre... Je m'étais alors précipitée vers celle-ci mais tous mes espoirs s'étaient évaporés lorsque j'avais aperçu cette masse informe, dans une ruelle étroite au coeur du treizième. Il n'était plus qu'un cadavre en grande partie dévoré, réduit en charpie. se putréfiant un peu plus dans son sang séché. Ce corps déchiqueté se trouvait allongé dans l'épaisseur de la nuit où je l'avais trouvé, il ne parlait pas, il ne bougeait pas, il était juste là.

J'avais du mal à y croire alors je m'étais approchée pour mieux regarder, j'avais cherché sa carte d'identité sur ce corps massacré. Lorsque je l'avais trouvé, des larmes avaient commencé à couler sans que je ne puisse les contrôler. Tremblante, j'avais laissé tomber la carte et comme une idiote j'avais essayé de le réveiller. Quoi que je fasse, ce bout de viande retombait mollement.

Je l'avais serré dans mes bras en pleurant de tout mon être, il n'avait pas pu mourir ainsi, sans m'avoir dit au-revoir. Il ne pouvait pas m'abandonner seule en ce monde qu'il haïssait tant... ce monde qui l'avait tant fait souffrir, ce monde qui l'avait dégoûté de la vie, ce monde qu'il affrontait chaque jours sans se démonter. Ce monde qu'il ne voulait malgré tout abandonner.

Cette nuit là je l'avais appelé « papa » lui qui détestait que je l'appelle comme ça, je l'avais serré contre moi alors qu'il détestait les preuves d'affection et j'avais pleuré contre lui pendant des heures. Lui qui détestait les pleurnicheuses.

Ensuite je m'étais relevée, traînant ce cadavre avec moi. j'étais allée jusqu'à un espace dispersé d'arbres où je l'avais enterré. Sans plus de cérémonie, je l'avais laissé là et tachée de sang, j'étais rentrée chez nous, j'avais pris une douche et je m'étais couchée.

Tokyo Ghoul : Next GénérationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant